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Contexte
Pauvreté et vulnérabilité
La pauvreté était un indicateur significatif de vulnérabilité pendant la pandémie de COVID-19 au Maroc. La perte d’emplois, la diminution des sources de revenus et l’absence d’un système de sécurité sociale exposent les individus et les familles à des problèmes sociaux et psychologiques. En avril 2020, une enquête menée par le Haut-commissariat à la planification dans les zones urbaines et rurales a révélé que 34% des ménages n’avaient aucun revenu en raison de la pandémie. L’anxiété a été identifiée comme le principal impact psychologique du confinement, avec 41% des ménages marocains éprouvant de la peur. Parmi les autres effets, mentionnons les sentiments de claustrophobie ressentis par 30 % des ménages, les troubles du sommeil touchant 24 % des ménages et les troubles psychologiques comme l’hypersensibilité et la nervosité ou la fatigue observés dans 8 % des ménages.
Sur la base de l’enquête nationale menée en juin 2020, qui a examiné les effets de la COVID-19 sur les conditions socio-économiques et psychologiques des réfugiés, il a été constaté que l’anxiété, la dépression et la peur étaient les principales conséquences psychologiques du confinement. L’enquête a révélé que ces impacts ont été ressentis par 52,5 % de l’ensemble des réfugiés, dont 55,1 % parmi les ménages dirigés par une femme et 52 % parmi les ménages dirigés par un homme.
Utilisateurs du service et membres de leur famille
Accès limité aux soins de santé
La réorientation des ressources vers l’urgence sanitaire liée à la COVID-19 a limité l’accès aux soins de santé courants et essentiels pour les populations rurales et urbaines. Une enquête menée par la Haute Commission de planification en juin 2020 a montré que 34,5% des femmes et 38,2% des hommes ont signalé un manque d’accès aux soins de santé en raison de la crise sanitaire. Dans les régions rurales, ce pourcentage était encore plus élevé, soit 41,2 %. Ce manque d’accès à des soins de santé en temps opportun a aggravé les problèmes de santé chroniques, y compris les problèmes psychologiques, et a créé un sentiment d’impuissance chez les personnes et les membres de leur famille, ce qui a entraîné une détresse psychologique accrue.
Prestataires de services dans le domaine de la santé et des services sociaux
Épuisement des fournisseurs de services
L’impact mondial et la durée prolongée de la pandémie de COVID-19 ont entraîné l’épuisement des fournisseurs de services. Une étude nationale menée auprès de 1267 médecins du secteur public de toutes les régions du Maroc a révélé que près d’un tiers des médecins souffraient de dépression (31,5%), d’anxiété (29,2%) et de trouble de stress post-traumatique (21,7%). De nombreux travailleurs de la santé ont éprouvé des difficultés de concentration et une asthénie en raison de l’impact psychologique.
Défis
Le Maroc a été confronté à plusieurs défis dans la lutte contre les problèmes de santé mentale pendant la pandémie.
Convaincre les décideurs de l’importance du soutien en santé mentale.
Mobiliser des fonds pour la mise en place de services de santé mentale et de soutien psychosocial (MHPSS).
Renforcement des ressources humaines pour la prestation de services MHPSS.
Absence de structures intermédiaires pour le soutien en santé mentale.
Pas d’accès aux centres culturels pour les personnes souffrant de troubles de santé mentale.
Pénurie ou manque de disponibilité des médicaments.
Augmentation des rechutes dues au confinement et au soutien limité.
Exclusion des médicaments pour la santé mentale de la couverture de protection sociale.
Arrêt du traitement par les personnes souffrant de troubles mentaux en raison du confinement.
Demande croissante de santé mentale et de soutien psychosocial.
La vulnérabilité économique entrave l’accès aux moyens de communication.
Stigmatisation répandue liée à la santé mentale dans la société.
Offrir des services de santé mentale et de soutien psychosocial (SSPSS) et assurer la continuité
Des solutions innovantes
Pour relever les défis et assurer la continuité des services de santé mentale, les solutions novatrices suivantes ont été mises en œuvre.
Des lignes d’assistance téléphonique dotées de professionnels de la santé mentale pour fournir un soutien psychologique aux personnes en détresse et aux personnes atteintes de troubles mentaux.
Consultations à distance par téléphone et WhatsApp, y compris le soutien émotionnel via les réseaux sociaux, y compris Instagram, Facebook et le réseau mondial Befrienders (par l’Association Sourire Reda).
Renouvellement des ordonnances psychiatriques à distance via WhatsApp.
Fourniture de médicaments à ceux qui en ont besoin, en particulier les pauvres et les démunis.
Mise en place d’unités d’écoute par les facultés de médecine en collaboration avec les ONG pour fournir un soutien psychologique et un diagnostic par téléphone ou WhatsApp.
Des lignes d’assistance telles que « Stop Silence » (par l’Association Sourire Reda) offrant un soutien émotionnel et une assistance aux jeunes ayant des pensées suicidaires.
Psychoéducation à distance pour les familles de patients facilitée par les associations familiales de patients, dont l’Association Chams, l’Association Sila, l’Association des Usagers de la Psychiatrie et l’Association Chourouk.
Fourniture de téléconsultations, de consultations en face à face, de groupes de soutien et de soutien par les pairs (par l’Association Chourouk, Centre Socio Médical à distance).
Unités mobiles pour les visites psychiatriques (par l’Association Afak pour la santé mentale et l’Association des pairs aidants pour la réadaptation psychosociale) et les activités psychiatriques de liaison dans les établissements de santé.
Soins psychiatriques spécialisés pour les patients atteints à la fois de COVID-19 et de troubles de santé mentale.
Continuité et durabilité des services de soins et de réduction des méfaits pour les personnes ayant des troubles liés à l’utilisation de substances.
Renforcement des capacités par le biais de formations professionnelles, de webinaires et de conférences organisés par des associations professionnelles psychiatriques.
Enseignements tirés
Plusieurs leçons ont été tirées de l’expérience de la prestation des services de SSPSM pendant la pandémie.
La nécessité de développer la santé numérique et les interventions à distance.
Le SSPSS devrait faire l’objet d’un plan d’action indépendant.
L’allocation de fonds doit être assurée pour les services MHPSS.
La santé mobile s’est avérée être une méthode efficace de consultation psychiatrique et de soutien pendant l’accouchement.
Les lignes d’assistance téléphonique ont joué un rôle crucial dans la fourniture de premiers soins psychologiques.
La santé mobile devrait être promue et encouragée.
Le MHPSS doit être intégré au plan national d’intervention d’urgence.
Les études de recherche sur la santé mentale renforceront davantage la compréhension à l’échelle nationale.
La disponibilité des médicaments doit être assurée.
Source : OMS
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