Le trafic annuel de cocaïne en Europe atteint 35-40 milliards de dollars, a dit à une conférence de presse à l’agence RIA Novosti à Moscou Victor Ivanov, directeur du Service fédéral russe de contrôle des stupéfiants. La majorité absolue de la cocaïne est livrée en Europe d’Amérique latine via l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. En plus de la cocaïne, l’héroïne afghane arrive en Europe à travers l’Afrique de l’Est et le Maghreb . Il convient de constater, a dit Victor Ivanov, la formation depuis le début du millénaire d’un puissant complexe d’infrastructure logistique : la production de cocaïne et d’héroïne dans deux centres mondiaux – en Amérique latine et en Afghanistan et leur transfert dans les pays européens, en Amérique du Nord et en Russie. « Il y a dix ans la cocaïne était une drogue exotique en Russie. Aujourd’hui le trafic de cocaïne en Russie avoisine trois tonnes, a dit notamment V. Ivanov.
L ’Afrique est l’un des principaux segments du système. Selon les experts, 400 de 950 tonnes de cocaïne fabriquées tous les ans en Amérique latine sont livrées en Europe via l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. Or, ce sont des données approximatives, poursuit Victor Ivanov. D’après certaines estimations, il s’agit de 1700 – 2000 tonnes de cocaïne. Par conséquent, il est possible que le trafic au marché mondial soit substantiellement plus important.
Ce complexe global, écrit Alexei Grigoriev ayant assisté à la conférence de pressé de Victor Ivanov, est très bien aménagé, il a des instruments de transports fiables, y compris les sous-marins. A y ajouter une conspiration profonde. Protégé par les groupes armés et para-militaires, le narcotrafic est, dans le même temps, constamment contrôlé par les institutions internationales, régionales et nationales, notamment militarisées. Malheureusement, estime Victor Ivanov, la maffia s’avère parfois dans cette guerre impitoyable plus efficace que les forces qui lui sont opposées. Sinon, il y aurait moins de cocaïne aux marchés européens et il coûterait plus cher. Or, il existe des succès dans cette guerre, notamment sur le front africain, poursuit Alexei Grigoriev, le procès contre 8 citoyens vénézuéliens, néerlandais, mexicains et nigérians accusés de transfert de cocaïne évaluée à plus d’un milliard de dollars (734 millions d’euros) s’est terminé en octobre dernier à Banjul, capitale gambienne, écrit Alexei Grigoriev. Les coupables ont été condamnés sur verdict du juge Lamine Tabally à 50 ans de réclusion ainsi qu’aux amendes de 1,4 millions d’euros chacun. Les étrangers ont été saisis en juin 2010 lorsque la police gambienne a découvert près du village de pêcheurs Bonto 85 paquets avec 2,1 tonnes de cocaïne. Selon l’enquête, il était prévu de transporter la cocaïne en Europe. Il a été établi que le chef de police locale, le ministre de la pisciculture et les collaborateurs de l’Agence nationale pour la lutte antidrogue aidaient, pas du tout gratuitement, d’ailleurs, les trafiquants. Le président gambien Yahya Jammeh a déclaré à la radio nationale : «Pour les criminels, je suis pour la tolérance zéro. Pour la drogue, pour la tolérance double zéro». De l’avis des experts, 2,1 tonnes de cocaïne interceptée en Gambie représentent un record absolu pour l’Afrique de l’Ouest.
La cocaïne latino-américaine est livrée initialement dans les ports maritimes des pays d’Afrique de l’Ouest, ensuite en contournant les frontières peu contrôlées dans certains endroits secrets dans le Sahel, puis le plus souvent par caravanes de dromadaires à travers le Sahara jusqu’au littoral méditerranéen du Maghreb, d’où – par chaloupes en Europe. Malgré les risques d’être arrêtés par les narcopoliciers, les trafiquants n’abandonnent pas leur métier en quête d’immenses bénéfices. Le montant des bénéfices frappe l’imagination. Les experts de l’O ffice de l’ONU contre la drogue et le crime ont indiqué à la conférence internationale pour la corruption et le blanchiment des bénéfices criminels tenu en octobre 2011 à Marrakech что les trafiquants de drogue, auraient blanchi environ 1600 milliards de dollars, soit 2,7% du PIB mondial en 2009, mais une partie infime de ces montants astronomiques est saisie. « Le suivi des flux de fonds illicites générés par le trafic de drogue et le crime organisé et l’analyse de la manière avec laquelle ils ont été blanchis à travers les systèmes financiers mondiaux, restent de lourdes tâches », a été contraint d’avouer le directeur de l’ONUDC Youri Fedotov.
Des rivières de cocaïne protégées, notamment par Al-Qaida au Maghreb islamique coulent toujours dans les déserts du Sahel et du Sahara. Des bandes d’Al-Qaïda très bien armées avec des téléphones satellites sillonnent le désert en Jeeps en escortant la cocaïne suivant tout l’itinéraire jusqu’au littoral maghrébin. La Libye a constitué jusqu’à récemment un obstacle sérieux. Mouammar Kadhafi a établi un strict contrôle aux frontières de la Jamahiriya en réprimant sans pitié les trafiquants. Il en a chargé, en particulier, à la frontière avec le Niger le colonel connu sous le nom « Nadjim ». Or, le régime Kadhafi renversé, « Najim » a disparu avec ses fidèles. «Avec la crise libyenne, un important verrou a sauté, c’est le dispositif de sécurité contre les trafiquants », dit Macalou Diakité, de l’Office national de Répression du trafic de drogue et de stupéfiants du Mali. L’écroulement du régime Kadhafi a simplifié la vie des trafiquants de drogues qui parviennent mieux à rejoindre l’Europe.
Il serait prématuré de faire une telle conclusion, a dit Vladimir Ivanov en répondant à la question de notre correspondant. Je me suis entretenu avec le vice-ministre français des AE avant le début des événements en Libye et il m’a dit que le gouvernement Kadhafi avait beaucoup fait pour intercepter le narcotrafic sur le territoire du pays. Donc, les soucis ne manquent pas chez les Européens.
Voix De La Russie, 3/3/2012
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