Moroccoleaks : Argumentaire et éléments de réponse au livre "Le roi prédateur"

Texte envoyé par email par Mourad El Ghoul, Directeur du Cabinet de Yassine Mansouri, à Said Temsamani, “chercheur en résidence au Meridian International Center à Washington et membre del Washington Press Club”. A l’instar d’Ahmed Charai, il est présenté aux américains comme conseiller et journaliste. 
Il y a lieu de rappeler que cet email a été envoyé 5 jours avant la parution du livre “Le Roi prédateur” de Catherine Graciet et Eric Laurent




Argumentaire et éléments de réponse 
Aux campagnes anti–marocaines
(Presse et ouvrages)
Modus Operandi général de la production de connaissance positive
Il est important, pour que la production de connaissance positive puisse être efficace, d’adopter un ton neutre dans le traitement des articles, afin de renforcer la puissance du message.
D’autre part, il est suggéré, dans les articles paraissant à l’international, d’utiliser de la sémantique utilisée habituellement par les contempteurs incluant les termes : « Palais », « Makhzen », « Cour » « Royaume Chérifien » ou encore « serviteurs du trônes ». 
Cette sémantique est de nature à attirer le lecteur-notamment occidental- vers le produit. Il sera ainsi plus aisé de lui « injecter » le contenu positif dans le message.
A cet égard, il faut insister sur la neutralité apparente de ce dernier. 
Par exemple, le programme autoroutier de ces dix dernières années peut être qualifié de chantier « ambitieux » mais pas de chantier « gigantesque ».
De même, il faut utiliser certains clichés, qui constituent autant de points d’entrée pour le lecteur, en reprenant du contenu narratif qui renvoie à l’imagerie nationale. 
Ainsi, par exemple, une phrase telle que : « les éperons d’or des chevaux de la garde royale scintillent au soleil, immobiles devant « Dar El Makhzen », le palais du souverain chérifien » peut être utilisée, bien que peu courante dans la presse marocaine. 
Cette imagerie, bien qu’à priori empesée, est nécessaire afin de procéder à l’installation de l’imaginaire du lecteur, habitué à avoir ce type de descriptions de la part des journalistes étrangers . 
Argumentaire général 
Ainsi, l’argumentaire susceptible de faire contrepoids à l’ouvrage et à la campagne de presse qui l’accompagne doit être résolument axé sur le bilan politique et économique du Maroc et sur le gain en stabilité politique et sociale dans un contexte régional et arabe tourmenté. Il faut donc revenir et insister –de manière systématique- sur les points suivants : 
Réformes politiques et sociales, menées parfois au forceps, en insistant sur l’exemple de la Moudawana, qui a permis de soustraire à la tradition de précieux droits en faveur des femmes ; 
La page tournée des abus des droits de l’homme, la normalisation de la vie politique, les grands chantiers structurants… Autant d’exemples d’une action volontariste pour rattraper les retards et combler les déficits cumulés de plusieurs décennies ; 
Dans cet argumentaire, il s’agirait de focaliser sur les côtés modernistes du souverain, sur sa réactivité positive face aux demandes de réformes politiques et démocratiques ; 
L’on doit également insister sur la popularité du souverain. La sympathie sincère que lui vouent les marocains comme principal argument ayant empêché les gens de descendre dans la rue dans le sillage du Mouvement du 20 février ; 
L’actualité des révoltes et des changements violents qui ont lieu dans le monde arabe pourrait être utilisée avantageusement afin de souligner la stabilité et la résilience politique et sociale du Maroc ; 
Pour crédibiliser les articles, il est également conseiller de concéder, au début de l’écrit, des points négatifs, notamment en parlant de « clientélisme de la classe politique » et de l’indispensable combat contre la corruption » 
Angles d’attaque du contenu narratif de l’ouvrage « Le roi Prédateur » 
Sur la « Prédation économique », le roi « citoyen investisseur » 
ONA 
Il faut rappeler l’historique de l’ONA, qui était une entreprise à capitaux français qui s’est retrouvée en grande difficulté à un moment de son histoire. La société a été fondée par le français Jean Epinat et par le Pacha El Glaoui (soutenu par les français pour exiler le roi légitime du Maroc, Mohammed V). Il faut insister sur le fait qu’aucun capitaine d’industrie marocain n’était en position de la reprendre à l’indépendance, notamment du fait de la taille réduite du secteur privé marocain. 
