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La première phase du processus de réalisation du gazoduc Nigéria-Europe via l’Algérie vient d’être achevée selon M. Toufik Hakkar, P-DG du Groupe pétrolier Sonatrach. Mais ce processus est toujours à l’état de papier et aucun coup de pioche n’a été donné pour son démarrage, car étant tributaire de plusieurs paramètres à leur la tête la rentabilité.
« l’étude de faisabilité du projet du gazoduc transsaharien (TSGP), reliant le Nigeria à l’Europe à travers l’Algérie et le Niger, est terminée et soumise aux entreprises des deux pays africains » a récemment déclaré le premier responsable de la compagnie pétrolière nationale. Mais reste tout de même à évaluer la faisabilité de ce projet est conditionnée aussi par de la croissance de la demande mondiale future sur le gaz naturel et des prix.
Le TSGP (Gazoduc Nigéria-Europe via l’Algérie) reste tout de même un gigantesque projet. C’est en 2006 qu’il a été proposé dans le cadre du NEPAD, une initiative de l’Union Africaine visant à lancer de grands projets économiques structurants sur le continent noir et surtout assoir une intégration économique sur la base du principe de la bonne gouvernance qui favoriserait, à terme, la multiplication des investissements directs étrangers (IDE) dans le continent. Et ce n’est qu’en 2009 qu’un accord a été conclu à Abuja pour sa concrétisation au temps de l’ancien ministre de l’énergie et des mines, Chakib Khelil, qui agissait également en tant que PDG de Sonatrach.
Le TSGP qui doit relier les gisements de gaz naturel du Nigéria au complexe de Hassi R’Mel, via le Niger, reste tout de même un projet pharaonique de 4 128 kms. Sa longueur nécessiterait la mobilisation d’importants moyens financiers et humains.
A titre d’exemple, le dernier gazoduc Russe, le Nord Stream 2, long de 1 230 kms, a coûté 10,62 milliards de dollars. Etant plus long que le gazoduc Russe, le TSGP nécessitera, au bas mot, la mobilisation de 20 à 25 milliards de dollars pour sa réalisation, selon plusieurs experts.
Pour que cet investissement soit rentable à long terme, soit sur au moins 25 ans, ce gazoduc doit placer 30 milliards de m3 gaz naturel annuellement sur le marché européen. Et il n’est pas aisé de mobiliser ce gigantesque montant auprès des grandes banques internationales s’il n’y a pas une demande ferme et en grande quantité de gaz naturel en Europe et surtout à un prix qui permettrait un retour sur investissement.
Le Nigéria renferme les plus importantes réserves de gaz naturel en Afrique avec 5 200 milliards de m3. Etant éloigné du marché européen ce pays, considéré comme la première économie africaine a investit ces dernières années dans la liquéfaction de gaz naturel. En 2020, les capacités de GNL du Nigéria étaient de 22 millions de tonnes, soit l’équivalent de 30 milliards de m3 de gaz naturel.
Proportionnellement aux réserves importantes de ce pays, les exportations de gaz naturel sous forme liquéfiée restent, toutefois, faibles. Et pour augmenter ses parts de marché à l’international, le Nigéria et à l’exemple de l’Algérie et de la Russie, compter sur gazoduc.
Conscient de l’intérêt que porte le Nigéria pour l’augmentation de ses exportations de gaz naturel, le Maroc a proposé en 2016 un projet alternatif dans l’espoir de torpiller le TSGP et en tirer les dividendes dans un coup de poker.
Ce projet, perçu comme une fanfaronnade de Rabat par plusieurs experts, consiste à construire un gazoduc reliant le Nigéria à Gibraltar sur une distance de 5 660 kms, soit 1 400 kms de plus que le TSGP. Ce gazoduc sous-marin doit traverser les cotes de onze pays de l’Afrique de l’Ouest. Difficile d’évaluer le coût d’un tel projet quand on sait que le gazoduc sous-marin, Russe, le Nord Stream 2, d’une longueur de 1 230 kms seulement, avait couté plus de 10 milliards de dollars. Il n’y a que le makhzen qui croit à la faisabilité d’un tel gazoduc dont la rentabilité serait impossible à réaliser.
Le Nigéria et l’Algérie accordent un intérêt particulier au projet du Gazoduc transsaharien (TSGP). La réalisation de ce tube permettrait au Nigéria, le pays le plus peuplé d’Afrique, d’exporter de grandes quantités de gaz naturel vers le marché européen. Le futur gazoduc aura également des retombés socio-économiques sur le Niger et les autres pays du Sahel, déstabilisés par l’insécurité et le sous développement chronique. Les perspectives des marchés du gaz naturel à travers le monde sont très optimistes.
La lutte contre le réchauffement climatique passe par la réduction sensible de l’utilisation du charbon et du fuel dans la génération électrique. Une réduction qui ouvre la voie au gaz naturel moins polluant. De leurs cotés, les pays européens doivent sortir de la dépendance d’un ou de deux fournisseurs dans leurs approvisionnement en gaz naturel. Soutenir financièrement et payer un prix acceptable de gaz naturel soutiendraient la réalisation du futur TSGP. Chose qui permettrait, à l’avenir, à l’Union européenne de diversifier ses approvisionnements en gaz naturel.
Le Jeune indépendant, 19/09/2021
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