
Mots clés : Maroc Espagne, 38ème congrès fédéral du PSOE, Sahara Occidental, Front Polisario, José-Luis Rodriguez Zapatero, Manuel Chaves, Algérie, FLN, International Socialiste,
Compte rendu 38ème congrès fédéral du PSOE
Le 38éme congrès fédéral du PSOE s’est déroulé à Séville les 3, 4 et 5 février 2012 avec la participation de 965 délégués, 1000 invités nationaux et internationaux et environ 500 observateurs.
Les décisions qui ont été prises lors de ce congrès marqueront l’avenir immédiat du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol qui a su réagir rapidement à la situation de crise conséquente à sa défaite lors des dernières élections, la plus grande défaite électorale de son histoire récente.
Les moments les plus marquants de ce congrès ont consisté à rendre hommage à José-Luis Rodriguez Zapatero ancien Président du gouvernement, à fixer les grandes orientations dans le cadre d’une refonte du parti et à élire le nouveau Secrétaire Général. Sur ce dernier point, essentiel dans l’ordre du jour du congrès de Séville, la lutte a été serrée et l’ambiance tendue.
Une délégation de l’USFP constituée de : Aicha Guella et Mohamed Benabdelkader a représenté le partie socialiste marocain à ce congrès. En plus du suivi des travaux aux plénières et au niveau des commissions thématiques, la délégation organisé des entretiens qui se sont révélés très fructueux avec plusieurs autres délégations internationales invitées, notamment avec :
- Les eurodéputés du PSOE avec lesquels la délégation marocaine a évoqué le vote du parlement européen sur l’accord agricole avec le Maroc prévu le 14 février. A cet égard, la délégation de l’USFP a fait part de l’espoir du Maroc de voir les parlementaires socialistes espagnols voter positivement en faveur l’accord agricole, ce qui favoriserait la conclusion d’un nouveau accord de pêche entre le Maroc et l’Union Européenne.
- Les deux anciens ministres socialistes des affaires étrangères Miguel Angel Moratinos et Trinidad Jiménez qui ont fait part de leur réflexion sur les dernières évolutions dans la région du Grand Maghreb.
- La délégation du FLN présidée par Abdelhamid Si Afif membre du bureau politique chargé des relations internationales et président de la commission des affaires étrangères au parlement algérien, qui a abordé avec la délégation USFP les processus électoraux aussi bien au Maroc qu’en Algérie, les relations bilatérales entre les deux pays et la demande d’adhésion du FLN à l’International Socialiste
- Le coordinateur du Secrétariat des Relations Internationales du PSOE, José Antonio Espejo, qui lors d’une réunion de travail avec la délégation USFP, a clarifié la position ferme de son parti à l’égard du chantage que le Polisario a voulu exercer sur le congrès du PSOE. A ce sujet, José Antonio Espejo nous a fait part de son intention d’évoquer au Comité d’Ethique de l’IS la problématique d’appartenance de deux partis stalinistes à l’IS, à savoir le Front Sandiniste et le Front Polisario. Pour sa part la délégation USFP a tenu à féliciter les socialistes espagnols pour la réussite de leur congrès fédéral tout en apportant quelques propositions quant à la mise en œuvre du programme de coopération établi entre Les deux partis
Contexte général :
Dans un contexte de crise économique et de forte progression du chômage, Zapatero avait décidé de provoquer des élections législatives anticipées et de confier la présidence et la conduite de la campagne électorale prévue en novembre 2011 à Rubalcaba.
Les élections législatives avaient été marquées par la victoire du Parti populaire de Mariano Rajoy, qui dispose de la majorité absolue au parlement.
L’enjeu de ce 38ème congrès socialiste espagnol a donc consisté à retrouver la reconnexion du PSOE avec la société, et de redonner au parti un nouveau souffle après sa défaite électorale de 2011. Aux élections générales de novembre 2011, il a effet perdu 4,5 millions de voix. Aux élections locales de mai 2011, il a perdu toutes les régions qu’il dirigeait, dont ses fiefs historiques, et de grandes villes, comme Barcelone et Séville.
Ce trente huitième Congrès était également marqué par les élections prochaines en Andalousie programmées le 25 mars 2012, où le PSOE doit relever le défi de conserver son dernier bastion. C’est dans cette perspective que le congrès s’est tenue à la capital de l’Andalousie, Séville, et que le secrétaire régional du parti et président du gouvernement autonome d’Andalousie a été désigné président du congrès, avant d’être élu Président du parti.
Séance d’ouverture du congrès :
La délégation du Polisario a été dirigée par Mohamed Abdelaziz, et comprenait : le représentant du Polisario en Espagne Bucharaya Beyun, la « Secrétaire Générale » de l’Union des femmes Sahraouis Fatima Mehdi, et le « ministre » de la coopération Haj Ahmed Barik Allah.
