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L’ENQUÊTE S’INTÉRESSE FORTEMENT À MARIA ARENA ET À L’UNE DE SES COLLÈGUES
Le quotidien online « Politico » annonçait il y a deux jours que les noms de deux parlementaires européennes, la Belge Maria Arena (PS) et l’Italienne Alessandra Moretti apparaissaient dans le mandat d’arrêt émis, le 10 février, par le juge d’instruction Michel Claise à l’encontre de l’eurodéputé Andrea Cozzolino, dont l’immunité avait été levée en même temps que celle de Marc Tarabella. Andrea Cozzolino se trouve actuellement en Italie. Pour le juge belge, Maria Arena appartenait à « un quatuor » (Tarabella, Cozzolino, Arena et Moretti) aux ordres de Pier Antonio Panzeri.
Selon Politico (qui a pu prendre connaissance du mandat d’arrêt), les députées européennes Maria Arena et Alessandra Moretti, auraient, par exemple « agi sur les instructions de Panzeri » lors d’une réunion sur une éventuelle résolution du Parlement européen sur le Qatar, fin 2021. Les instructions de Panzeri auraient été relayées par un de ses anciens assistants (toujours présent au Parlement), Giuseppe Meroni, après la réunion, Maria Arena et Francesco Giorgi (ancien assistant parlementaire de Panzeri, son lieutenant à la tête de la centrale de corruption et le compagnon de la vice-présidente Eva Kaili) lui auraient fait un rapport circonstancié.
A ce jour, Mme Arena n’a pas réagi aux informations de Politico, Mme Moretti, elle, affirme n’avoir « jamais suivi les instructions de M. Panzeri dans mon activité politique, aucune résolution n’a été discutée en décembre 2021 ». Mais, de son côté, Giuseppe Meroni, ancien assistant parlementaire de Antonio Pier Panzeri, lui, évoque « une activité politique parlementaire régulière ».
Une source proche du dossier nous a confirmé toutes les informations révélées par « Politico », en ajoutant : « A ce stade Mme Arena nous intéresse énormément, mais il reste encore beaucoup de travail pour déterminer son rôle exact…. ».
Marie Arena évoquée dès le début du dossier
Le nom de l’eurodéputée socialiste belge, Marie Arena, était apparu dès le début de l’enquête mais, contrairement à Tarabella et Cozzolino, aucune demande de levée de son immunité n’a (encore ?) été introduite. Toutefois, l’eurodéputée a décidé de faire un pas de côté et a démissionné « définitivement » de la présidence de la commission DROI (Droits de l’Homme) du Parlement européen, instance qui a joué un rôle fondamental dans l’opération de relations publiques et de « blanchiment » du Qatar menée par Panzeri et son groupe. Au moment de sa démission, la Belge Marie Arena avait déclaré n’avoir rien à se reprocher, mais elle s’est faite, depuis lors, extrêmement discrète.
« Au moins deux éléments précis nous intéressent dans le chef de Mme Arena », poursuit notre interlocuteur : « tout d’abord, il y a ce voyage au Qatar en mai 2022, qu’elle avait « oublié » de déclarer, un voyage dont tous les frais avaient été payés par Doha. Et puis, bien entendu et surtout, il y a les 400 conversations téléphoniques ou échanges de messages entre Arena et Panzeri sur une année… ».
Pour justifier la fréquence de ces contacts avec Panzeri, Mme Arena évoque leur amitié et le fait qu’il l’avait précédée à la tête de la commission DROI (il pouvait donc la conseiller). « C’est sa version », souligne-t-on au sein de la cellule d’enquête. « C’est possible, mais quand même, environ 400 messages en 365 jours, c’est presque le rythme d’une relation amoureuse. Soyons sérieux, Mme Arena a été ministre régionale, ministre fédérale, ministre-Présidente de la Communauté française et elle est parlementaire européenne depuis plus de huit ans et demi. C’est donc une femme politique extrêmement expérimentée. Dès lors, avait-elle vraiment besoin des conseils de Panzeri au point d’échanger avec lui des centaines de fois en douze mois ? Il y a de quoi être un peu dubitatif… ».
Toujours présumée innocente
A noter à nouveau qu’à ce stade, Maria Arena n’a fait l’objet d’aucune demande de levée de son immunité et qu’on est donc encore loin d’une éventuelle inculpation (qui ne vaudrait d’ailleurs pas culpabilité…) et sans laquelle il est impossible de l’interroger ou de se livrer à d’autres devoirs d’enquête tels que des perquisitions, mais il est clair qu’elle intéresse de plus en plus les enquêteurs. Ceux-ci ayant intercepté, pendant des mois, les conversations de Panzeri et de plusieurs de ses associés, doivent avoir une vue asse claire du rôle qu’elle a joué (ou pas) dans les manœuvres corruptives de Panzeri and Co.
Le fait que son nom soit mentionné, dans les termes cités ci-dessus, dans le mandat d’arrêt de concernant Cozzolino pourrait d’ailleurs indiquer que le juge Claise a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Mais il faudra attendre la fin de la procédure concernant la demande de récusation de Michel Claise pour que de nouvelles étapes soient, éventuellement, franchies. Tant qu’une décision n’a pas été prise sur cette demande (ce qui devrait demander une quinzaine de jours), le juge est en effet écarté du dossier.
Source : LPost
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