Sahara Occidental : Le Maroc pourrait consentir à un référendum biaisé (rapport américain)

Seules des négociations prolongées sont susceptibles de trouver une solution au conflit du Sahara Occidental, qui s'inscrit dans une rivalité historique plus large entre l'Algérie et le Maroc pour la prééminence en Afrique du Nord-Ouest.

Le conflit de trois ans sur le Sahara Occidental, territoire riche en minéraux, est entré dans une nouvelle phase politique. Le coup d’État militaire en Mauritanie le 10 juillet a porté au pouvoir un gouvernement déterminé à mettre fin à son implication dans le différend. Le coup d’État a également poussé les deux acteurs clés, le Maroc et l’Algérie, à réévaluer leurs positions, ce qui pourrait finalement aboutir à un compromis.

Les contacts diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie – initiés bien avant le coup d’État mauritanien – ont dépassé le stade exploratoire. Des émissaires marocains et algériens de haut niveau se sont rencontrés à Paris début août et à Bruxelles fin septembre. La Mauritanie a également établi ses propres contacts avec l’Algérie et le Front Polisario rebelle.

Bien que ces contacts soient des signes encourageants pour la poursuite du dialogue, ils n’assurent pas une percée spectaculaire. Les allégations marocaines d’agression algérienne dans le sud du Maroc, suspendues début octobre, ont temporairement terni l’atmosphère des pourparlers, et la maladie de Boumédiène a interrompu les discussions.

Seules des négociations prolongées sont susceptibles de trouver une solution au conflit du Sahara Occidental, qui s’inscrit dans une rivalité historique plus large entre Alger et Rabat pour la prééminence en Afrique du Nord-Ouest.

L’irrédentisme marocain

Le Maroc fonde sa revendication de souveraineté sur le Sahara Occidental sur l’histoire précoloniale, lorsque les souverains marocains exerçaient à divers degrés un contrôle sur une grande partie de la région. Toutefois, la Cour internationale de Justice, dans un avis consultatif en octobre 1975, a déterminé que les liens précoloniaux du Maroc et de la Mauritanie avec la région n’établissaient pas un lien de souveraineté.

Le Maroc considère son partage du Sahara Occidental avec la Mauritanie en avril 1976 comme irréversible. Il a acquis les deux tiers nord, y compris les riches réserves de phosphates de Bu Craa, tandis que la Mauritanie a pris le contrôle d’une industrie de la pêche lucrative à Dakhla et de réserves de minerai de fer inexploités à Agracha. L’Algérie considère ce partage comme illégal, exige un référendum sur l’autodétermination et apporte un soutien matériel substantiel ainsi qu’un sanctuaire aux combattants du Front Polisario.

L’absence de consultations supervisées par la communauté internationale pour déterminer les souhaits des habitants du territoire, comme le demandent diverses résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, reste une question litigieuse.

L’Espagne soutient toujours que son transfert du contrôle administratif dans le cadre des Accords de Madrid n’a pas résolu la question de la souveraineté, un sujet qui ne peut être décidé que par le peuple sahraoui. Le Maroc affirme que les Sahraouis ont été consultés en février 1976 via l’assemblée territoriale – un organe consultatif alors subordonné à Rabat – et de nouveau l’année dernière lorsque les Sahraouis ont participé aux élections régionales marocaines. Bien que l’annexion et l’administration de la partie marocaine du territoire semblent être considérées comme un fait accompli au niveau international, la reconnaissance de la souveraineté marocaine n’a pas été accordée.

Situation militaire

Le cessez-le-feu contre les forces mauritaniennes déclaré par le Front Polisario après le coup d’État du 10 juillet est toujours en vigueur. Les combats se concentrent désormais dans le sud du Maroc et la partie marocaine du Sahara Occidental. Les pertes marocaines ont substantiellement augmenté par rapport à la moyenne estimée de 40 morts par mois avant le coup d’État mauritanien.

En réponse aux incursions algériennes présumées dans le sud du Maroc fin septembre – début octobre, le roi Hassan aurait ordonné des représailles en cas de futures attaques. Les difficultés logistiques et le manque de soutien aérien efficace pourraient cependant dissuader les forces marocaines de réagir contre les Algériens.

Perspectives de négociation

Des compromis difficiles seront nécessaires pour parvenir à un règlement de paix. Le Maroc et l’Algérie devront surmonter leur méfiance mutuelle, ce qui complique une solution rapide.

Le Maroc, compte tenu de son irrédentisme populaire, ne cédera pas sur sa souveraineté sur les deux tiers nord du Sahara Occidental ni sur le contrôle des réserves de phosphates de Bu Craa. Il est peu probable qu’il accepte un État sahraoui indépendant. Le Maroc pourrait consentir à un référendum biaisé, à condition que l’indépendance ne soit pas une option pour sa partie du territoire.

L’Algérie pourrait se satisfaire d’un référendum contrôlé menant à une région autonome dans la partie mauritanienne du Sahara Occidental. Le Front Polisario, avec 3.000 à 5.000 guerriers et une population de réfugiés sahraouis en Algérie pouvant atteindre 40.000 personnes, reste un acteur clé. Son endoctrinement par l’Algérie pourrait avoir créé une identité nationale difficile à ignorer dans toute solution future.

Source : CIA Archives, 19 octobre 1978

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