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Migrants et soutien à la Tunisie, pacte Meloni-Macron : le dialogue Rome-Paris reprend. Mais les Etats-Unis sont perplexes
Pour la paix, peut-être, trois quarts d’heure ne suffisent pas. Pour une trêve, même partielle, c’est peut-être suffisant. Et même si l’état-major nie jusqu’à la simple existence d’un conflit, celle signée hier entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron semble à tous égards une suspension des hostilités. Au moins pour éviter que le 8 juin, jour probable de la visite du président de la République Sergio Mattarella à Paris, n’arrive avec des esprits trop échauffés. Après la solidarité pour les victimes des inondations en Émilie-Romagne offerte par le président français vendredi, donc, lors du têtê-a-têtê tenu hier en marge d’une réunion du G7 qui pour le premier ministre s’est terminée tôt précisément pour se précipiter sur les sites de l’urgence, Meloni et Macron ont trouvé un moyen de désamorcer la tension qui a explosé au cours des dernières semaines entre les deux côtés des Alpes.
LE BILATÉRAL
Contrairement à la saillie de Justin Trudeau sur les droits LGBT vendredi, dans la salle de l’hôtel Prince d’Hiroshima où se tenait une rencontre bilatérale qui, pour Mme Meloni, “s’est bien passée”, le Premier ministre n’a pas reçu d’excuses formelles du Français mais “seulement” une invitation renouvelée à l’Élysée (“Avant l’été”, a garanti Mme Meloni elle-même) et une main tendue “sur des dossiers d’intérêt commun”. Notamment sur cette même question migratoire qui avait déclenché la colère du ministre français de l’Intérieur, Gérald Dermanin. Les deux hommes ont essentiellement convenu que la Tunisie avait besoin d’un soutien financier pour stabiliser la situation et contenir les flux migratoires vers la Méditerranée.
Ils ont également convenu de faire pression sur le Fonds monétaire international pour qu’il débloque le prêt de deux milliards de dollars qui serait nécessaire pour éviter l’explosion du pays nord-africain (et le boom consécutif des barges en partance pour l’Europe). Selon toute vraisemblance, la question tunisienne devrait être prise en compte dans les conclusions finales du sommet japonais.
Macron a qualifié ce dossier de “prioritaire”, partageant d’une part l'”optimisme” du premier ministre sur les négociations et d’autre part les propos que Mme Meloni avait elle-même tenus dans la matinée lors d’une des séances de travail du G7. Il y a une certaine rigidité de la part du FMI face au fait que toutes les garanties nécessaires n’ont pas été obtenues de la part du président Saied”, a déclaré le Premier ministre, “c’est compréhensible d’une part, mais d’autre part, sommes-nous sûrs que cette rigidité est la meilleure façon d’avancer ? Si ce gouvernement rentre chez lui, avons-nous une idée de ce que pourraient être les alternatives ? Je pense que l’approche doit être pragmatique, sinon nous risquons d’aggraver des situations déjà compromises”. Des préoccupations que M. Meloni a également partagées dans l’après-midi lors d’une discussion à trois avec la numéro un de la même institution financière internationale, Kristalina Georgieva, et avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Il s’agissait d’une réunion sans filtre, à laquelle se sont joints, à la fin et “juste pour saluer” – comme l’a dit la délégation italienne – Macron lui-même et, surtout, le président américain Joe Biden. Ce dernier est en effet l’homme à convaincre pour débloquer définitivement les négociations.
Net de l’influence que semble exercer sur lui Meloni (qui hier, en privé, s’est dit “admiratif” de la détermination du premier ministre, réitérant son amour pour l’Italie et Sorrente en particulier), la route ne semble pas encore en pente descendante. Si la Maison Blanche fait partie des “tous” indiqués par Meloni comme prêts à rouvrir un canal de dialogue, elle ne semble pas avoir l’intention de céder avant que Saied n’ait offert de nouvelles garanties. Pas de clash, cependant, entre Rome et Washington, bien au contraire. Après avoir renouvelé l’invitation aux Etats-Unis (la visite pourrait avoir lieu un peu après la mi-juin), le président américain se serait dit “très admiratif de la détermination” dont a fait preuve le premier ministre dans la gestion du dossier.
Et il n’est pas exclu qu’à ce moment-là, Meloni tente de faire pression sur Biden par l’intermédiaire de la Chine : si la Tunisie est laissée à elle-même, en effet, la probabilité que le pays suive les sirènes chinoises ou subisse l’influence de Moscou augmente de manière disproportionnée. A tel point que lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier soir avant son départ, tout en contournant la question de savoir si Biden répondrait de manière affirmée à “l’effort” demandé par Meloni, le premier ministre avait déjà fait une référence explicite aux “fauteurs de troubles qui travaillent à déstabiliser” la région.
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