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Avec deux de ses proches collaborateurs en détention, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fait face à une nouvelle crise majeure.
Les ennuis juridiques et politiques semblent ne jamais finir pour Benjamin Netanyahu. Le 31 mars, il a subi un revers majeur lorsque deux de ses principaux conseillers, Jonatan Urich et Eli Feldstein, ont été arrêtés dans le cadre d’un scandale surnommé « QatarGate ». Ces arrestations, menées par l’unité d’élite anti-corruption Lahav 433 et l’agence de renseignement intérieur Shin Bet, font partie d’une enquête sur des allégations d’ingérence étrangère, d’atteintes à la sécurité nationale et de fautes politiques.
Pour Netanyahu, ce n’était pas le seul défi de la journée. Elle avait commencé dans un tribunal de Tel-Aviv, où il assistait à la dernière audience de son procès pour corruption en cours. Depuis 2016, il est accusé d’avoir échangé des faveurs réglementaires contre des pots-de-vin et une couverture médiatique favorable – des accusations qu’il nie. Mais son passage au tribunal a été éclipsé par une convocation de la police lui demandant de retourner immédiatement à Jérusalem pour être interrogé dans l’affaire « QatarGate ». Bien qu’il ne soit pas suspecté, Netanyahu a été convoqué en tant que témoin ayant une connaissance du dossier impliquant ses conseillers Urich et Feldstein.
Selon l’enquête « QatarGate » Feldstein, alors qu’il travaillait au bureau du Premier ministre Netanyahu, aurait secrètement reçu des paiements d’une entreprise internationale liée au Qatar pour promouvoir des articles pro-Qatar dans les médias israéliens. Ces accusations s’ajoutent à des soupçons antérieurs selon lesquels il aurait divulgué des documents classifiés sur les négociations de prise d’otages avec le Hamas. L’enquête soulève de graves préoccupations – corruption, abus de confiance, blanchiment d’argent et possibles liens avec un agent étranger – qui pourraient impliquer d’autres proches de Netanyahu. Son parti, le Likoud, a toutefois qualifié les arrestations de « complot fabriqué » par le bureau du procureur général et le Shin Bet pour déstabiliser le gouvernement, allant jusqu’à parler de « coup d’État ».
Au milieu du tollé, Netanyahu a intensifié son bras de fer avec le chef du Shin Bet, Ronen Bar, qui avait dirigé l’enquête sur ses conseillers. Le même jour, il a nommé Eli Sharvit, ancien commandant de la marine, pour remplacer Bar, défiant ainsi une décision de la Cour suprême qui avait suspendu le limogeage de Bar jusqu’au 8 avril. Netanyahu a affirmé avoir perdu confiance en Bar, l’accusant d’échecs dans le renseignement ayant conduit à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza. Cependant, ses détracteurs y ont vu une représaille contre l’enquête « QatarGate », l’accusant d’affaiblir les institutions indépendantes du pays.
Mais la nomination de Sharvit s’est rapidement effondrée. Netanyahu a retiré son nom dès le lendemain, après des critiques de ses alliés conservateurs. Sharvit avait récemment écrit une tribune critiquant Donald Trump pour avoir annulé des politiques climatiques, ce qui a provoqué la colère de la droite. De plus, il aurait exprimé son opposition aux réformes judiciaires de Netanyahu, ce qui l’a encore plus éloigné du camp du Premier ministre.
Cette lutte juridique s’inscrit dans un conflit plus large entre Netanyahu et le système judiciaire et sécuritaire israélien. Depuis le début de son procès pour corruption en 2020, son refus de démissionner a profondément divisé la nation, entraînant cinq élections en quatre ans. Les récentes initiatives de sa coalition – comme l’adoption d’une loi renforçant le contrôle politique sur les nominations à la Cour suprême et les tentatives de limoger la procureure générale Gali Baharav-Miara, qui avait validé la convocation de la police – ont encore aggravé ces tensions. Baharav-Miara s’est opposée à Netanyahu sur le limogeage de Bar et d’autres décisions, poussant Israël vers une crise constitutionnelle.
Le parti Likoud, de son côté, a qualifié l’arrestation d’Urich de « brutale », dénonçant une « chasse politique » visant à évincer le Premier ministre et à protéger Bar, dont le sort reste entre les mains de la Cour suprême. Pour beaucoup, la confrontation autour de Bar et du « QatarGate » reflète une bataille plus large sur la démocratie israélienne, Netanyahu étant accusé d’éroder l’indépendance du pouvoir judiciaire et des forces de l’ordre.
Cette crise a provoqué des manifestations dans les rues de Jérusalem, où des milliers de personnes ont protesté contre la politique de Netanyahu. Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté les 31 mars et 1er avril, entraînant 12 arrestations. Ces troubles illustrent la frustration croissante d’une population face à un dirigeant embourbé dans des batailles judiciaires, des scandales politiques et une guerre qui semble sans fin.
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