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Pots-de-vin : pas seulement de l’argent, dans le pacte, mais aussi des paquets de votes
Les cartes – Nouvelle piste dans le rapport de renseignement : « Le soutien électoral a été orchestré par les autorités marocaines ».
Il n’y avait pas que les pots-de-vin qui étaient en jeu. L’équipe accusée d’avoir mis en place le système de corruption au cœur de Bruxelles travaillait également à l’obtention de votes. C’est ce qu’affirment les analystes du Vsse, les services secrets belges qui ont lancé l’enquête sur les pots-de-vin versés par le Qatar et le Maroc pour influencer les décisions de l’Europarlement. « Le groupe travaille en échange d’un soutien électoral orchestré par les autorités marocaines et de sommes d’argent considérables (au total plusieurs millions d’euros) versées clandestinement, en espèces, par le Maroc et le Qatar », peut-on lire dans le rapport du 007. Après les premiers aveux de Pier Antonio Panzeri, considéré comme le principal architecte du système avec son assistant Francesco Giorgi et l’eurodéputé Pd Andrea Cozzolino (jusqu’à présent non mis en examen, il a demandé à être entendu par les enquêteurs), une nouvelle pièce s’ajoute au présumé argent de corruption qui secoue les institutions européennes.
Les détails peuvent être contenus dans certaines conversations interceptées par les enquêteurs. Par exemple, celui du 3 octobre à 14h51. Panzeri est au téléphone avec Giorgi et, dans un premier temps, il dit avoir compris pourquoi le député européen Marc Tarabella a des difficultés à se rendre au Qatar pour la Coupe du monde. J’ai découvert que Paul Magnette a interdit à tous les députés de s’y rendre pendant la période de la Coupe du monde », dit-il. Magnette n’est pas n’importe quel homme politique : il est bourgmestre de Charleroi et président des socialistes de Belgique, donc chef du parti de Tarabella. À la veille de la Coupe du monde, M. Magnette a déclaré qu’aucun homme politique, « par décence », ne devait être vu dans les stades de Doha. En Belgique, en effet, la décision d’assister à la Coupe du monde au Qatar a donné lieu à un véritable débat politique : la crainte était de légitimer un pays qui présente encore de graves lacunes en termes de sauvegarde des droits de l’homme et, surtout, des droits des travailleurs. C’est pourquoi la déclaration du leader des socialistes belges met Tarabella dans une position difficile et crée également quelques problèmes pour l’équipe de Panzeri. Dans l’interception, en fait, on peut entendre que l’ancien député PD est nerveux. Il le dit au téléphone à son collaborateur : « Vous comprenez ? ». Giorgi, le 007 écrit, éclate de rire : « Incroyable ». Une interdiction, celle des politiciens se rendant à Doha, qui risque de ruiner les plans du réseau.
À tel point que Panzeri, qui est habituellement très prudent lorsqu’il s’agit de conversations inacceptables, en parle également peu après avec Maria Arena. Toujours au téléphone. Il est 18h31 et c’est la députée européenne qui évoque l’ultimatum de Magnette : « Maintenant, je veux voir ce que fait Marc », s’aventure-t-elle. Panzeri intervient alors avec ce qui ressemble tout à fait à un avertissement : « Marc devra rester du côté des supporters si vous voulez les votes ». « Oui ? » répond Arena. Panzeri revient à la charge : « Parce que la Belgique est au Qatar ». Une phrase énigmatique que l’eurodéputée belge semble pourtant immédiatement signifier : » Oui, je le sais « , dit-elle. Mais que veut dire Panzeri lorsqu’il affirme que « la Belgique est au Qatar » ? C’est l’une des questions au centre de l’enquête du juge Michel Claise. Les enquêteurs affirment que Panzeri a été soudoyé par des Qataris avec de l’argent liquide, tandis que le « soutien électoral » a été orchestré « par les autorités marocaines ». Et en effet, 556 000 Marocains vivent en Belgique : plus de la moitié d’entre eux (333 000) se trouvent dans la circonscription de Tarabella, député européen depuis 2004. De l’enquête, il ressort que le Belge est l’un des hommes politiques les plus proches de Panzeri. Dans ses interrogatoires, l’ancien député européen italien a toutefois rejeté une partie de la responsabilité sur Tarabella lui-même. Il est allé au Qatar, a-t-il affirmé.
Pendant ce temps, au sein des socialistes européens, l’épreuve de force a commencé : le groupe a suspendu l’un de ses hauts responsables pour « faute grave » et l’a dénoncé aux enquêteurs. D’après les fuites, c’est Eldar Mamedov, le Letton considéré comme « proche de l’Iran », qui fait partie des responsables du dossier de Doha. C’est Mamedov qui a échangé des high five avec Giorgi, après l’approbation de la libéralisation des visas du Qatar. Et c’est aussi lui, selon l’assistant parlementaire, qui a reçu de Doha des billets gratuits pour la Coupe du monde.
Source . Marocleaks
Il Fattoquotidiano via Marocleaks 22/12/2022
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