La France a livré des logiciels espions au Maroc, le Qatar et la Syrie

Toujours sur la brèche, c’est la société Amesys, du groupe français Bull, qui a emporté un contrat avec le Maroc. Plus de 2 millions de dollars rien que pour la fourniture, par sa filiale Serviware, d’ordinateurs et disques durs de stockage.

Interceptions téléphoniques, surveillance d’Internet, espionnage de courriels, des livraisons sont en cours au Qatar, au Maroc et en Syrie. Les opposants n’ont qu’à bien se tenir.

La France va-t-elle s’enorgueillir du titre de premier exportateur mondial de matériel informatique d’espionnage et d’écoute ?

Après la découverte, à Tripoli, d’un centre de haute technologie, garanti made in France (et un peu made in USA), qui a permis au régime de Kadhafi d’enregistrer les conversations des opposants et de capter en douce tous leurs courriels, voilà que des entreprises tricolores de pointe fournissent du matériel et des logiciels à des pays aussi respectueux des droits de l’homme que le Maroc, le Qatar et… la Syrie.

Toujours sur la brèche, c’est la société Amesys, du groupe français Bull, qui a emporté un contrat avec le Maroc. Plus de 2 millions de dollars rien que pour la fourniture, par sa filiale Serviware, d’ordinateurs et disques durs de stockage. Amesys, concepteur du dialogue logiciel d’interception et d’analyse de l’Internet, fournira aussi — peut-être, comme en Libye, quelques « conseillers » des anciens barbouzes recyclés.

Le tout sous l’étiquette très mode de « Popcorn », une ingénierie électronique dès plus fines. A-t-on espéré modestement que le nom séduirait les mômes ?

Au Qatar, le même matériel est livré. Et, bien sûr, au régime syrien, dont la police politique fait un usage qu’on imagine enthousiaste de cette technologie pour traquer et arrêter les opposants.

Pendant ce temps, Amesys continue d’installer ses systèmes d’écoute dans les pays africains amis des dictatures. Ce type d’installation se fait discrètement, bien sûr, pour ne pas froisser les beaux discours officiels sur les droits de l’homme.

En France, le même matériel est vendu aux services de renseignement sous le nom de code « Eagle », mais c’est pour la bonne cause : surveiller les terroristes, bien sûr, et pas les citoyens.

Une autre société française, Qosmos, vend elle aussi son savoir-faire à la Syrie et ailleurs.

Les grandes oreilles tricolores ont décidément de l’avenir. Tant pis pour les opposants, blogueurs et autres journalistes indépendants qui osent parler un peu trop fort.

Un article du Canard Enchaîné de 2011

#Maroc #France #espionnage #LogicielsEspions #Qatar #Syrie

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