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Après cinquante ans d’indépendance, l’Afrique ne veut plus rester dépendante de l’aide et de l’esprit négatif d’assistanat, d’autant plus qu’elle dispose de tous les atouts d’entreprendre et de réussir à commencer par fructifier ses partenariats et ses complémentarités internes entre le Nord, le Centre, le Sud, l’Est et l’Ouest de l’Afrique.
Si l’Afrique s’est longtemps confiné aux produits primaires, elle peut désormais investir de nouveaux secteurs et miser le talent, la compétence et la polyvalence de son capital humain dans un nouveau contexte mondial qui permet à l’Afrique de diversifier ses partenaires sur la base de la réciprocité des intérêts et la parité des engagements pour favoriser le développement durable et l’investissement responsable.
Le développement de l’Afrique dépend de plusieurs facteurs, d’abord politique et de la nécessité de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme et des normes sociales et environnementales même si certains partenaires de l’Afrique des nouvelles puissances émergentes comme la Chine sont peu regardant sur ces considérations.
Ensuite l’enjeu économique pour évaluer les possibilités des transferts de technologies et d’innovation adaptées et délocalisation et de relocalisation d’unités productives en Afrique, notamment pour pénétrer les marchés nord-américain et européen.
La montée en gamme de produits et la diversification des productions supposeraient à la fois des pôles de compétitivité autour des territoires et des insertions dans les segments intégrés aux processus productifs techniques et cognitifs mondiaux, notamment par le biais des firmes multinationales. Pour exercer des effets d’entraînement et non d’enclave, ces insertions doivent s’articuler avec le tissu productif local.
Enfin la dimension géopolitique car de très nombreux problèmes d’envergure planétaire comme le changement climatique, l’instabilité des marchés, les risques épidémiologiques, l’immigration et le terrorisme concernent l’Afrique. Or celle-ci, exception faite de l’Afrique du Sud, demeure absente des lieux de gouvernance mondiale, que ce soit le G-20 ou le futur G-14 qui inclura, outre les huit pays du G-8, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Egypte, l’Inde et le Mexique.
Les relations entre les pays africains et les nouveaux partenaires modifient les rapports de pouvoir et les jeux d’alliance au sein de l’architecture internationale. La question est savoir comment l’Afrique sera entendue et respectée dans les instances régionales et internationales, et quel rôle elle peut jouer dans les nouveaux forums de la nouvelle gouvernance mondiale.
Ce sont des questions de fonds qui conditionnent le développement et l’émancipation de l’Afrique qui traduisent aussi l’engagement du Maroc pour défendre les intérêts africains sur la scène mondiale notamment à travers son siège non permanent au Conseil de Sécurité.
C’est le sens de l’enracinement marocain dans son milieu africain et la richesse des relations maroco-africaines multiséculaires qui n’ont d’égal que les promesses d’un avenir meilleur de coopération, de développement et de solidarité pour hisser ce continent au-devant de la scène mondiale pas uniquement par la rareté des ressources qu’il recèle mais par la qualité des valeurs qu’il enseigne.
Au XIIème siècle le Maroc servait déjà de carrefour commercial entre l’Europe et l’Afrique, avec l’avènement des Almohades et de l’Espagne musulmane, une grande voie de commerce reliait le sud de l’Europe au Niger, via le Maroc.
Par ailleurs, le Maroc est aussi le seul pays du Maghreb à avoir eu des relations commerciales depuis des siècles avec l’Afrique subsaharienne, notamment via les routes commerciales partant de Sijilmassa au Tafilalet vers le sud de l’actuelle Mauritanie et allant jusqu’au Ghana.
En plus de ce lien historique, le Maroc dispose de certains atouts lui permettant de prétendre à ce rôle régional. En effet, le Maroc bénéficie d’un partenariat privilégié avec les Etats-Unis, l’Europe et d’autres pays arabes et méditerranéens moyennant les accords de libre-échange signés. Ce ce qui constitue un tremplin pour les investisseurs africains désireux de conquérir les marchés européens, arabes ou américains en partant de la plate-forme marocaine.
Ensuite, l’expertise marocaine commence à être reconnue en Afrique au regard de son bon rapport qualité-prix, notamment dans les domaines bancaires, des infrastructures, de l’Agro- alimentaire, de la distribution, des télécommunications et de l’exploitation minière, etc.
Enfin, de par sa position géostratégique à la fois portes d’Afrique et d’Europe, le Maroc dispose de son port Tanger Med, se situant sur la seconde voie maritime la plus fréquentée au monde, à savoir le détroit de Gibraltar qui représente 20% du trafic mondial de conteneurs.
Ces atouts prédisposent le Maroc à devenir un hub régional à condition de mieux maitriser la chaine logistique de l’acheminement, le transit, l’assurance, la gestion documentaire, du dédouanement, du transport local à le traitement des stocks et réduire les coûts logistiques et les rendre plus compétitifs pour s’aligner sur la concurrence internationale.
On dit que l’Afrique est le berceau anthropologique de l’humanité où l’on a trouvé les premières traces de l’homme, elle est aussi l’avenir du monde par l’humanisme qui la distingue et les valeurs de patience, de générosité et de pardon qu’elle inspire.
L’Afrique est à l’honneur à un moment où la crise systémique interpelle d’abord la conscience pour mieux canaliser la puissance et faire du développement durable et des échanges équitables le corollaire de la paix, de la justice et la stabilité dans le monde en particulier l’Afrique longtemps pillée et livrée à son sort de sous-développement.
L’Occident comme l’Orient doivent en partie leur richesse à l’Afrique. Et en cela nous avons tous une dette vis-à-vis de l’Afrique à laquelle aussi bien le monde moderne que l’ancien sont tous redevables.
Et le Maroc en terre de rencontre et de dialogue à l’interface de l’Europe et de l’Afrique ce veut l’artisan d’un nouveau rapprochement fondé sur le respect, la dignité, la parité, la complémentarité et la solidarité. D’où l’utilité et l’actualité de ce dossier sur l’évolution des relations historiques entre le Maroc et l’Afrique vers un partenariat stratégique qui joint l’utile des intérêts et des relations à l’agréable de l’éthique et de la considération.
#Maroc #Afrique