Maroc : Note confidentielle sur le Chili -Mars 2014-

Tags : Maroc, Chili, Sahara Occidental, Mosquée de Coquimbo,

– Le Chili a été élu membre non permanent au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la période 2014/2015, en remplacement du Guatemala.

Sur le plan interne, Mme Michelle Bachelet, candidate de la coalition de centre-gauche, « la Nouvelle Majorité » (ancienne Concertation Démocratique), a remporté, au second tour, l’élection présidentielle au Chili, tenue le 15 décembre 2013, avec 62,1 % des suffrages, devant sa rivale et candidate du parti des conservateurs, Evelyn Matthei, qui n’a obtenu que 37,8 % des suffrages. Mme Bachelet succèdera ainsi au Président sortant, M. Sebastian Piñera (centre-droit).

La Présidente élue a présenté le 25 janvier 2014, à Santiago la composition de son prochain gouvernement qui sera installé lors de son investiture le 11 mars 2014. La nouvelle équipe de 23 Ministres, dont neuf femmes, intègre les principaux courants de la coalition de centre-gauche qui a soutenu Mme Bachelet lors de la campagne électorale, comprenant des socialistes, des démocrates-chrétiens, des radicaux et des communistes. M. Heraldo Muñoz, diplomate de carrière, a été désigné au poste de Ministre des Relations Extérieures.

Outre sa promesse d’adoption d’une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 1980, héritée de la dictature du Général Augusto Pinochet (1973-1990), Mme Bachelet se propose de mettre en oeuvre des réformes concernant la fiscalité, l’éducation publique gratuite et de qualité, l’amélioration du système de santé et des services publics, ainsi que la réduction des fortes inégalités sociales, ce, pour répondre aux fortes tensions sociales vécues ces dernières années au Chili (mouvements de protestation des étudiants et syndicats).

En matière de politique extérieure, le Chili accorde la priorité au renforcement du multilatéralisme, du libre échange et des Droits de l’Homme. Sur le plan régional, le Chili a resserré les relations « stratégiques » avec l’Argentine et le Brésil. En outre, le différend sur la délimitation des frontières maritimes avec le Pérou a été réglé par l’arrêt rendu en cette affaire, le 27 janvier 2014, par la cour Internationale de Justice. En revanche, les relations avec la Bolivie restent marquées par le litige sur la délimitation des frontières maritimes entre les deux pays. Le Chili entretient, par ailleurs, d’excellentes relations avec la Colombie et l’Equateur, de même qu’avec les Etats-Unis (1er investisseur) et la zone de l’APEC dont il est membre depuis 1994. Le Chili a adhéré à l’Alliance du Pacifique (Chili, Colombie, Mexique, Pérou), qui vise à favoriser l’intégration politico-économique entre ses membres. Cette Alliance, conclue le 28 avril 2011, réunit désormais les quatre pays d’Amérique latine présentant la plus forte croissance avec un marché de 212 millions de consommateurs, qui du moins d’après son potentiel, a plus à offrir que le Mercosur. L’Alliance du Pacifique vise moins l’Europe ou les Etats-Unis que les Etats de l’autre côté du Pacifique, en particulier la Chine et l’Asie du Sud-Est. Ce sont en effet des pays plus prometteurs en termes d’affaires et de débouchés que les Etats industriels occidentaux, jugés trop frileux. Cette Alliance présente les avantages d’un accord de libre-échange entre les différents Etats membres qui la composent dans le cadre d’une convention multilatérale.

S’agissant du monde arabe, le Chili, membre observateur de la Ligue des Etats Arabes, a reconnu en janvier 2011, la Palestine comme Etat indépendant, bien que Santiago entretienne des liens privilégiés avec Israël. Concernant la crise syrienne, le Chili a condamné les violations des Droits de l’Homme contre les populations civiles et appuyé les résolutions onusiennes en l’objet. Toutefois, le Chili n’avait pas pris part à la 4ème Conférence du « Groupe des Amis du peuple syrien » tenue en décembre 2012 à Marrakech. Le 22 février 2014, le Chili, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité, a voté en faveur de l’adoption de la résolution 2139 sur l’accès humanitaire en Syrie.

En ce qui a trait aux relations avec l’Afrique, le Chili, membre observateur de l’Union Africaine depuis octobre 2007, souhaite pallier à sa faible présence sur le continent dans le cadre d’un possible réajustement géographique des représentations chiliennes, avec l’ouverture éventuelle d’Ambassades dans certains pays, tels le Nigeria ou un des pays africains lusophones, comme l’Angola. En outre, le Chili ouvrira une Ambassade au Ghana, qui sera intégrée par les pays membres de l’Alliance du Pacifique.