Devant l’étonnement des dirigeants du PSOE non habitués à recevoir les leaders des partis invités à leur congrès, Abdelaziz a pris sa place au premier rang réservé aux chefs des délégations, tout près de Felipe Gonzales qui ne lui a pas adressé la parole durant toute la séance d’ouverture, et de Mohamed Benabdelkader qui a du occuper la place vide réservée à Fatallah Oualalou .
Le chef du Polisario qui était venu à Séville pour assister aux travaux de la conférence des comités de soutien européens au peuple Sahraoui (EUCOCO), a pris soin de se s’installer à l’hôtel Renacimiento qui abritait le congrès du PSOE dans l’objectif de faire du lobbing auprès de la direction du PSOE, dans l’espoir de restaurer la confiance entre les deux organisations, et mettre fin à une longue période de détérioration des relations bilatérales qui a duré tout au long de la présidence José Luis Rodriguez Zapatero.
Le résultat était un véritable fiasco diplomatique pour le Polisario ; les socialistes espagnols ont désapprouvé les tentatives de forcing de la délégation du Polisario. En effet, aucun accueil spécial ne leur a été réservé, aucun échange de courtoisie n’a eu lieu avec les dirigeants du PSOE et aucune attention ne leur a été réservée de la part des medias présents.
Discours d’ouvertures :
Dans son discours lors de l’ouverture du congrès , le président du PSOE, Manuel Chaves a tenu à exprimer sa reconnaissance à Zapatero, mettant en valeur le succès de l’ancien président socialiste à mettre les intérêts de l’Espagne au-dessus de son parti et son courage de faire ce qu’il fallait faire pour éloigner le fantôme d’une intervention des marchés financiers en Espagne : « nous avons bien résisté , nous avons pu prendre nos propres décisions et nous avons évité un crash financier qui aurait rendu la crise encore plus difficile à surmonter et ses conséquences sociales encore plus dramatiques» a-t-il précisé.
Il a cependant invité les congressistes à « analyser ce qui nous est arrivé, à prendre note des erreurs que nous aurions commises et changer…tout changer….et s‘il faudra de ce fait regarder en arrière, faisons-le, mais juste le nécessaire, parce que les espagnols ont besoin d’avoir des réponses aux problèmes d’aujourd’hui et ont besoin d’espoir pour l’avenir ». a-t-il ajouté tout en soulignant le devoir des socialistes de transmettre un message énergique contre la méfiance contre la démission, contre le catastrophisme et le fatalisme.
Le Secrétaire général de la jeunesse socialiste, Sergio Gutierrez, a plaidé dans son intervention pour un PSOE « solide et combatif, qui s’interdit tout recul des acquis concernant la société de droit et de libertés individuelles ».
Pour cela, a-t-il ajouté, « le PSOE a besoin de militants et d’équipes, issus de toutes les générations, et non pas de promouvoir le culte des pseudostars de la politique… Nous avons besoin d’idées, de projets et de débats, et pour cela, nous devons mettre en place les meilleurs mécanismes permettant aux idées de circuler et surtout, une nouvelle stratégie pour la nouvelle décennie.»
« Nous ne devons pas perdre trop du temps à parler de nous-mêmes, parce qu’en dehors, se livre une bataille dans laquelle nous devons être à la hauteur des grandes occasions de notre histoire, et nous devons le faire avec fierté, parce que nous avons perdu les élections, mais nous n’avons jamais oublié nos convictions, nous avons perdu des sièges mais en aucun cas nous avons oublié nos principes » a-t-il conclu
Bilan de gestion :
L’après-midi, l’ancien premier ministre a eu l’occasion de défendre son bilan malgré la défaite, la plus grave de l’histoire de ce parti, et l’exercice a été bien réussi avec 91% de militants qui ont approuvé son discours et son bilan.
Zapatero avait souligné que la crise espagnole aurait été beaucoup plus grave si il n’avait pas pris les mesures de rigueur en avril 2010, et que dans le domaine des réformes, il demeure fier de la loi sur l’avortement, l’autorisation du mariage homosexuel, la loi de lutte contre les violences faites aux femmes, le renoncement au terrorisme des séparatistes basques de l’ETA et la création d’un ministère de l’égalité des sexes.
Par ailleurs l’ex secrétaire général a appelé à soutenir le vainqueur, quel qu’il soit, dans sa mission de reconstruction du parti.
Les commissions :
Le soir, la séance plénière a voté et approuvé le rapport de gestion de la Commission fédérale Exécutive avec 734 voix en faveur (90,84 %), 21 contre (2,60 %) et 53 abstentions (6,56 %). La plénière a également approuvé la Commission électorale proposée par la présidence du Congrès pour régir le processus d’élection du Secrétariat général et les organismes fédéraux.
