LA DIASPORA MAROCAINE ET LE TERRORISME

Les réseaux terroristes du Maghreb et l’influence croissante d’Al-Qaïda dans la région du Sahel inquiètent les spécialistes occidentaux du renseignement réunis jeudi à Berlin, qui craignent une contamination en Europe.
“Le danger Al-Qaïda va croissant en Afrique du Nord”, a ainsi assuré jeudi le chef du renseignement allemand, Ernst Uhrlau, lors d’un symposium international à Berlin, ajoutant qu'”en Europe on risque d’avoir affaire à des terroristes issus de l’immigration du Maghreb”.
L’Espagne a accepté, le 24 octobre, la demande d’extradition définitive de Hassan El Haski. Condamné à 14 ans de prison après les attentats de Madrid en 2004, le numéro 1 du GICM purgera donc sa peine au Maroc où il comparaîtra, de surcroît, pour sa participation supposée aux attentats de Casablanca de 2003.
Pendant des lustres, le Maroc et les Marocains étaient considérés comme un territoire et un peuple immunisés contre le jihadisme terroriste qui éclosionnait dans d’autres espaces géographiques musulmans et ailleurs. Les attentats de Casablanca, en 2003 et du 11 mars 2004, à Madrid, ont réveillé abruptemet les européens de leur sommeil : La majorité de leurs auteurs étaient des marocains de provenance social et de formation professionnelle et intellectuelle très différentes.
Contrairement aux groupes terroristes algériens qui, en dehors des attentats de Paris, opèrent en Algérie, les groupes terroristes marocains ont pris comme champ d’action le Maroc et l’UE. Les arrestations de membres des groupes marocains en France, en Belgique, en Espagne et au Maroc se font chaque année depuis une décennie.
Theo Van Gogh, réalisateur, écrivain et chroniqueur, a été assassiné le 2 novembre 2004, à Amsterdam, suite à la diffusion à la télévision de son film sur l’islam. Le 9 novembre 2005, Muriel Degauque, Belge, s’explose à Baghdad dans un attentat suicide ; alors que, presque simultanément, Issam, son époux, Marocain, est abattu, dans la même ville, par des soldats américains.
Les médias français ont fait savoir, jeudi 11 septembre, que cinq membres du Groupe Islamique du Salut Marocain (GISM) seront jugés en 2009 par un tribunal français pour des accusations de financement du terrorisme, après avoir volé un million d’euros en mars 2004. Deux terroristes marocains ont été abattus au niveau de la commune d’Aït Oumalou lors d’une campagne de ratissage menée par les forces de l’ordre algériennes. Au mois de juin, l’Espagne a décidé d’extrader le Belgo-marocain Mohamed El Bay et l’hispano-marocain Ali Aâras. Ce dernier serait membre du groupuscule Harakar Al Mujahidin Fi Al Maghrib (Mouvement des Moujahidines au Maghreb) depuis 1982. Au mois de septembre, un marocain y un mauritanien appartenant à l’organisation Al Qaida au Maghreb Islamique ont été transférés vers la prison de Serkadji, à Alger pour être jugés avec trois autres marocains et un Lybien détenus auparavant. Au mois de février, la police marocaine procédait à l’arrestation du Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj suspecté d’être le chef présumé d’un réseau terroriste, composé de 36 éléments, dont le but était d’exécuter des personnalités des plus représentatives du système, dont des généraux de l’armée, ainsi que des marocains de confession juive. Belliraj est accusé d’avoir tué plusieurs personnes en Belgique.
L’organisation terroriste Marocaine, connue sous le nom de « Feth El Andalous » dans un communiqué diffusé sur Internet, a menacé de frapper des ambassades et consulats Espagnols dans les pays maghrébins, et en particulier en Algérie et au Maroc. Les medias Marocains ont rapporté que les investigations en cours, essayent de trouver des rapports entre les détenus soupçonnés d’appartenir à l’organisation « Feth El Andalous » et ceux appartenant à l’organisation « Tahrir El Andalous » dont le leader était le Marocain Abou Illyés.
Les exécutants d’attentats terroristes sont toujours des habitants du pays visé ou des proches voisins pourvoyeurs d’une importante diaspora. En Grande-Bretagne, les actes terroristes ont été exécutés par des ressortissants d’origine asiatique, d’où vient une grande partie de la communauté musulmane immigrée.
Selon les statistiques, près de 4 millions de Marocains vivent en Europe, dont la grande majorité en Espagne, en France et en Italie. En Espagne, avec plus de 600.000 personnes, la communauté marocaine est de loin la plus grande des communautés étrangères.
Le CNI, les services secrets espagnols, signalait dans une note publiée au mois de février 2008, la nécessité de favoriser l’importation de main d’œuvre roumaine et réduire le nombre de marocains sur le territoire espagnol devant le risque d’islamisation de la population étrangère. Les services de sécurité ont appuyé sur la sonnette d’alarme face aux dangers que représente la communauté marocaine dans une conjoncture où la crise économique bat son plein et le taux de chômage augmente considérablement parmi les milieux étrangers.
Dans le temps, c’était pour des raisons politiques. Aujourd’hui, les principales demandes d’extradition faites par le Maroc concernent des affaires de terrorisme ou de trafic de drogue.
Les autorités marocaines reconnaissent la culpabilité des marocains dans les attentats de Madrid et l’assassinat de Van Gogh, mais insistent qu’ils se sont radicalisés dans les pays qui l’abritent et ils obéissent à des ordres donnés par des islamistes qui vivent en Europe. Les officiels marocains insistent sur le fait que les courants terroristes qui agissent au Maroc, tels que les salafistes combattant, d’inspiration wahabiste saoudienne et le Groupe Islamiste Combattant Marocain (GICM), composés de vétérans de l’Afghanistan, reçoivent leurs instructions depuis l’Europe.
Les autorités marocaines viennent de convoquer les Imams des mosquées de l’Espagne dans le cadre de la lutte contre les tendances intégristes au sein de la diaspora marocaine. Un mois avant, le ministère marocain des affaires réligieuses avaient organisé des réunions avec les Imams se trouvant aux Pays Bas, même si parmi ceux-ci il y a eu une certaine proteste contre cette initiative considérée par le gouvernement néerlandais comme une ingérence dans les affaires internes.
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