Au Maroc, plusieurs organisations ont dépoussiéré brusquement et en chœur leur patriotisme et s’amusent, depuis quelque temps, à réclamer le retour au Grand Maroc des villes espagnoles de Ceuta, de Melilla et des îles voisines. Une revendication des plus banales qui ressort chaque fois que Rabat a besoin, pour une raison ou pour une autre, de faire chanter Madrid. Donc, on procède comme à l’accoutumée. Le makhzen attaque, se plaint, hausse le temps, accuse et met le maximum de pression. Donc, quelques ressortissants marocains bien inspirés se sont arrangés de mettre hors de leurs gonds les policiers espagnols à Melilla et de médiatiser à fond les incidents ainsi créés. On organisa à Nador, et même à Rabat, des manifestations devant les représentations espagnoles et on y brandit les atouts classiques : on demanda aux autorités du pays de couper l’eau et l’électricité aux deux présides espagnoles alimentées effectivement par le Maroc. Pis, on demanda au gouvernement marocain de libérer la route et de ne plus se mettre en travers des Subsahariens qui comptent rejoindre la terre espagnole. Les Espagnols qui connaissent cette musique s’attellent à tempérer l’ardeur marocaine et lui tiennent à peu près les propos qu’on tiendrait à une maîtresse fâchée. On lui dit que la relation avec Rabat était «prioritaire» et qu’on était prêt à lui dire tout ce qu’il voulait entendre, absolument tout. Madrid est habituée aux crises d’expansionnisme dont souffre le Maroc. Comme nous, d’ailleurs. Avec nous, les Marocains nous disent que ça y est, ils ont avalé le Sahara occidental et que maintenant, c’est au tour du Sahara oriental. Une mentalité pire que celle de leur allié Israël, des pensées qui démontrent qu’ils perdent le sens de la mesure et de la mémoire. Alors qu’il leur serait très bénéfique de toujours se rappeler que ce qu’ils appellent le Sahara oriental nous a coûté quelques années de guerre supplémentaires et que nous l’avons arraché à une puissance qui se place aujourd’hui au Maroc comme le protecteur, le tuteur. Aujourd’hui, ce que les Marocains appellent le Sahara oriental est un territoire tout à fait algérien, comme le prouve le test référendaire de 1962. Un test qu’on prévoit aussi au Sahara occidental, inch’Allah !
M. Z. mohamed_mohamed@yahoo.fr
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Le Jeune Indépendant, 12/8/2010
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