El Ouali Moustapha, le soir de la proclamation de la RASD |
Du 12 au 15 juillet 1972, Rabat a accueilli le sommet de l’OUA qui a réuni 22 Chefs d’Etat africains. Le président Mokhtar Ould Daddah passe les commandes de l’organisation panafricaine au roi du Maroc Hassan II. Celui-ci, joyeux, organise le lendemain, le 16 juin, une conférence de presse dans laquelle il définit longuement la stratégie à suivre pour aider les mouvements de libération africains. «Moi je pense que si les mouvements de libération veulent parvenir à un résultat il faut que les pays limitrophes acceptent d’abord de servir de bases militaires à ces pays occupés. En acceptant de servir de base, ils accepteront en même temps tous les inconvénients de cette situation à savoir le droit de suite, de poursuite, de représailles … Si, un mouvement de libération doit vraiment être organisé et formé il lui faut s’ériger en gouvernement en exil avec ses ministres, sans premier ministre ni Chef d’Etat; à ce moment il demande la reconnaissance de jure ou de facto non seulement des pays africains, mais des pays amis» , avait-il dit (1).
A cette époque-là, le Maroc ajoutait un million de dollars au budget alloué aux mouvements de libération africains. Mais c’était sans compter que le cas du Sahara «espagnol» pouvait être un jour concerné par une telle mesure. Entre ses trois pays voisins, il existait un consensus sur la nécessité de décoloniser le territoire à travers un référendum d’autodétermination. Selon une dépêche du journal français Le Monde du 16 septembre 1970, Hassan II, Mokhtar Ould Daddah, et Houari Boumediène, réunis à Nouadhibou “ont décidé d’intensifier leur collaboration (…) pour hâter la décolonisation du Sahara sous dénomination espagnole, et ce conformément aux résolutions de l’Organisation des nations unies “.
« Après une étude approfondie de la situation qui prévaut au Sahara sous domination espagnole, les présidents Mokhtar Ould Daddah et Houari Boumediène et le roi Hassan II ont décidé d’intensifier leur collaboration étroite pour hâter la décolonisation de cette région et ce, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU. A cet égard un comité tripartite de coordination a été créé, chargé de suivre en permanence tant sur le plan politique que diplomatique le processus de décolonisation », dixit le communiqué sanctionnant leur rencontre (2).
Le 10 mai 1973, un groupe de jeunes sahraouis annonça à Zouérate la naissance du Front Populaire pour la Libération de Saguia El Hamra y Rio de Oro (FPOLISARIO). Dix jours après, le 20 mai, le mouvement sahraoui signera sa première opération militaire en attaquant la garnison espagnole de El Janga, dans la région de Jdeiriya. Le succès de la guerrila organisée par le Front Polisario et la popularité qu’il a gagné au sein de la population sahraouie ont poussé les espagnols à se plier aux résolutions de l’ONU en acceptant l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
L’idée d’un Sahara indépendant sous les commandes d’un mouvement armé et financé par Gadhafi déplaisait au plus haut point au roi Hassan II qui soupçonnait le leader libyen d’être derrière une tentative de coup d’Etat contre le souverain marocain. En 1974, Rabat revendique le Sahara Espagnol.
En 1975, les sahraouis fuient en masse l’occupation marocaine et ils feront ce que le roi Hassan II avait proposé en 1972. Ils se sont installé dans le sud-ouest algérien, proclamé leur Etat indépendant, formé leur gouvernement en exil, l’Algérie leur a servi de base arrière et ils ont demandé la reconnaissance de la RASD qui est devenue membre à part entière de l’OUA et a été reconnue par plus de 80 pays dans le monde. Peut-on dire que le défunt roi du Maroc a inspiré la stratégie suivie par les sahraouis ?
(1) L’OUA et le question saharienne, page 221, Raoul WEEXSTEEN,
(2) Idem, page 219
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