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Oussama Bouchemakh, politologue : «Mohamed VI s’érige en Lawrence du Maghreb»
Publié le 24 Juil 2021
L’affaire Pegasus met le régime du Makhzen sur la sellette suite à son implication dans un des plus fracassants scandales d’espionnage. Selon le professeur en sciences politiques, Oussama Bouchemakh, le roi du Maroc joue, en connivence avec l’entité sioniste, le rôle de «Lawrence du Maghreb» pour l’effritement de la région.
Après les fakenews et la guerre médiatique, le Makhzen est impliqué, aujourd’hui, dans un nouveau scandale d’espionnage Pegasus, en conduisant une guerre électronique frontale contre l’Algérie. Quel est votre commentaire sur ce scandale ?
Le scandale Pegasus impliquant le régime du Makhzen doit être analysé sur trois points. Primo, il reflète l’imbrication des relations maroco-sionistes visant à déstabiliser la région du Maghreb où le Maroc s’érige en plateforme de brouillage contre l’Algérie. Secundo, cette affaire intervient dans le sillage des derniers développements que connaît le contexte géopolitique régional, à savoir le retour de l’entité sioniste à l’Union africaine en tant qu’observateur après une absence qui a duré 20 ans. Ce qui confirme, une fois de plus, les liens étroits entre les deux régimes et leurs manœuvres tendancieuses. Tertio, cette affaire s’inscrit dans le cadre des plans sionistes dits «Lawrence d’Arabie». Après le Moyen-Orient, le roi marocain joue aujourd’hui le rôle de «Lawrence du Maghreb» pour déstabiliserces pays en chargeant son ambassadeur auprès des Nations unies d’émettre une note soutenant le prétendu «droit du peuple kabyle à l’autodétermination». Le timing de tous ces événements confirme une guerre frontale déclarée contre l’Algérie selon une stratégie bien étudiée.
Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, avait mis en garde, en février 2020, contre une guerre électronique structurée visant la stabilité et la sécurité de l’Algérie. Est-ce qu’on peut dire que cette cyber-attaque a été anticipée ?
Effectivement, l’Algérie est au courant de ce qui se trame concernant ces infiltrations. Le point de convergence entre les deux régimes réside dans le fait qu’Israël tend, par tous les moyens, à assurer ce qu’on appelle une quatrième sécurité nationale. Après la normalisation avec l’Egypte, la Jordanie et la chute de Bagdad suivie de celles de Damas, Tripoli et Sanaâ, il ne reste que le 4e cercle, à savoir l’Algérie. Laquelle sera la cible de l’entité sioniste durant la prochaine décade 2020-2030, selon les rapports du centre German Marshall Fund (GMF) de 2018. Pour le Maroc, il est question d’éreinter le voisin de l’Est en tissant des alliances avec les pays ennemis. Il s’agit de trois puissances en sus de Tel-Aviv. L’approche proposée par Alger en vue d’un règlement du conflit libyen semble menacer les intérêts des Emirats arabes unis dans la région. Aussi, la présence de la diplomatie algérienne dans le dossier malien constitue un casse-tête pour Paris, alors que Washington est terrifié par les influences russes et chinoises en Afrique. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’une convention a été conclue récemment entre le Maroc et l’entité sioniste dans le domaine de la sécurité de systèmes d’information visant principalement à battre en brèche notre tissu social.
Selon les spécialistes, les enjeux liés aux guerres d’information et des réseaux et la dynamique numérique devraient être plus que jamais au centre d’une stratégie globale de cyber-sécurité. Est-ce que vous partagez cet avis ?
Absolument, la cyber-sécurité doit désormais impliquer plusieurs cercles sécuritaires, universitaires, médiatiques, mais aussi la société civile. Car il y va de la stabilité du pays et de la souveraineté de l’Etat. Des hauts responsables ont été espionnés et des rapports datant de janvier 2021 indiquent que l’Algérie a été classée à l’échelle mondiale à la 13e place parmi les pays ciblés par les cyber-attaques et la 3e dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord. Face à ces menaces, le ministère de la Défense nationale a organisé plusieurs rencontres scientifiques dédiées à cette thématique, tout en mettant en place des pronostics et des stratégies pour contrecarrer lesdites menaces.
Les nouvelles approches sécuritaires doivent-elles inclure sérieusement les problématiques liées à l’éducation aux médias et la maîtrise de la technologie de pointe ?
La notion de la sécurité a complètement changé. Elle est axée aujourd’hui sur l’information et l’individu devant être une soupape de sécurité. D’où l’importance d’introduire la thématique de sécurité informationnelle et de l’éducation aux médias dans les programmes du système éducatif.
A. Mehdid
Horizons, 24/07/2021
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