Les relations bilatérales entre le Maroc et le Chili sont marquées par un dialogue politique très suivi et une coopération économique en constante évolution, dans le cadre d’une dynamique de renforcement du partenariat stratégique. Le Chili a, par ailleurs, toujours apporté son appui au Maroc au sein des Sommets Amérique du Sud/Pays Arabes (ASPA) et Amérique du Sud/Afrique (ASA). Il avait également appuyé la candidature du Maroc pour son élection en tant que membre non permanent du Conseil de Sécurité pour la période 2012/2013. La dernière réunion du mécanisme des consultations politiques entre le Maroc et le Chili, a eu lieu à l’occasion de la visite, le 30 mai 2011, à Rabat, de M. Fernando Schmidt Aristía, Vice-ministre chilien des Relations Extérieures. Le Ministre chilien des Relations Extérieures, M. Alfredo Moreno Charme, a effectué une visite au Maroc, les 25 et 26 avril 2012.

Concernant notre Cause Nationale, le Chili n’a jamais reconnu la pseudo « RASD » et a toujours exprimé son soutien aux efforts des Nations Unies et du Maroc pour parvenir à une solution politique au différend, confirmant, ainsi, son attachement au multilatéralisme et à la solution pacifique des conflits.

Toutefois, l’activisme des séparatistes reste très virulent au Chili, notamment auprès du Congrès chilien. Il est principalement mené par le soi-disant « ambassadeur » de la pseudo « RASD » en mission au Chili, antérieurement le dénommé Zrug Laaroussi, et actuellement le dénommé ali mokhtar, avec l’appui des députés de gauche, Esteban Silva, Président de « l’Association chilienne de solidarité avec le peuple sahraoui » et Sergio Aguilo, Président du Groupe d’Amitié parlementaire Algérie/Chili.

Sensibilisé à ce sujet, le Ministre sortant des Relations Extérieures, M. Alfredo Moreno Charme, avait rappelé, dans une lettre datée du 04 juillet 2011, que le Chili ne reconnaît pas la pseudo « RASD » et qu’aucun représentant du gouvernement n’assiste aux activités organisées par le soi-disant « ambassadeur en mission » de la pseudo « RASD » présent à Santiago, en précisant que la qualité d’« Ambassadeur » n’est pas reconnue à ce dernier, puisqu’il est entré au Chili en tant que touriste avec un passeport espagnol, et qu’il n’est dès lors aucunement accrédité auprès du Ministère chilien des Relations Extérieures.

La première session de la Commission Mixte entre les deux pays, s’est déroulée à Santiago, en avril 2006, la tenue de la deuxième session de cette Commission devant avoir lieu à Rabat, selon une date à convenir.

S’agissant du partenariat économique et commercial, le Chili insiste sur son souhait de conclure un Accord de libre échange avec notre pays, thème qu’il qualifie de « prioritaire », ce conformément aux conclusions des dernières consultations politiques entre les deux pays, à Rabat en mai 2011, lors desquelles il avait été convenu de lancer une étude de faisabilité en l’objet. Il faut rappeler que le Chili a conclu des Accords de libre échange avec 21 partenaires dont le Canada, le Japon et les Etats-Unis. Toutefois, les Départements ministériels marocains compétents privilégient la conclusion d’un accord commercial préférentiel avant d’ouvrir la voie à la signature, à long terme, d’un accord de libre échange. Dans le cadre des contacts entamés en l’objet, une délégation du Ministère chilien des Relations Extérieures a été reçue le 30 octobre 2012, par le Secrétaire Général de notre Département, qui a proposé de concrétiser, dans un premier temps, la signature de l’accord commercial préférentiel en question. Toutefois, une deuxième mission exploratoire, qui devait avoir lieu au Chili, fin janvier 2013, a été reportée à une date ultérieure à arrêter, en raison de difficultés logistiques avancées par le Ministère marocain de l’Agriculture. A ce jour, aucune suite n’a été donnée par les autorités marocaines quant à la réalisation de cette mission exploratoire, en dépit d’échanges de courriers entre la Primature, le Ministère du Commerce Extérieur et le Département de l’Agriculture qui n’arrivent toujours pas à s’accorder sur le thème de l’Agriculture.

A signaler que le Ministre chilien de l’Agriculture a réalisé une visite au Maroc le 10 septembre 2013 au cours de laquelle il s’est entretenu avec son homologue marocain, sans que la question de l’accord commercial préférentiel n’ait été abordée (les deux parties ont souligné le souhait de parvenir à la conclusion d’un accord tarifaire pour certains produits dans un esprit de complémentarité, sans toucher les deux agricultures qui sont fragiles).

