Maroc Leaks : Note sur l’énergie nucléaire en Algérie

Selon l'agence russe de l'énergie atomique Rosatom, l'accord conclu entre les deux pays pourrait déboucher sur la construction d'une première centrale nucléaire en Algérie.

Ambassade du Royaume du Maroc
Alger

N° 4-25/EA3P2014
Date : 04/09/2014

      Ambassade du Royaume du Maroc Alger

      Date: 04/09/2014

      Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères

      Destinataire principal: Direction du Grand Maghreb et des Affaires de l’UMA

      Objet: Nucléaire algérien

      J’ai l’honneur de vous informer que l’Algérie et la Russie ont signé, le 3 septembre courant, à Alger un accord- cadre de coopération dans le domaine de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, notamment la médecine, l’agriculture et les ressources en eau.

      La coopération prévue par cet accord couvre notamment les volets de la formation de ressources humaines dans les domaines scientifiques et techniques, la recherche fondamentale et appliquée, la recherche et développement dans le domaine de l’ingénierie nucléaire et des technologies ainsi que l’utilisation des réacteurs nucléaires à des fins de production de l’électricité et de dessalement de l’eau de mer.

      La sûreté nucléaire et radiologique, la gestion et le traitement des déchets radioactifs et l’application des technologies nucléaires dans les domaines de l’agriculture, de la biologie, des ressources en eau et de la médecine, est inclus dans cet accords.

      Selon l’agence russe de l’énergie atomique Rosatom, l’accord conclu entre les deux pays pourrait déboucher sur la construction d’une première centrale nucléaire en Algérie.

      A ce sujet, il a lieu de souligner que le ministre de l’Énergie, Youssef Yousfi, avait annoncé, en mai 2013, que l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une forte demande en électricité.

      Selon les officiels algériens, le choix de recourir, en partie, au nucléaire pour la production de l’électricité a été dicté par le souci de réduire la facture coûteuse de la production de cette énergie à partir des énergies renouvelables, dont le programme de développement se chiffre à 100 milliards de dollars.

      Selon des chiffres déjà annoncés par le ministère de l’Energie, les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent quelque 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner pendant 60 ans deux centrales nucléaires d’une capacité de 1 000 Mégawatts chacune.

      Dans un document déclassifié et daté de 2009, la direction de l’information et des rapports relevant du Département américain de la défense (DoD) a estimé la taille des gisements algériens d’uranium à plus de 56 000 tonnes et ceux de phosphate à 700 000 tonnes par an, enfouis dans les entrailles et les roches des régions d’Eglab, de Ougarta, du sud du Tassili, à Timgaounine, Tinef, Abankor et Tahaggart.

      Mettre en œuvre un « programme nucléaire pacifique », afin de couvrir les besoins énergétiques, était un rêve porté par tous les dirigeants algériens qui se sont succédé à la tête de l’Etat. Actuellement, même si le pays, ne possède pas de centrales nucléaires en exploitation ni en construction, il s’exerce sur des réacteurs dits de « simulation » et qui sont au nombre de deux :

      • le connu sous le nom (El Nour), à Alger, est un réacteur de recherche et de production d’isotopes à l’échelle laborantine d’une puissance de 1 megawatt, livré par l’argentin INVAP et inauguré en avril 1989. Il a été conçu pour utiliser de l’uranium enrichi à 20% de classe U-235, avec un refroidissement à eau légère.
      • le 2cmc. appelé (Essalam), implanté dans le plateau steppique de Birine, à Aïn Quessara, fruit d’une collaboration sino-algérienne, est d’une puissance de 15 mégawatts alimenté par de l’uranium enrichi à 3%, et sert principalement la recherche radio-médico-pharmaceutique par l’analyse des activations isotopiques, à l’essai des matériaux et à la formation ainsi qu’à l’entraînement des ingénieurs ou des doctorants algériens engagés dans des champs d’études nucléaires.

      Ce dernier réacteur (El Salama), inauguré en 1993, était au centre d’une polémique en 1998, après que les services secrets espagnols ont établi un rapport, soulignant que les installations algériennes étaient en mesure de produire du plutonium de type militaire. Les démentis d’Alger n’ont pas convaincu l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) qui affirmait dans un rapport que «le programme nucléaire algérien et la volonté de l’Algérie de se doter de la bombe atomique préoccupent au plus haut point le département d’Etat américain».

      Pour rassurer les grandes puissances, l’Algérie a choisi de dévitrifier ses partenaires en matière de coopération nucléaire civile. Divers accords ont été signés avec pas moins de 5 pays la Chine, l’Argentine, la France, les Etats- Unis, et la Russie.

      Le plan national algérien de déploiement du nucléaire civil s’enclenchera en quatre phases suivant un calendrier de mise en œuvre très précis:

      • La première phase, couvre la période 2012-2015, a été consacrée à la prospection des lieux de construction et à leur évaluation. Au total, 9 sites ont été retenus, répartis sur les zones littorales, des Hauts-Plateaux et du Sahara. La région côtière accueillera 6 centrales nucléaires, déployées à Nedroma (Tlemcen), Mostaganem, Beni K’sila, Skikda, Annaba et El Taref. Elles seront d’une puissance de 1000 à 1200 mégawatts. Dans les Hauts-Plateaux, deux centrales, de plus petite taille, seront construites pour une capacité de 300 à 600 mégawatts, l’une dans l’arrière-pays tlemcénien, et une autre à Oum El Bouaghi. Le Sud aura droit à une seule centrale d’une capacité égale à 300 mégawatts, installée à Djema M’rara, à El Oued.
      • La deuxième phase, de 2016 à 2020, verra le gouvernement définir avec ses partenaires, à leur tête les pays membres de l’AIEA, l’ensemble des critères techniques indispensables pour la rédaction des appels d’offres, puis leur lancement, la sélection des contractants qui vont participer à la construction des centrales nucléaires et les premiers contrats qui ne devraient être conclus que durant 2020.

      Troisième phase, à partir de 2021, les travaux de construction de la première centrale nucléaire de production de l’électricité en Algérie seront lancés, et jusqu’en 2027, toutes les centrales prévues dans le calendrier gouvernemental seront réceptionnées à fur et à mesure.

      • La dernière phase, débutera en 2027, sera celle de la mise en exploitation définitive de l’ensemble des réacteurs installés

      En parallèle, plusieurs décisions stratégiques ont été prises même si beaucoup ne sont, à ce stade, qu’une encre sur une feuille, la plus significative étant l’ouverture du marché de l’énergie électrique au secteur privé national et international, avec la probabilité de confier une partie de la gestion des centrales nucléaires, voire celle des déchets radioactifs, à des partenaires ou exploitants étrangers dont l’expertise dans la mise en œuvre de l’alternative nucléaire dans le mix énergétique du pays, à la fois pour la production de l’électricité et le dessalement de l’eau de mer, est plus solide.

      Haute Considération

      Le Charge d’Affaires a. i.

      Le Ministre Conseiller

      Allal EL ACHAB

      Source : Alger-425C-14

      #Algérie #Energienucléaire #électricité



      Visited 1 times, 1 visit(s) today

      Be the first to comment

      Leave a Reply

      Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


      *