Algérie-UE : la difficile mission de Josep Borrell

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La délégation conduite par M.Borrell espère convaincre ses homologues algériens de renforcer la relation dans les énergies durables, sans toucher à l’accord d’association, actuellement largement défavorable à l’Algérie. Ce ne sera pas facile, voire impossible, estiment de nombreux observateurs qui retiennent les critiques qu’adresse l’Algérie aux résultats de cet accord.

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, est arrivé, hier, en fin d’après-midi à Alger. Le diplomate européen effectue une visite de deux jours en Algérie, porteur sans doute de propositions et attendant de la part d’Alger une posture compréhensive à même de faire avancer le dialogue sur nombre de questions, aujourd’hui, en suspens à l’image du nécessaire amendement de l’Accord d’association Algérie-UE. A ce propos, la partie européenne demeure inflexible et refuse de négocier le fond du problème et estime que seule la mise en œuvre peut faire l’objet d’ajustement pour une meilleure efficacité. Alger n’est pas de cette avis et préconise de nouveaux mécanismes à introduire dans l’accord pour ouvrir le marché européen aux produits algériens. La mésentente sur ce volet des relations UE-Algérie est totale. Josep Borrell qui est venu à Alger avec l’idée fixe de ne rien changer à l’accord d’association devra faire l’effort d’une meilleure écoute s’il aspire vraiment à la réussite de sa mission.

Pour centrale qu’elle est, la question économique n’est pas le seul article dans le couffin du diplomate. Il y a aussi la question de l’approvisionnement de l’Europe en énergie propre, avec la perspective d’une économie décarbonée à l’horizon 2035. Un engagement européen qui peut garantir à l’Algérie un apport en fonds et en technologie dans le secteur des énergies renouvelables. Le solaire et l’hydrogène vert, dont l’Algérie est hyper compétitive, intéressent l’UE au premier plan. D’ailleurs, l’on croit savoir que le gazoduc à trois tubes (gaz, hydrogène et ammoniac) constitue pour l’Europe une réalisation stratégique et un test grandeur nature de ce que sera le mix énergétique d’ici 2035 et après cette date-couperet.

Les Allemands qui ont dû rouvrir leurs centrales à charbon pour s’alimenter en électricité misent sur la filière algérienne de l’hydrogène vert et poussent les autres européens à l’adopter comme source énergétique peu chère. Il va de soi que la délégation conduite par M.Borrell espère réussir à convaincre ses homologues algériens de renforcer la relation dans les énergies durables, sans toucher à l’accord d’association, actuellement largement défavorable à l’Algérie. Ce ne sera pas facile, voire impossible, estiment de nombreux observateurs qui retiennent les critiques qu’adresse l’Algérie aux résultats de cet accord.

Outre les aspects économiques, Josep Borrell est arrivé à Alger alors que le Parlement européen est au cœur d’un scandale de corruption qui fait ressortir des relations malsaines entre le Maroc et des eurodéputés. La raison de la collusion criminelle entre le Makhzen et des élus européen corrompus n’est autre que le Sahara occidental. Formellement, le même diplomate a affirmé récemment que l’UE n’a pas changé de position vis-à vis de la question sahraouie. Mais l’attitude irrespectueuse de l’Espagne a fait beaucoup de tort aux autres membres de l’Union européenne et bloque le fonctionnement de sa Commission, organe directeur de l’UE. Cette question sera-t-elle débattue à Alger ? On le saura à la lecture du communiqué sanctionnant cette visite. En attendant, le communiqué du ministère des Affaires étrangères, annonçant la visite de M.Borrell à Alger souligne que cette visite «s’inscrit dans le sillage de la visite en Algérie du président du Conseil européen, M. Charles Michel, effectuée en septembre 2022, marquant la volonté de l’Algérie et l’UE de rehausser leur coopération dans tous les domaines».

Cette visite sera l’occasion «de poursuivre le dialogue politique entre les deux parties et de faire le bilan de la coopération et les perspectives de son approfondissement, dans le cadre d’une mise en œuvre équilibrée et adaptée de l’Accord d’association Algérie-UE». «Cette halte bilatérale devra, en outre, permettre aux deux partenaires d’examiner les questions régionales et internationales d’intérêt commun, au premier rang desquelles figurent le Sahel, la Libye, le Sahara occidental et la question palestinienne», conclut le communiqué.

Anissa Mesdouf

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