En outre, l’Agence chilienne de promotion des exportations « Prochile » devait ouvrir une représentation à Casablanca, en 2014, et intégrer dans ce cadre le bureau commercial de l’Alliance du Pacifique (outre le chili, la Colombie, le Pérou et le Mexique), tout en relevant de l’Ambassade du Chili à Rabat.

Le Chili souhaite également développer la coopération avec le Maroc en matière énergétique, sachant que les énergies renouvelables et alternatives ainsi que le secteur agricole offrent de nombreuses opportunités.

S’agissant de la coopération culturelle, les deux parties avaient entamé une réflexion à même de livrer une meilleure visibilité aux activités du Centre Mohammed VI pour le Dialogue des Civilisations établi à Coquimbo, avec la possibilité d’un transfert de son siège vers la capitale Santiago, ce, en raison de la distance géographique qui empêche une réelle participation aux activités dudit Centre. A cela s’ajoutent les difficultés liées au statut juridique dudit Centre, qui souffre d’anomalies aussi bien sur le plan juridique qu’au niveau de la gestion administrative, notamment au regard du fait que le Mémorandum d’Entente relatif à sa création lie un Etat (le Maroc) à une municipalité. Le statut octroyé au directeur dudit Centre pose également problème dans la mesure où il ne peut bénéficier du statut de diplomate rattaché à notre Ambassade à Santiago.

Aussi, suite à la ratification par le Maroc, fin 2013, de l’Accord Culturel entre le Maroc et le Chili, et son entrée en vigueur, il s’agit désormais de procéder à un échange de lettres entre les Ministères des Affaires Etrangères des deux pays pour ériger ce Centre en annexe de l’Ambassade du Maroc au Chili et le doter des privilèges diplomatiques nécessaires. Notre pays se trouve dans l’attente de la réponse des autorités chiliennes en l’objet.

FICHE SUR LE PARLEMENT ET LES PARTIS POLITIQUES DU CHILI

1. Informations générales.

Le parlement, appelé Congrès National, est constitué du : Sénat (la chambre haute) dont les membres sont élus au suffrage universel pour huit ans et de la Chambre des députés (la chambre basse), dont les membres sont élus pour quatre ans au suffrage universel.

2. Principales Forces politiques issues des dernières élections législatives du 17 novembre 2013.

La « Nouvelle Majorité », coalition de centre gauche formée par le Parti Démocrate Chrétien (PDC), le Parti Pour la Démocratie (PPD), le Parti Socialiste (PS), le Parti Radical Social Démocrate (PRSD), le Parti Communiste du Chili (PCCh), le Mouvement vers le Socialisme (MAS) et de la Gauche Citoyenne (IC), ayant soutenu la candidature de la Présidente élue de la République, mme Michelle Bachelet, a emporté la majorité des sièges au niveau des deux Chambres du Congrès, avec 67 sièges sur 120 à la Chambre des députés, et 12 sur les 20 à pourvoir au Sénat, soit au total, 21 sièges sur 38.

La coalition Alliance est arrivée deuxième dans les deux chambres, avec 49 sièges à la Chambre des députés et 7 au Sénat, où elle détient donc désormais 16 sièges. L’Alliance soutenait la candidature de l’ancienne Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Evelyn Matthei (Union Démocratique Indépendant) à l’élection présidentielle.

Parti / Formation politiqueTotalSièges 2013
Nouvelle Majorité2112
Alliance167
Indépendants11

La coalition « Nouvelle Majorité » s’est engagée à réduire la fracture sociale. Mme Bachelet entend offrir la gratuité de l’enseignement supérieur, grâce à une augmentation de la fiscalité. Le programme de la coalition a pour dessein d’en terminer avec la transition vers la démocratie et d’en finir avec les aspects les plus pesants de l’héritage de Pinochet, notamment en remplaçant la Constitution de 1980. De son côté, l’Alliance a fait campagne sur les états de service de son gouvernement, et en particulier sur la baisse du chômage et la réduction de la pauvreté.

Isabel Allende, Sénatrice Socialiste et fille de l’ex-Président Salvador Allende renversé par un coup d’Etat en 1973, présidera le Sénat à compter du 11 mars 2014.
Le Sénat sera ensuite présidé, en 2015, par le Démocrate Chrétien, Cristiano Patricio, et en 2016 par Ricardo Lagos Weber, du « Parti pour la Démocratie » et fils de l’ex-Président Ricardo Lagos (2000-2006).

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