Emmanuel Macron peut-il en finir avec la « Françafrique » ?

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Le président français a proclamé, jeudi 2 mars, depuis le Gabon, la fin de la « Françafrique ». Peut-on vraiment y croire ? On peut accorder plusieurs choses à Emmanuel Macron sur la question africaine.

La fin de la « Françafrique ». En visite en Afrique, Emmanuel Macron tente de convaincre ses homologues africains que les intentions de Paris ont bel et bien changé. Non sans difficulté. Pour autant, quelques mesures sont à mettre au crédit du président français.

C’est lui qui est allé à Kigali et a prononcé un discours pour reconnaître les responsabilités de la France dans le génocide rwandais. C’est lui, aussi, qui a tenté de monter ces commissions d’historiens entre la France et l’Algérie et qui a décidé d’ouvrir les archives sur les exactions de la France au Cameroun. C’est lui, enfin, qui a commencé à restituer des œuvres d’art, au Bénin par exemple, et qui vient d’annoncer une loi pour continuer le mouvement.


Sur tous ces sujets, dans les mots et dans les actes, oui le président français a fait plus que ces prédécesseurs. Et pourtant. On a l’impression que les tensions n’ont jamais été aussi brûlantes entre Paris et de nombreux pays africains.

Le Maroc vient de dire que les relations avec la France n’étaient « ni bonnes, ni amicales. En cause, des embrouilles sur la délivrance de visas et sur d’autres dossiers régionaux. Depuis le 2 mars, l’Algérie, qui a déjà rappelé son ambassadeur à Paris, ne délivre plus les laissez-passer consulaires qui sont nécessaires pour accueillir des ressortissants expulsés de France.

Au Mali et au Burkina Faso, nos militaires ont dû partir, les autorités locales, arrosées par les Russes, y alimentent le sentiment anti-français. D’ailleurs, dans tout le Sahel, le président a confirmé qu’on allait voir beaucoup moins d’uniformes tricolores.

La France, « un interlocuteur neutre » ?

Qu’est-ce qui ne va pas dans la méthode Macron avec l’Afrique ? Emmanuel Macron a eu un tort. Il a cru qu’être né après la période coloniale de la France l’exonèrerait de certaines rancœurs, de certaines blessures.

En 2017, dans un bain de foule à Alger, il avait remis à sa place un jeune homme en lui disant : « Vous n’avez jamais connu la colonisation (…) qu’est-ce que vous venez m’embrouiller avec ça ? ». Il était sincère, mais il a vu que ça ne suffirait pas. Six ans plus tard, la France en Afrique est toujours coincée entre ces rancunes du passé, et la nouvelle donne géopolitique mondiale, avec une concurrence économique forte, concurrence avec nos voisins comme l’Allemagne mais aussi maintenant avec la Chine.

Dire que « l’âge de la Françafrique est révolu », ou que la France est devenue « un interlocuteur neutre » sur le continent comme l’a fait, jeudi 2 mars, Emmanuel Macron, cela tient toujours du souhait. Le seul fait de devoir encore le formuler montre que ce n’est pas la réalité.

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