Sahara Occidental: 30 ans d’échec du Conseil de Sécurité

Sahara Occidental: 30 ans d’échec du Conseil de Sécurité – La résolution 2602 est un premier clou dans le cercueil de la mission de l’envoyé spécial onusien De Mistura

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L’échec des envoyés personnels des Nations unies au Sahara occidental, depuis 1991, date de l’accord du cessez-le- feu, entre l’occupant marocain et le Front Polisario, sous l’égide de l’ONU en prévision de la tenue du référendum d’autodétermination, n’est pas en raison de compétences ou la place qu’occupaient ses envoyés onusiens, sur la scène mondiale, mais d’absence de volonté politique du Conseil de sécurité à parachever le processus de décolonisation au Sahara occidental, tel dicté par la légalité internationale.

Le représentant du Front Polisario en Europe et à l’Union européenne (UE) Abi Bouchraya, qualifiant la résolution 2602 sur le Sahara occidental, adoptée vendredi dernier, par le Conseil de sécurité « de premier clou dans le cercueil de la mission de l’envoyé spécial onusien De Mistura », il affirme que c’est « dans la déficience, le déséquilibre et le désespoir» que Staffan De Mistura entame sa mission, qui , pour rappel a débuté, lundi dernier. Pour l’ex-ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Afrique du Sud, tout observateur de la teneur de la résolution 2602/21, devant constituer le cadre dans lequel se traduit la mission du nouveau envoyé onusien pour le Sahara occidental, constate, Abi Bouchraya « qu’il s’agit d’un ancien cadre, de mêmes expressions ambigües qu’avant » qui ne font que confirmer, poursuit-il «l’impression qu’il n’y a pas de processus mais qu’il s’agit de nombreux processus menant tous vers une spirale infinie » explique-t-il.

Une spirale infinie favorisant le statu quo, lequel profite au système politique colonial du Maroc au Sahara occidental, depuis, faut-il le noter, le désengagement de Rabat à se conformer au droit international, après la conclusion du cessez-le-feu précité et l’envoi de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso). Un désengagement qui a été rendu possible, non seulement par le soutien inconditionnel de l’ex-puissance coloniale en Afrique du Nord, la France, par son rôle de membre permanent au Conseil de sécurité, mais aussi du rôle non constructif du Conseil de sécurité à faire valoir la force du droit dans la traduction effective du mandat de la mission de l’ONU, qu’il a créé en 1991, et défini même dans sa nomination, celui de l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso). Le diplomate sahraoui semble convaincu, que la mission de De Mistura est vouée à l’échec , d’avance. Faisant remarquer que la résolution « n’est au final qu’une copie conforme des anciennes résolutions qui ont poussé les envoyés à démissionner » il affirme que «le même scénario étant malheureusement très attendu avec le nouvel envoyé ».

Si pour le représentant du Front Polisario en Europe et à l’UE la résolution 2602 était « décevante », il explique qu’elle l’est « non seulement en raison de sa teneur, car toutes les autres résolutions étaient décevantes », mais surtout, poursuit-il « en raison de la situation dangereuse au Sahara occidental et la guerre qui fait rage depuis le 13 novembre 2020 ». Une guerre qui est selon lui «susceptible de prendre des dimensions plus graves à n’importe quel moment » dira le diplomate sahraoui Abi Bouchraya, dans un entretien au quotidien algérien, Echâab.

Il est à rappeler que la guerre entre l’Armée de libération du peuple sahraoui (ALPS) et le Maroc, le 13 novembre dernier est suite, à la violation militaire marocaine dans la zone tampon Guerguerat, des accords de cessez-le-feu conclu en 1991 entre ces deux parties sous les auspices de l’ONU, suite à quoi le Front Polisario avait riposté et annonçé et son secrétaire général, président de la RASD, Brahim Ghali, avait fait savoir qu’ un décret annonçant la fin des obligations vis-à-vis de l’accord de cessez-le-feu et «la reprise des actions armées afin de protéger les droits inaliénables de notre peuple».

Si les prédécesseurs de De Mistura menaient leur mission, depuis 1991, en période d’absence de combats armés entre le Front Polisario et le Maroc, et ont échoué dans leurs missions, en raison, des postures marocaines, comme l’ont affirmé, les deux diplomates américains, James Baker, et dernièrement Christopher Ross, la mission de leur collègue De Mistura sera plus compliquée, voire impossible, dans une situation de conflit armé et avec une résolution ouvrant une brèche vers la violation des principes et textes de la charte de l’ONU, s’agissant d’une question de décolonisation.

Pour le diplomate sahraoui, Abi Bouchraya « au lieu de remettre le train de la décolonisation sur les rails » le Conseil de sécurité, avec notamment sa dernière résolution 2602/21 sur le Sahara occidental « pousse à davantage de dérapage et d’escalade qui pourraient dégénérer dans toute la région » a-il déclaré. Pour lui «traiter une nouvelle situation, dangereuse de surcroît, de manière ordinaire et à l’ancienne, comme si le Conseil de sécurité était indifférent ou prenait les choses à la légère » soulignant que ceci « est tout à fait illogique » a-t-il martelé. Ce qui l’amène à affirmer qu’ « il est clair que des parties influentes au sein du Conseil de sécurité misent sur le statu quo qui n’est autre qu’une consécration de l’occupation », ajoutant que ces mêmes parties « entravent toute démarche pour amener le Conseil de sécurité à assumer sa pleine responsabilité, à déterminer la véritable partie responsable de la rupture de l’Accord de cessez-le-feu, » à définir , poursuit-il « la feuille de route basée sur l’accord signé entre les deux parties au conflit, à savoir le plan de paix ONU-UA portant organisation d’un référendum libre et démocratique d’autodétermination du peuple sahraoui ».

Après une année de rupture de l’Accord de cessez-le-feu et du processus de règlement, le Front Polisario a affirmé, à travers ses appels lancés au Conseil de sécurité et lettres transmises au SG de l’ONU que la nouvelle situation exige « une nouvelle prescription »et que l’on ne peut « se cacher derrière l’envoyé personnel du secrétaire général » a fait observer le diplomate sahraoui, Abi Bouchraya.

Concluant que l’approche politique promue à ce jour, par le Conseil de sécurité « a engendré 30 ans d’échec et entrainé la reprise de la guerre au Sahara occidental » et que la position exprimée par le Front Polisario est « claire » et met l’accent, sur une série de nouvelles mesures opérationnelles et politiques, outre la poursuite de la lutte armée du peuple sahraoui contre l’occupation marocaine pour enfin épouser l’indépendance de son pays, le Sahara occidental.

Karima Bennour

Le Courrier d’Algérie, 04/11/2021

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