Le Marocgate secoue le Parlement européen

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Le premier ministre et les services de renseignement marocains alimentaient activement les réseaux de corruption : Le « Maroc Gate » secoue le Parlement européen

Le scandale de corruption qui a éclaboussé le Parlement européen que les médias hexagonaux nomment « Qatar Gate » est en train de tourner au « Maroc Gate » au regard de l’ampleur de la corruption et des réseaux liés mis en place par le Makhzen pour soudoyer les parlementaires européens et acheter leur appui sur divers dossiers, notamment ceux liés au Sahara occident, la gestion de la question migratoire et les droits de l’Homme au Maroc. Des réseaux qui impliquent non seulement des diplomates, mais aussi les services de renseignement marocains. Plus grave encore, aujourd’hui c’est le premier ministre marocain, Abdelaziz Akhanouche qui est cité nommément par l’euro-député français altermondialiste José Bové et lequel indique avoir été approché dans une tentative de corruption. Il est vrai que l’enquête sur le scandale de corruption au Parlement européen a pris une toute autre tournure depuis mercredi.

L’enquête belge sur les réseaux de la corruption au Parlement européen a pris une nouvelle direction, celle du Maroc. Après la vice-présidente du PE Eva Kaili, l’enquête s’est orientée vers l’ancien eurodéputé italien qui présidait la sous-commission des droits de l’Homme au Parlement européen, Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé italien, a été placé en détention vendredi, après la découverte de 700 000 euros en liasses de billets à son domicile bruxellois. Pier Antonio Panzeri est soupçonné d’avoir été recruté par les services secrets marocains. Son ex-assistant Francesco Giorgi, compagnon d’Eva Kaili, l’ex-vice présidente du Parlement également impliquée, et Niccolo Figa-Talamanca, secrétaire général de l’ONG No peace without justice (NPWJ) ont ausi été écroués. Ils sont accusés d’avoir participé à l’opération orchestrée par Pier Antonio Panzeri.Francesco Giorgi est d’ailleurs passé aux aveux vendredi. Celui-ci a ainsi expliqué, indiqué BFMTV qu’une bonne partie des 700.000 euros retrouvés par les enquêteurs belges proviendrait du Maroc.

Aussi et selon le journal belge « Le soir », dans ses aveux, Francesco Giorgi reconnaît que son rôle dans « l’organisation » était de gérer l’argent liquide. Et ses aveux ne s’arrêtent pas là : il soupçonne deux personnes d’avoir touché de l’argent via l’ancien eurodéputé socialiste Pier-Antonio Panzeri, en l’occurrence l’eurodéputé italien (groupe S&D) Andrea Cozzolino et le Belge Marc Tarabella.Et d’après les documents que Le Soir et La Repubblica ont pu consulter, Antonio Panzeri, Andrea Cozzolino et l’assistant Francesco Giorgi auraient été en contact avec la DGED (Direction générale des études et de la documentation, un service de renseignement et de contre-espionnage au Maroc) et avec Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc en Pologne.Outre ce dernier, deux agents du service de renseignement marocain sont cités dans ces documents, d’après la même source.

Un réseau qui s’affairait à défendre, entre autres, l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc. Ainsi, selon BFM TV qui cite une note confidentielle datée de 2011, l’ambassadeur du Maroc évoque la question du Sahara occidental. Ce territoire occupé illégalement par Rabat serait l’objet d’une « forte demande du Parlement européen ». »Sur cette question, Antonio Panzeri a entamé un travail méthodique depuis son élection à la tête de la délégation du Maghreb », assure l’ambassadeur.Pendant une dizaine d’années, l’eurodéputé continue ensuite à défendre régulièrement les intérêts du Maroc au sein de l’institution européenne.

Akhanouche au cœur du scandale

Au-delà des éléments de l’enquête, ce sont les témoignages des eurodéputés qui enfonce le régime marocain dont l’implication directe est aujourd’hui démontrée. C’est le cas de José Bové qui a directement pointé du doigt l’actuel premier ministre marocain, Abdelaziz Akhanouche. Dans un entretien à la chaine France Inter, l’ancien euro-député explique avoir été victime d’une tentative de corruption

« En tant que rapporteur sur l’accord de libre-échange sur les fruits et légumes avec le Maroc, je m’étais opposé à ce projet parce qu’il était nuisible pour les producteurs marocains et européens », se souvient l’ancien eurodéputé écologiste. Il assure que le ministre marocain de l’Agriculture de l’époque, Aziz Akhannouch, « aujourd’hui Premier ministre » ne « supportait pas » son opposition. »Il m’a proposé de m’amener un cadeau à Montpellier, dans un café discret, et qu’on se rencontre entre Noël et le premier de l’An », affirme José Bové. À la question de savoir si ce cadeau était de l’argent, José Bové ironise : « Ce n’était pas une théière, c’est clair, c’était ça ». L’ancien eurodéputé précise que lors de cette conversation, il a fourni « une adresse » au ministre, « celle de [son] avocate ». « Ça s’est arrêté », ajoute-t-il.

Pour sa part, Ana Gomes, une ancienne eurodéputée portugaise, affirme avoir été directement témoin de ces pratiques. Dans une déclaration à BFM TV la parlementaire a indiqué que « l’engagement de M. Panzieri à défendre le point de vue du Maroc, à contrer la campagne pour les droits de l’Homme (…) m’a fait suspecter qu’il y avait un lien très fort avec le Maroc ».Mis à part Antonio Panzieri, d’autres eurodéputés ont entretenu des rapports étroits avec le Maroc. L’un d’entre eux est français, il s’agit de Gilles Pargneaux, eurodéputé socialiste jusqu’en 2019.Président du groupe d’amitié UE-Maroc, il a multiplié les voyages payés par le Maroc, auxquels il invitait d’autres députés. Sur son compte Facebook, des clichés montrent le député recevoir des cadeaux. »C’était vraiment gênant, parce qu’il n’avait pas honte de se présenter au sein du Parlement comme conseiller de Sa Majesté le roi (du Maroc) », alors qu’il était eurodéputé français, indique Ana Gomes. « Tout le temps, il défendait les positions du Maroc », ajoute-t-elle.

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