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La réaction de l’Algérie ne concerne pas seulement les mouvements de troupes. Elle s’inscrit dans une rupture diplomatique plus large avec la France, qui s’intensifie depuis plusieurs mois.
L’Algérie perçoit depuis longtemps l’alignement de la France sur le Maroc avec suspicion. Désormais, un exercice militaire prévu entre les deux pays porte les tensions à un niveau inédit.
Jeudi, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France, Stéphane Romatet, pour exprimer officiellement son opposition à cette opération, qualifiée d’ »escalade militaire injustifiée ».
Les responsables algériens ont averti que les manœuvres franco-marocaines, prévues en septembre près de la frontière algérienne, constituent une « provocation » qui ne fera qu’attiser une crise déjà en spirale.
L’exercice, baptisé « Chergui 2025 », est programmé à Errachidia, une ville située dans la région du Haut Atlas marocain. Pour Alger, ce choix de localisation n’est pas anodin : il se trouve dangereusement proche de sa frontière.
« Cette initiative va faire monter les tensions entre les deux pays à un niveau de gravité inédit », a déclaré Lounès Magramane, secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, exigeant des clarifications officielles de Paris.
Le ministère français des Armées n’a pas encore commenté publiquement, mais des responsables ont présenté ces manœuvres comme faisant partie d’une coopération militaire plus large avec le Maroc.
Les deux pays entretiennent des accords de défense de longue date et, en octobre 2024, ils ont mené des exercices navals conjoints axés sur la lutte anti-sous-marine. Le Maroc, l’un des principaux acheteurs d’armes françaises, considère ces collaborations comme essentielles à sa stratégie de sécurité.
Cependant, la réaction de l’Algérie ne se limite pas aux manœuvres militaires : elle s’inscrit dans un conflit politique et diplomatique plus vaste avec Paris.
Une rupture entre l’Algérie et la France
La dernière rupture remonte à juillet, lorsque le président français Emmanuel Macron a rompu avec des décennies d’ambiguïté diplomatique en soutenant la souveraineté du Maroc sur les territoires disputés du Sahara occidental.
Ce revirement a provoqué la colère d’Alger, qui soutient le Front Polisario, un mouvement indépendantiste en lutte contre le Maroc pour la souveraineté de ce territoire.
Le Sahara occidental, une région peu peuplée mais riche en ressources, est au cœur d’un conflit prolongé entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie.
Bien que Rabat contrôle environ 80 % du territoire, l’ONU le considère toujours comme « non autonome ».
La réaction de l’Algérie dépasse le simple cadre des mouvements militaires : elle est le symptôme d’une rupture diplomatique grandissante avec la France.
En novembre, les autorités algériennes ont arrêté Boualem Sansal, un écrivain franco-algérien connu pour ses critiques à l’égard du gouvernement algérien.
Puis, en février, le Premier ministre français François Bayrou a proposé une révision des accords migratoires datant de plusieurs décennies et accordant un statut particulier aux Algériens en France.
Alger a rejeté cette proposition, dénonçant des « ultimatums » et avertissant que toute restriction sur ses citoyens entraînerait des mesures de rétorsion.
Une attaque meurtrière à Mulhouse, prétendument perpétrée par un ressortissant algérien, a encore enflammé le débat politique en France, où l’extrême droite s’est saisie de l’incident pour exiger un durcissement des politiques migratoires.
Les relations franco-algériennes ont traversé de nombreuses crises, mais celle-ci pourrait s’avérer parmi les plus lourdes de conséquences.
La collision entre tensions militaires, désaccords migratoires et contentieux historiques de longue date alimente un affrontement particulièrement explosif.
La semaine dernière, Emmanuel Macron a tenté d’apaiser la situation en appelant à un « réengagement profond » sur les discussions migratoires.
Jusqu’à présent, ni Paris ni Rabat n’ont répondu officiellement aux accusations de provocation lancées par Alger.
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