Etiquettes : Maroc, naufrage, sénégalais, migration illégale,
Au moins 13 migrants sénégalais de la même ville sont morts lorsque leur bateau a coulé au large des côtes marocaines à la fin de la semaine dernière. L’instabilité politique et économique croissante du pays pousse certains à tenter des traversées maritimes dangereuses.
La nouvelle survient au milieu d’une attention accrue sur la route migratoire de l’Atlantique, qui s’étend de la côte de l’Afrique de l’Ouest aux îles espagnoles des Canaries, après que plusieurs bateaux ont coulé ou disparu le long de celle-ci ces dernières semaines.
Oumar Cissé, maire de Rufisque, située près de la capitale Dakar, a déclaré à l’AFP que 13 habitants de sa commune avaient péri.
Il a dit qu’il avait parlé à des survivants qui lui ont dit qu’un total de 18 personnes étaient mortes.
“Ils étaient dans une pirogue de 63 personnes qui a chaviré”, a-t-il dit, faisant référence aux longs bateaux de pêche en bois souvent utilisés pour les traversées irrégulières des migrants.
Les survivants sont pris en charge dans la municipalité de Dakhla, dans le sud du Maroc, a-t-il déclaré aux journalistes, ajoutant qu’il travaillait avec les autorités locales pour rapatrier les survivants.
Le maire a également déclaré que six personnes de Rufisque ont été hospitalisées, mais les autorités marocaines n’ont pas confirmé l’information.
LIRE AUSSI : Le virage pro-marocain de Sanchez change l’immigration : la moitié vient désormais d’Algérie
Instabilité entraînant les traversées de bateaux
Le Sénégal connaît une instabilité économique et politique croissante, avec des affrontements et des violences politiques meurtrières qui ont éclaté en juin de cette année à la suite de l’emprisonnement du chef de l’opposition Ousmane Sonko . Sonko, qui se présente à la présidence en 2024, a été condamné à deux ans de prison pour « corruption de jeunes » au début du mois dernier (1er juin).
Au moins 16 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées lorsque des manifestants et des partisans de Sonko se sont affrontés avec les forces de sécurité après la condamnation du tribunal. Les troubles ont été les pires à avoir frappé ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis des décennies.
Le pays a largement tenu une réputation de stabilité dans une région en proie à des soulèvements militaires, mais de nombreux Sénégalais vivent encore dans des conditions économiques précaires. Les violences récentes semblent corrélées à l’augmentation du nombre de bateaux de migrants tentant le périlleux voyage vers les îles Canaries.
Le Sénégal va intensifier les contrôles migratoires
Le président sénégalais Macky Sall “a rendu hommage à la mémoire de ceux qui sont morts dans les récents accidents en mer”, selon un communiqué du gouvernement publié jeudi soir.
Il a appelé le gouvernement sénégalais à intensifier les contrôles sur les sites de départ potentiels, ainsi qu’à déployer davantage de “mesures de surveillance, de sensibilisation et d’accompagnement des jeunes” et à renforcer les programmes publics de “lutte contre l’émigration clandestine”.
Les tendances économiques mondiales et la pandémie de COVID-19 ont détérioré la qualité de vie de nombreuses personnes au Sénégal, après une baisse de la croissance nette en 2020. InfoMigrants avait précédemment signalé la présence d’une frustration importante chez les jeunes du pays, de plus en plus nombreux à choisir de risquer leur vie lors de traversées maritimes dangereuses vers l’Union européenne.
Augmentation des interceptions par le Maroc
Mardi, la marine marocaine a déclaré avoir “sauvé” près de 900 migrants irréguliers – dont 400 se trouvaient dans ses eaux territoriales – sur une période d’une semaine au début du mois. La plupart venaient d’Afrique subsaharienne.
LIRE AUSSI : Migration : Accord secret entre les Pays Bas et le Maroc
Au moins 14 personnes sont mortes il y a huit jours lorsqu’une pirogue a chaviré au large de la ville sénégalaise de Saint-Louis, près de la frontière avec la Mauritanie.
L’augmentation des contrôles par le Maroc peut amener certains bateaux à prendre plus de risques, à s’éloigner des côtes ouest-africaines pour éviter d’être détectés.
Les autorités marocaines affirment avoir empêché 26 000 tentatives de traversée au cours des cinq premiers mois de 2023 et 71 000 en 2022. Cependant, ces chiffres incluent également les migrants qui ont tenté de traverser plusieurs fois, ils peuvent donc ne pas refléter le nombre réel de personnes tentant de partir.
Les ONG signalent régulièrement des naufrages mortels dans les eaux marocaines, espagnoles et internationales, avec des estimations non officielles faisant état de dizaines, voire de centaines de morts.
#Maroc #Sénégal #Migrants #Naufrage
Soyez le premier à commenter