Il y a également une dimension de « sécurité alimentaire » dans le fait que l’ONA aie investi, au début des années 80, dans l’huile, le sucre, le lait et ses dérivés. Ceci procédait de la volonté du roi de ne pas laisser ces pans stratégiques être pris en otage par des intérêts étrangers, alors que le Maroc se dirigeait vers un ajustement structurel dicté par le FMI. Ces secteurs ont d’ailleurs été abandonnés récemment lors du désengagement progressif de la famille royale de l’économie marocaine, avec la vente d’une grande partie du capital de Lesieur et une rotation d’actionnariat vers la SNI. 
Dimension de leadership et témoignage d’excellence 
Les sociétés dans lesquelles le souverain est actionnaire sont toutes leaders dans leur secteur en termes de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Ceci procède d’une volonté de créer des « locomotives économiques » qui adopteraient les standards les plus élevés en termes de gestion des ressources humaines, de captation et fixation des talents qui risqueraient autrement d’émigrer. 
De surcroit, des fondations caritatives ou à but culturel ont été systématiquement arrimées à ces entreprises qui se situent dans le giron royal, afin de permettre un investissement important dans la recherche, se substituant ainsi à l’Etat (dattes pour l’agroalimentaire ou ophtalmologie pour le volet social). 
Là aussi, les entreprises ayant pour actionnaire le roi ont pallié à un manque important dans le secteur, générant une dynamique qui a engendré des répliques chez les autre opérateurs privés. 
Sur le volet culturelle, la Fondation ONA est considérée comme le vaisseau amiral d’une stratégie culturelle impulsée par le roi, allant de la préservation des kasbah, à la restauration du patrimoine oral et écrit, en passant par la promotion de nouveaux courants picturaux grâce aux « Villas des arts », véritables poumons culturels. 
Sur la Banque 
Sans la volonté royale, Attijariwafabank (AWB) ne se serait certainement pas projetée vers le contient africain, permettant ainsi une complémentarité entre l’action politique et sa traduction sur le plan économique et financier. AWB est ainsi l’un des tous premiers « champions nationaux » sur le continent, avec une stratégie d’enracinement et de partenariat sud-sud novateur. 
La fusion avec la Wafabank procédait de la volonté d’atteindre la « taille critique » qui permettrait à la banque commerciale du Maroc (BCM) d’appréhender ses objectifs africains avec ambition, en consolidant sa présence locale à travers l’élargissement de son réseau. 
Le roi investisseur-citoyen 
Contrairement à d’autres régimes monarchiques, les entreprises ayant pour actionnaire le roi du Maroc sont soumises au même titre que toutes les autres à l’impôt, et constituent de fait l’un des contributeurs importants au budget général de l’Etat. Il faut ici ajouter les contributions de ces entreprises au rayonnement culturel et patrimonial du Maroc, à travers le sponsoring de nombre d’évènements et la participation massive au financement des fondations d’utilité publiques : environnement (FM6E), réinsertion des détenus, et solidarité (Fondation Mohammed V). 
Un désengagement progressif 
Le pays arrivant à maturité économique, la holding ayant le roi comme actionnaire a opéré un virage stratégique en 2011 visant à faire d’elle un partenaire silencieux (« silent partner ») dans chacune des affaires dans lesquelles elle est engagée, avec une réduction très conséquente de ses participations, ainsi qu’une réorientation de ses activités visant un désengagement progressif de certains secteurs économiques. Parmi ces derniers, l’agroalimentaire et la distribution sont les premiers visés par ce désengagement progressif. 
les relations avec la presse 
Souvent décrites comme tendues, le relations avec la presse ont été empreintes d’une ouverture maitrisée au fil des années, qui a fait de la presse marocaine l’une des plus libres du monde arabe. Elle garde néanmoins ses spécificités. Les acteurs du secteur sont très éclatés et il n’existe pas de grand groupe à l’échelle marocaine qui puisse se prévaloir d’un quelconque leadership. 
Cet éclatement a favorisé la radicalisation du ton des publications-notamment arabophones- qui ont peu à peu glissé sur le terrain des attaques personnelles, voire de la diffamation. En l’absence d’une législation véritablement efficace qui protègerait les diffamés (les protagonistes n’ont jamais pu s’entendre avec le parlement sur la refonte du code de la presse) cette fuite en avant s’est intensifiée, et a eu pour conséquences quelques procès qui ont débouché sur des interdictions de journaux, ce qui a eu un certain retentissement. 
Néanmoins, le chiffre de ces derniers reste très réduit, et l’on ne compte que 3 journaux (sur plus d’une quarantaine de publications) interdits en treize ans : « Le journal Hebdomadaire », qui est reparu moins de deux mois plus tard, « Demain » qui a disparu après la condamnation de son rédacteur en chef Ali Lamrabet à une interdiction d’exercer, et « Tel Quel » qui a vu un de ses numéros interdit en 2009.
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