WASHINGTON – Le département d’Etat a épinglé le Maroc sur l’étendue du trafic humain qui touche hommes, femmes et enfants marocains victimes de travail forcé et de trafic sexuel non seulement dans leur pays mais aussi en Europe et dans le Moyen-Orient.
Dans son rapport mondial 2012 sur la traite humaine, le département d’Etat souligne que le Maroc est, triplement, “une source, une destination et un pays de transit pour les hommes, les femmes et les enfants qui sont soumis au travail forcé et au trafic sexuel”.
Plus encore, relève le rapport, “les hommes, les femmes et les enfants marocains sont exploités pour le travail forcé et le trafic sexuel dans les pays européens et du Moyen-Orient”.
Il précise, particulièrement, que “les femmes marocaines sont également contraintes à se prostituer dans les pays du Golfe et d’autres pays du Moyen-Orient ainsi qu’en Europe”.
Même les enfants, dont des fillettes, ne sont pas épargnés par la traite humaine : “Certaines filles marocaines des zones rurales sont recrutées dès l’âge de 6 ou 7 ans pour travailler comme domestiques dans les villes et vivent souvent dans des conditions de travail forcé, comme le non-paiement des salaires, les menaces et les agressions physiques et sexuelles, ainsi que les interdictions de sortie”, constate le département d’Etat.
“Soumis au travail forcé, les enfants sont contraints de quitter leur campagne natale pour aller travailler dans les villes comme petites bonnes, ouvriers, mendiants ou pour se prostituer”, précise le rapport. Quant aux petits garçons, “ils sont forcés à travailler comme des apprentis dans les secteurs de l’artisanat, du bâtiment ou dans des garages comme petits mécaniciens”.
L’autre phénomène relevé par le département de Hillary Clinton est “le tourisme sexuel des étrangers dans les grandes villes du Maroc” en citant également la pédophilie pratiquée par ces touristes étrangers avec des enfants marocains.
Par ailleurs, le rapport note que des hommes et des femmes ainsi qu’un nombre croissant d’enfants, originaires principalement de l’Afrique sub-saharienne et de l’Asie du Sud, entrent au Maroc volontairement, mais illégalement, avec l’aide de passeurs.
Une fois au Maroc, décrit-il, “certaines femmes et filles sont contraintes à la prostitution ou, moins fréquemment, forcées au travail domestique”.
Le département d’Etat signale que parfois, ces femmes migrantes sont “acheminées vers d’autres villes, dont notamment Casablanca, puis vendues dans les réseaux de prostitution”.
Abordant la traite de la gent masculine marocaine dans la région du Moyen-Orient, le rapport souligne que certains hommes marocains, à qui il a été promis du travail dans les pays du Golfe, “se voient confisquer les passeports et sont contraints à la servitude par leurs dettes” dans ces pays.
Quant au rôle qui échoit aux autorités pour lutter contre la traite humaine, le département d’Etat note que ’’le gouvernement marocain ne se conforme pas aux normes minimales pour l’élimination de ce fléau”.
A ce propos, le département d’Etat recommande au Maroc de “promulguer une loi globale de lutte contre le trafic humain qui interdit toutes les formes de la traite humaine tout en prévoyant des sanctions sévères, d’initier des actions avec les pays de destination de la traite des Marocains afin de poursuivre en justice ceux qui les soumettent au travail forcé et à la prostitution, d’améliorer la protection des enfants et de mener des campagnes de sensibilisation du public sur toutes les formes de la traite dont le tourisme sexuel dont sont victimes notamment les enfants”.
APS
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