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Eurocorruption, Panzeri ami du Maroc en 2011. Le voyage clandestin chez les Sahraouis

Tags : Moroccogate, Qatargate, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Sahara Occidental, Dakhla, Eva Kaili, Qatar, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice,

L’ancien député européen Antonio Panzeri et l’actuel ambassadeur du Maroc à Varsovie Abderrahim Atmoun sur une photo publiée sur la page Facebook de l’ambassade du Maroc en Pologne le 4 mars 2017L’ancien député européen Antonio Panzeri et l’actuel ambassadeur du Maroc à Varsovie Abderrahim Atmoun sur une photo publiée sur la page Facebook de l’ambassade du Maroc en Pologne le 4 mars 2017 (ansa).

Il y a onze ans, le député européen de l’époque était déjà considéré par Rabat comme un homme de confiance, qu’il fallait envoyer en voyage en territoire “ennemi”, au siège du gouvernement sahraoui en exil, pour qu’il apparaisse au-dessus des partis…
Un homme choisi par le Maroc depuis 2011 pour défendre les intérêts de Rabat, et en vertu de son apparence d’être “un interlocuteur crédible pour toutes les parties”. Certains câbles publiés par un pirate informatique qui se fait appeler Chris Coleman jettent davantage de lumière sur le rôle d’Antonio Panzeri, l’ancien député européen du PD et de l’Article Un, notamment dans l’un des dossiers historiquement les plus chers au Maroc, le Sahara occidental, une région aspirant à l’autodétermination sous la direction du Front Polisario et avec le soutien de l’Algérie.

En effet, les câbles ” Maroc Leaks ” révèlent les coulisses d’une visite de Panzeri en 2011 à Tindouf, une ville algérienne proche de la région marocaine en question et surtout le siège du gouvernement en exil de la République arabe sahraouie démocratique, proclamée par le Polisario en 1976. Un voyage qui aurait dû inquiéter Rabat sur le plan politique, car il aurait pu signifier le soutien de celui qui était alors président de la délégation maghrébine au Parlement européen aux revendications du Front Polisario. Au lieu de cela, elle a été approuvée et gérée par Rabat en accord avec Panzeri.

Le voyage de 2011 en Algérie

Nous sommes en octobre 2011, et les deux parties sont donc déjà en contact pour promouvoir l’image du Maroc. Une note de la Mission marocaine auprès de l’UE explique à Rabat qu’un de ses représentants a eu une conversation informelle avec le conseiller de Panzeri, précisément pour préparer la visite du député européen au Maghreb, prévue quinze jours plus tard.

Les autorités marocaines expliquent que l’arrêt à Tindouf est “indispensable pour consolider la crédibilité de Panzeri auprès de l’Algérie et du Polisario, étant donné qu’il est accusé d’être pro-marocain”, et que le fait qu’il soit ainsi perçu “n’est pas dans l’intérêt du Maroc”. Panzeri peut être “un allié puissant ou un adversaire terrible” et il est crucial de l’avoir à ses côtés. En janvier 2013, cependant, un câble de cette même mission le décrit comme un ” ami proche du Maroc ” et l’oppose ouvertement à son collègue britannique Charles Tannock, ” connu pour ses positions pro-polonaises “.

Le pacte secret de 2019

En 2019, alors qu’il n’a pas été réélu, Panzeri, selon les confessions de son ancien assistant Francesco Giorgi, a ensuite conclu un pacte secret avec les services secrets extérieurs du Maroc, la Dged, par l’intermédiaire du diplomate Abderrahim Atmoun, lui-même sous les ordres d’un autre homme, “un type dangereux”, Mohamed Belharace, agent secret de la Dged.

La Repubblica, 17/12/2022

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