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Le Sahara occidental derrière la corruption des eurodéputés

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Alignement aux thèses du Maroc sur le Sahara occidental : La corruption des eurodéputés comme ligne de conduite

PAR NAZIM BRAHIMI

Le Parlement européen traverse un sale moment à la suite de forts soupçons de corruption de ses députés en lien avec le Maroc, qui aurait versé des pots-de-vin pour aligner des eurodéputés sur la position de Rabat sur la question du Sahara Occidental.

Après les révélations de l’affaire de soupçons de corruption entre des députés européens et le Qatar, c’est au tour du Maroc de se révéler impliqué dans des scandales de corruption mettant en jeu l’image du Parlement européen, dont les affaires de corruption semblent s’accumuler.

A ce jour, cinq eurodéputés sont mis en examen et trois ont été écroués, dont la vice-présidente grecque, Eva Kaili. Parmi ces personnes, il y a une autre figure, l’Italien Antonio Panzeri, eurodéputé jusqu’en 2019 et co-fondateur peu après de Flight Impunity, une ONG qui vise à «promouvoir la lutte contre l’impunité en cas de violations graves des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité». Lors de son interpellation dans le cadre du «QatarGate», les enquêteurs vont découvrir à son domicile plus de 700 000 euros en petites coupures.

Pour sa part, l’ancien eurodéputé français, José Bové, a révélé dans le cadre du scandale de corruption au Parlement européen, s’être vu proposer des pots-de-vin par Aziz Akhannouch, ancien ministre marocain de l’Agriculture, actuellement Premier ministre.

En liaison avec les pots-de-vin proposés par le responsable marocain, l’accord de libre échange sur les fruits et légumes entre l’UE et Rabat.

L’aveu de José Bové vient manifestement enfoncer le Maroc, déjà impliqué dans un retentissant scandale de corruption au sein du Parlement européen, à la suite d’une enquête déclenchée par le Parquet fédéral belge qui a mis en cause une quinzaine de députés européens dont certains ont avoué avoir fait partie d’une organisation utilisée par les services secrets de Rabat.

José Bové, alors rapporteur de la Commission du commerce extérieure (2009-2014) chargé du dossier sur l’accord de libre échange sur les fruits et légumes avec le Maroc, a expliqué à la radio France Inter, qu’en raison de son opposition à l’égard de cet accord «nuisible à la fois pour les producteurs marocains et producteurs européens», il a été approché par Aziz Akhannouch pour le soudoyer.

«Le ministre marocain de l’Agriculture, aujourd’hui Premier ministre, avait le soutien de ce club privé de députés (corrompus) qui regroupait toutes les tendances politiques du Parlement européen. Ne supportant pas que je puisse m’opposer à ce projet, il a proposé de me ramener un cadeau à Montpellier dans un café qui soit discret», a témoigné vendredi José Bové en direct sur les ondes de France Inter. «Il m’a demandé une adresse à lui fournir. Deux heures plus tard, il me rappelle, me disant ne voir aucun café ni restaurant dans cette adresse. C’était en fait celle de mon avocat», a-t-il ajouté. Interrogé s’il s’agissait d’argent qu’on lui avait proposé, il a répondu : «Qu’est-ce que vous voulez que ce soit d’autre, ce n’était pas une théière pour boire du thé, c’est clair que c’était cela.»

Ainsi, la saga du «Maroc Gate» est désormais «une certitude, tant les éléments qui fuitent de l’instruction menée par le juge belge Michel Claise désignent le royaume chérifien comme l’un des acteurs clés de ce dossier», rapportait samedi le quotidien français Le Monde sur son site, après l’arrestation d’une des vice-présidentes du Parlement, la Grecque Eva Kaili dont le compagnon Francesco Giorgi a avoué, jeudi, aux enquêteurs belges avoir fait partie d’une organisation utilisée par le Maroc «dans le but d’interférer et d’influencer les affaires européennes».

Le même journal a ajouté qu’Antonio Panzeri aurait reçu de l’argent en provenance du Maroc, par l’intermédiaire d’un diplomate, Abderrahim Atmoun, actuel ambassadeur en Pologne, relevant que les deux hommes ont co-présidé la commission mixte Maroc-Union européenne (UE) et été photographiés ensemble à plusieurs reprises, lors de rencontres à Bruxelles et Rabat.

De leur côté, les médias belges Knack et Le Soir se sont intéressés eux aussi à cette affaire, en soulignant que c’est par l’intermédiaire d’Atmoun que Panzeri aurait noué, en 2019, «un pacte secret» avec la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service de renseignement extérieur du Maroc.

Selon des documents plus anciens et confidentiels de la mission marocaine auprès de l’UE, diffusés par un pirate informatique en 2014 et 2015, Panzeri est présenté comme celui qui sera capable de défendre le prétendu principe de «la souveraineté» du Maroc sur le Sahara occidental occupé.

Selon les mêmes médias, Panzeri a été «allié de poids» et «ami proche» du Maroc, susceptible notamment de «contrecarrer l’activisme croissant de (ses) adversaires au sein du Parlement» et pendant des années, l’eurodéputé italien a défendu les intérêts marocains sur la scène européenne.

Pour l’ancienne eurodéputée portugaise, Ana Gomes, «l’engagement d’Antonio Panzeri à défendre le point de vue du Maroc, à contrer la campagne pour les droits de l’Homme l’a fait suspecter qu’il y avait un lien très fort avec le Maroc».

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