Le chanteur Renaud et la machine à fabriquer de l’argent

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Le sujet que nous allons traiter aujourd’hui va paraître saugrenu à beaucoup de lecteurs mais il nous a semblé révéler un des travers de la société de consommation occidentale et du capitalisme outrancier et sans états d’âme. Le chanteur Renaud, qui est une des stars de la chanson française actuelle, est visiblement très mal au point, à telle enseigne qu’il inspire une certaine compassion à ceux qui ont eu l’occasion de le voir récemment à la télévision française.

Très affaibli par les excès d’une vie d’artiste rebelle, notamment une addiction sévère à l’alcool et au tabac, il a annoncé il y a quelques jours, la mine défaite et tenant à peine debout, qu’il préparait un nouvel album de reprises d’anciens succès de la chanson, ce qui, entre nous, n’est pas un exercice de création véritable. Cela fait des années que Renaud passe directement de la cure de désintoxication au studio d’enregistrement !

Cet acharnement à poursuivre un travail artistique malgré un état de santé précaire mérite le respect, mais il y a peut-être une réalité moins glorieuse qui se cache derrière ce spectacle poignant d’une vedette de la chanson qui persiste à chanter au dessus de l’abîme. La presse parisienne a signalé à plusieurs reprises que le chanteur avait régulièrement des soucis d’ordre financier (à cause de son train de vie dépensier, nous supposons).

Dès lors, son entourage professionnel pourrait bien être suspecté d’utiliser ces périodes d’insécurité matérielle et peut-être de faiblesse psychologique pour pousser jusqu’au bout une certaine logique mercantiliste, ne plus regarder notre artiste que comme une machine à fabriquer de l’argent et tenter de le presser comme un citron en faisant fi de toute considération de préservation de sa dignité humaine.

Un chanteur, un écrivain, un peintre ne peut pas vivre uniquement d’amour et d’eau fraîche, encore moins les sociétés de production, les éditeurs, les galeristes, toute cette intendance, y compris industrielle, qui permet au créateur d’exister publiquement.

Malheureusement, parfois, des dérives ont lieu qui posent le problème de la place de l’éthique dans le circuit qui gère, en aval, la naissance d’une œuvre d’art. Dans les années 1970, l’écrivain algérien Mohammed Dib avait confié à un ami que son éditeur parisien, en l’occurrence les Éditions du Seuil, lui avait demandé de changer de prénom car le sien «n’était pas très vendeur».

Amine Bouali

Algérie1, 22/09/2021

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