Gel diplomatique. Également en jeux, les rapports commerciaux et les contrats pour la pêche entre l’Europe et Rabat
de Stefano Mauro
« À cause de malentendus profonds avec l’Allemagne sur des questions fondamentales pour le Royaume du Maroc, les départements ministériels sont priés de suspendre tout contact, interaction ou action aussi bien avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc qu’avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes qui lui sont liées ».
La communication officielle du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, remonte à lundi passé. Selon Al-Jazeera la décision de Rabat de suspendre ses relations diplomatiques serait liées à la position de Berlin sur le Sahara Occidental. La chancelière Angela Merkel a critiqué la décision de l’ancien président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Berlin avait réaffirmé sa volonté de soutenir une « solution politique juste, durable et acceptée entre les deux parties sous les auspices des Nations unies, qui prévoient l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui ».
D’après le quotidien Ya Biladi, Rabat n’aurait pas non plus apprécié « l’exclusion du Maroc des discussions sur l’avenir politique de la Libye » lors de la conférence de Berlin du 20 janvier 2020.
Suite à la décision du gouvernement marocain, le ministère allemand des affaires étrangères a convoqué d’urgence l’ambassadeur du Maroc en Allemagne. Selon l’hebdomadaire Bild « pour une discussion urgente et pour expliquer la décision ». Un message indirect pour influencer les choix des différents pays européens sur la question du Sahara occidental. « Rabat semble avoir décidé de pointer du doigt l’Allemagne pour montrer son mécontentement envers toute l’Europe – il écrit Bild – en menaçant ses relations avec les pays de l’UE et soulignant leur hypocrisie, étant donné que de nombreuses entreprises européennes font des affaires au Sahara occidental avec l’exploitation de phosphates, de la pêche et des énergies renouvelables ».
La référence est à l’audience de ce mercredi de la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) sur l’action engagée par le Front Polisario en vue de l’annulation de l’accord commercial entre l’UE et le Maroc, qui, déjà par deux arrêts précédents, avait décrété que « le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé du Maroc, et que ce dernier n’a pas de souveraineté sur ce territoire, puisque c’est le peuple sahraoui qui doit montrer son approbation comme condition préalable à toute exploitation économique de ses ressources naturelles ».
Dans une déclaration publiée mercredi par l’agence de presse sahraouie, le représentant du Front Polisario en Europe, Oubi Bouchraya Bachir, a remercié la solidarité exprimée par tous les pays européens en soulignant que « le seul pays des 27 États membres de l’Union européenne à avoir présenté un mémorandum pour soutenir les positions de Rabat était la France, au mépris de la légalité internationale et du droit européen ».
Source: Il Manifesto (traduit de l’italien par le Comité Belge de soutien au peuple sahraoui)
Tags : Sahara Occidental, Maroc, Allemagne, Union Européenne, UE,
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