La statégie marocaine pour gérer les situations de crise

Sahara occidental / Décision du Maroc de suspendre ses contacts avec l’UE : « Une stratégie» pour gérer les situations de crise, selon Afrique Asie
Que se cache-t-il derrière la décision du Maroc de suspendre ses contacts avec l’Union européenne (UE) suite à l’introduction de recours par le Conseil de l’UE au verdict de la Cour européenne de justice (CJUE) annulant l’accord agricole entre les deux parties ? 
Cela fait partie de la dramatisation paroxystique et de la théâtralisation qui « sont une composante essentielle de la stratégie de la tension que ce pays a érigée en norme de fonctionnement pour gérer des situations de crise d’ailleurs, très souvent artificielles », lit-on sur les colonnes du magazine Afrique Asie. 
Jeudi dernier, pour rappel, le Chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a reçu l’ambassadeur de l’UE à Rabat pour l’informer de la décision de son pays de «l’arrêt de tout contact avec la Commission européenne et le Conseil européen». Une décision prise pour contester le verdict de la CJUE qui a annulé, le 10 décembre dernier, l’accord agricole qui liait l’UE au Maroc, et ce, suite à une plainte déposée par le Front Polisario qui a contesté cet accord qui incluait le Sahara occidental occupé par le Maroc. 
La CJUE a relevé dans son jugement que le Conseil de l’UE a manqué à son obligation de vérifier si l’exploitation des richesses naturelles du Sahara occidental occupé se fait ou non au profit du peuple sahraoui. Irritée par la décision unilatérale du Maroc, l’UE a tenu à lui rappeler les principales règles et usages protocolaires et diplomatiques en mettant l’accent sur «le respect mutuel». 
Les responsables européens ont, bien entendu, poursuit la revue, « refusé de se plier à cette manœuvre dont l’objectif principal est de politiser la requête dans le but d’obtenir, par voie judiciaire, la disqualification du Polisario en tant que personnalité morale pouvant ester le Conseil européen en justice ». 
Rabat «doit définitivement comprendre les contraintes juridiques qui s’imposent à l’exécutif européen et qu’il doit surtout admettre que l’exercice d’autosuggestion nourri tout au long de ces dernières années par le mythe du «partenaire supposé être le plus important dans la région a atteint ses limites», a-t-elle relevé. 
S’agissant de savoir quelles pourraient être les suites du pourvoi en appel, Afrique Asie a expliqué que cette question a fait «l’objet de débats au sein de la commission du commerce international du Parlement européen, le 15 février. «Et il ressort des positions présentées par les responsables des différents services juridiques (Conseil, Commission et Parlement) que, compte tenu du statut des territoires du Sahara occidental, en tant que territoire non autonome, les options sont au nombre de trois, si le tribunal devait confirmer son jugement», a poursuivi la revue. 
La première option serait que le Maroc accepte un mécanisme intrusif par lequel le Conseil va «s’assurer par lui-même qu’il n’existait pas d’indices d’une exploitation des ressources naturelles du territoire du Sahara occidental sous contrôle marocain susceptible de se faire au détriment de ses habitants et de porter atteinte à leurs droits fondamentaux». Mais, selon la revue, ceci ferait «imploser la fiction de la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés». 
«Négocier un nouvel accord qui prenne clairement en compte les intérêts du peuple sahraoui» serait la deuxième option envisagée, a-t-elle ajouté. 
Enfin, en troisième option, «carrément exclure le Sahara occidental de l’accord. Comme ce fut le cas de l’accord de libre-échange signé avec les Etats Unis», conclut la revue.
Reporters, 28/02/2016
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