Immédiatement après cette séance les congressistes se sont répartis en quatre commissions principales, et ont élu comme rapporteurs :
- Le Secrétaire des idées et des programmes Jésus Caldera pour la commission qualité démocratique ;
- Le Secrétaire pour la politique économique et l’emploi, Octavio Granado pour la commission économie et emploi ;
- Le chef du groupe socialiste au conseil municipal de Séville Juan Espadas pour la commission durabilité de l’État providence ;
- La secrétaire d’organisation du PSOE andalous Susana Diaz pour la commission modèle du parti qui a suscité le plus d’intérêt parmi les congressistes avec 285 délégués inscrits.
Il semble que les socialistes espagnols avaient plus besoin d’un nouveau parti que d’un nouveau dirigeant, et c’est pour cette raison que les travaux de cette commission ont été caractérisés par un riche débat sur la meilleure façon de rendre le parti plus transparent, participatif et attractif auprès de la société, sur la nécessité de renforcer la démocratie interne et les mécanismes de control, sur les moyens de consolider la participation des militants dans la prise de décision et d’ouvrir de nouvelles voies de participation aussi bien pour les adhérents que pour les citoyens, ainsi que sur les modalités d’établir des primaires ouvertes aux citoyens pour l’élection du candidat à la présidence du gouvernement
Candidature au Secrétariat général :
Lors de la plénière de la deuxième journée du congrès, la présidence a annoncé deux candidatures au poste du Secrétaire Général du parti, à savoir :
- Carme Chacon jeune députée catalane (41 ans) et ancienne ministre de la défense, considérée comme étant héritière directe de « la nouvelle voie » ouverte par Zapatero, elle incarnait la modernité et le changement urgent sans transition.
- Alfredo Perez Rubalcaba (61 ans), ex ministre de l’intérieur, un personnage politique bien connu des espagnols. Il a occupé avec brio une demi-douzaine de ministères, c’est un vieux routier du socialisme de l’époque démocratique, ministre de la Présidence de Felipe Gonzalez, ministre de l’Intérieur de José Luis Rodriguez Zapatero, qui a gagné sa popularité par sa lutte contre l’ETA
Avant de passer au vote à bulletin secret, chacun des candidats a consacré un peu de plus de 45 minutes pour s’adresser aux délégués:
Carmen Chacon, avait certes de nombreux atouts, femme, jeune, catalane, énergique, mais cela n’a pas suffit pour faire le poids face à Rubalcaba réputé compétent et excellent orateur et qui, lors de son discours de plus d’une heure, considéré comme décisif dans l’issue de l’élection, a su faire basculer la balance en sa faveur avec beaucoup d’idées, de propositions et une surprise de dernière minute qui a secoué la salle lorsqu’il a demandé de réexaminer l’accord de l’Espagne avec le Saint-Siège.
Jusqu’au début de vote les partisans de chaque candidat assuraient avoir les soutiens nécessaires pour devenir quatrième Secrétaire Général socialiste de la démocratie après, Felipe Gonzalez Joaquin Almunia et José Luis Rodriguez Zapatero
Nouveau Secrétaire général :
Après un long décompte des votes qui a entraîné trois heures de retard sur le programme initial, le président socialiste du gouvernement andalous José Antonio Griñan a annoncé à la fin de l’après-midi que le Congrès avait élu Alfredo Perez Rubalcaba nouveau Secrétaire Général du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol », qui s’est imposé avec 487 voix contre 465 pour l’ex-ministre de la Défense Carme Chacon, dans une bataille très serrée où les deux candidats se sont disputés les soutiens jusqu’au bout.
C’est ainsi que les socialistes ont préféré l’expérience, la continuité et l’option rassurante représentées par Rubalcaba pour sortir le parti du marasme dans lequel l’ont plongé la crise économique et la défaite électorale.
« Notre projet n’est pas d’attendre que le vent tourne, c’est de le faire tourner », a assuré M. Perez Rubalcaba, promettant « de changer le PSOE pour qu’il reste fidèle à ses fondamentaux ».
Par la suite le nouveau Secrétaire Général élu a consacré une longue nuit blanche à préparer en concertation élargie, la liste de son équipe dirigeante (Comision Ejecutiva Fédéral) qui a été soumise le lendemain au vote et confirmée avec plus de 80 % des voix.
Le premier défi de Rubalcaba sera de conserver le contrôle de l’Andalousie, région qui connaît un fort taux de chômage, et qui devrait basculer à droite lors du scrutin du 25 mars, selon les enquêtes d’opinion.
Il va avoir pour tâche de doter le PSOE d’un programme susceptible de le conduire à la victoire contre la droite dans quatre ans, de veiller à l’unité de l’organisation qui s’est davantage divisé sur les personnalités que sur les questions de fond, de redonner du souffle aux provinces et aux communautés que le parti a cessé de contrôler. Carme Chacòn, malgré l’étroitesse de sa défaite, avait confirmé sa dispositiion à aider le nouveau Secrétaire Général sans restriction.
Rabat, le 13/02/2012
La délégation marocaine :
Mohammed Benabdelkader
Aïcha Guellaa
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