Le Sahara Occidental sous les projecteurs

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par Hussein Flamand

Dernière colonie d’Afrique sous occupation marocaine, le Sahara Occidental est depuis 1991 absent des titres de presse ainsi que des relations diplomatiques. Le 13 novembre, les forces coloniales marocaines décident de passer à l’offensive en expulsant des civils sahraouis de la ville de Guerguerat provoquant la rupture du cessez-le-feu et le retour aux combats entre les forces armées royales et l’armée du Front Polisario. Un mois plus tard, le 14 décembre, Trump annonce une reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental en échange d’une reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv. Malgré le geste de Trump, Mohammed 6 et ses conseillers ont tout simplement rendu service au Polisario et à son peuple : la médiatisation de la cause sahraouie avec des conséquences politiques, juridiques et économiques à terme.
La communauté internationale derrière le principe d’autodétermination du peuple Sahraoui
Très rapidement après l’annonce de Trump, de nombreuses chancelleries sont montées au créneau pour rappeler le principe immuable de l’autodétermination au Sahara Occidental. L’Espagne, ancienne puissance coloniale et qui s’était rapproché du Maroc dans sa thèse a immédiatement rappelé à travers la voix de sa ministre des affaires étrangères, le rôle exclusif de l’ONU dans le règlement du conflit entre le Maroc et le Front Polisario. Pris de court, Pedro Sanchez, premier ministre espagnol a renoncé à sa visite d’Etat au Maroc le 17 décembre 2020 tout en prenant contact avec l’équipe de Biden pour renverser la décision de l’administration de Trump. Partout en Europe, les diplomaties de ces pays ont rappelé le respect que le Maroc doit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Des nations comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suède, la Russie etc. ont défendu le principe d’autodétermination du peuple sahraoui en laissant les Etats-Unis sur le plan diplomatique complètement seuls.
L’ONU par la voix de son porte-parole a considéré que la reconnaissance américaine était “sans effet”. En Afrique, le Maroc parait isolé malgré son coup de force à Guerguerat et la reconnaissance de Trump. Les grandes puissances du continent soutiennent massivement la République arabe sahraouie et démocratique (RASD) comme c’est le cas avec l’Afrique du Sud, l’Algérie mais aussi l’Éthiopie, l’Angola, la Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda, la Namibie, le Kenya… Bourita pourra toujours se contenter d’un “soutien” de l’Afrique en s’appuyant sur les récentes ouvertures “consulaires ” au Sahara Occidental occupé de pays en guerre comme la Somalie ou la Centrafrique.
L’alliance israélo-marocaine rapproche les points communs de la cause Palestinienne et Sahraouie
Après avoir reconnu Israël, Mohammed 6 a tenté au cours de 2 appels téléphoniques avec Mahmoud Abbas, le 10 décembre et le 23 décembre de rappeler le soutien “sacré” du Maroc à l’égard de la cause palestinienne. Le président de la Palestine par colère n’a même pas relayé dans les médias palestiniens, les échanges avec le souverain marocain. La rue palestinienne a copieusement insulté le roi du Maroc pour sa trahison à leur égard. Le Hamas et le Jihad Islamique ont également condamné la normalisation entre le Maroc et Israël comme une trahison à l’égard de la Palestine. Sans le vouloir, le roi marocain en reprenant contact avec Netanyahu a tout simplement confirmé les anciens propos de Bouteflika rappelant que la colonisation marocaine au Sahara Occidental était identique à celle des israéliens en Palestine. Ce rapprochement des deux causes a toujours été combattu par les marocains avec un accord tacite de l’autorité palestinienne. Mais, aujourd’hui, il est impossible pour cette dernière d’éviter le rapprochement entre les deux causes indépendantistes car le Maroc par sa normalisation l’a permis. Hanane Ashrawi désormais ex-membre du comité exécutif de l’OLP dans une interview le 11 décembre sur Democracy Now! avait expliqué que l’occupation israélienne en Palestine était identique à celle du Maroc au Sahara Occidental provoquant au passage la colère des agents du Makhzen sur les réseaux sociaux et de plusieurs partis politiques marocains.
L’administration Biden renversera la décision de Trump
Biden sera le nouveau président des Etats-Unis le 20 janvier après une campagne électorale mouvementée par la crise du Covid et la volonté affichée de Trump de détruire la transition avec la future administration. Démocrate et militant affiché du multilatéralisme, Biden a déjà annoncé qu’il changerait l’approche de la politique étrangère américaine durant les 4 prochaines années. Selon le New York Times, l’administration Biden reviendrait assez rapidement sur la reconnaissance américaine de la “marocanité” au Sahara Occidental afin de ne pas rompre une politique d’équilibre dans la région mais aussi pour permettre à l’ONU de continuer à régler pacifiquement le conflit. Cette décision de Biden est facilitée également par le faible statut juridique de la déclaration de Trump étant donné qu’une “proclamation” du président américain à force de loi seulement lorsque le congrès le ratifie par un Act of Congress ce qui ne sera pas le cas jusqu’à l’arrivée de Biden. Israël au courant de cette situation a déjà annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental tant que la situation n’est pas clarifiée. Peut-être que la carte du Maroc séparé du Sahara Occidental par Netanyahu était déjà un signe de ce que sera le 20 janvier pour les stratèges du Makhzen…
Hussein le Flamand
Kassaman Times, 2 janvier 2021
Tags : Sahara Occidental, Polisario, Maroc, Israël, Normalisation, Donald Trump,
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