UE : Le Sahara Occidental, victime des ripoux

Tags : Eva Kaili, Maddalena Kaili, Moroccogate, Qatargate, Maroc, DGED, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice, corruption,

Les scandales continuent d’éclabousser le Maroc et son Makhzen.

Après l’affaire du logiciel espion, Pegasus, et les révélations sur le piratage de milliers de lignes de téléphone de responsables, voilà que dans le sillage de l’enquête sur l’affaire des pots de vin versés par le Qatar à des responsables de l’Union européenne, l’implication des services marocains est dûment établie. L’enquête a révélé que des Eurodéputés ont reçu de grosses sommes d’argent pour défendre la cause du Maroc et son occupation du Sahara occidental, auprès des différentes commissions de l’Union européenne. Partant du principe de la mafia italienne qui dit « que nul n’est incorruptible, il suffit seulement de mettre le prix », les responsables de la Direction générale des études et de la documentation (DGED,  services secrets marocains), ont versé des sommes d’argent pour acheter le soutien de certains eurodéputés et financer des opérations de lobbying pour la thèse de la marocanité des territoires sahraouis occupés.

L’enquête lancée par la police belge révèle l’existence d’un réseau de corruption organisé entre le Maroc et plusieurs eurodéputés. C’est sur la base  des déclarations du compagnon d’Eva Kaili, vice-présidente déchue du Parlement européen, Francesco Giorgi, que les limiers ont orienté leurs investigations. Selon les  médias « Le Soir (Belgique) » et ‘La Repubblica (Italie) », il aurait non seulement reconnu les faits de corruption en lien avec  le Maroc. Francesco Giorgi est plus que le compagnon d’Eva Kaili. Il a également été pendant plusieurs années l’assistant parlementaire du très influent Pier-Antonio Panzeri, un ex-eurodéputé socialiste italien actuellement en prison pour son implication dans le QatarGate et qui semble le principal maillon de ce réseau de corruption.

Dans ses aveux Francesco Giorgi, a affirmé que  Pier-Antonio Panzeri, alors eurodéputé, aurait tenté d’influencer les politiques européennes concernant le Sahara occidental, un territoire que  le Maroc occupe depuis 1975 et sur les flux de migrants. Ses révélations sont soutenues par une note datée de 2011 et rendue publique par certains médias européens. Dans ce document, l’ambassadeur du Maroc évoquait le cas du Sahara occidental, au cœur des préoccupations du Parlement à l’époque. « Le meilleur moyen de gérer cette pression est de la canaliser par le biais d’Antonio Panzeri. Sur cette question, Antonio Panzeri a entamé un travail méthodique depuis son élection à la tête de la délégation du Maghreb », notait l’ambassadeur.

Depuis son échec pour sa réélection et son départ du Parlement en 2019, c’est par le biais de l’ONG Fight Impunity (Combattre l’impunité), qu’il a cofondée, que  Panzeri avait  continué son travail de lobbying moyennant de l’argent reçu du Maroc, affirme, pour sa part, le journal ‘Le Monde », qui s’est procuré quelques éléments de l’enquête menée en Belgique. L’argent sale transitait  par un intermédiaire, Abderrahim Atmoun, actuel ambassadeur du Maroc en Pologne. Ce dernier était également co-président, avec Pier-Antonio Panzeri, de la commission mixte Maroc-UE entre 2011 et 2019. C’est aussi grâce à lui que l’eurodéputé a passé un marché avec la DGED, les services secrets marocains, en 2019, a ajouté Le Monde. Ces révélations sont appuyées par la demande d’extradition de l’épouse et de la fille de Panzeri établie par la justice belge. Le document consulté par le périodique « Politico », une synthèse d’écoutes téléphoniques, affirme que les deux femmes étaient au courant des activités de Panzeri  et participaient même aux transports des cadeaux  faits par le diplomate à partir de fonds octroyés par le Maroc.

Pier-Antonio Panzeri ne serait pas le seul à avoir reçu de l’argent du Maroc. Toujours d’après les révélations de Francesco Giorgi, l’Italien Andrea Cozzolino (membre de la délégation parlementaire pour les relations avec les pays du Maghreb) et le Belge Marc Tarabella (membre de la délégation pour les relations avec la Péninsule arabique) auraient des liens douteux avec Rabat.

Finalement, la lumière commence à filtrer et la vérité sur certaines résolutions douteuses de l’UE, concernant le dossier du Sahara occidental, commence à apparaître. L’argent sale a corrompu cette instance trans-europeenne qui s’est vu, parfois, voter des lois légalisant un état de fait établi dans l’occupation du Sahara occidental par le Maroc. L’exemple des accords de pêche UE- Maroc, pourtant rendu caducs par la cour européenne, mais défendus par certains eurodéputés, est le plus frappant.

Le Makhzen commence à se brûler les doigts et il pourrait le payer cher dans les prochains jours quand les commissions chargées d’enquêter sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus vont commencer à rendre leurs conclusions. Le gouvernement espagnol, dont le chef et son ministre de la défense ont vu leurs téléphones piratés, sera bientôt entendu par des députés. Il faut rappeler dans ce cadre qu’au moment fort de la crise entre Rabat et Madrid après la tentative de milliers de marocains d’entrer clandestinement dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, qu’un journal de Madrid avait révélé que les services marocains avaient « pompé » des milliers de fichiers et de photos du téléphone du premier ministre Pedro Sanchez. L’opinion publique espagnole, qui n’arrive toujours pas à comprendre les raisons qui l’ont conduit à se délier de la responsabilité de l’Espagne dans le statut de territoire occupé du Sahara occidental, craint que les services étrangers, marocains, auraient eu accès à des informations sensibles, touchant la sécurité du pays ou compromettantes pour des personnalités politiques du pays.

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