Le site de Julian Assange a publié à ce jour dix livraisons de courriels de John Podesta, le directeur de campagne de Hillary Clinton. La presse anglo-saxonne tempère les rélévations de Wikileaks, mais souligne leur gravité.
« Hillary Clinton a bien de la chance. Sans Donald Trump (…), les dernières semaines de la campagne tourneraient entièrement autour des e-mails [de sa campagne] », constate un chroniqueur du quotidien britannique The Independent. Depuis une dizaine de jours, le site Wikileaks diffuse en effet massivement des courriels du directeur de campagne de la candidate démocrate, John Podesta. Plus de 15 000 à cette date, en une dizaine de livraisons – et Julian Assange a assuré qu’il y en avait plus de 50 000 au total, de quoi tenir jusqu’à l’élection du 8 novembre. Des responsables des renseignements américains ont déclaré que des hackers russes pourraient être à l’origine de la « fuite ». Des hackers peuvent-ils interférer dans les élections américaines ? Si la presse américaine ne fait pas quotidiennement ses gros titres sur ces e-mails, elle les suit attentivement. Le site Politico a notamment créé un blog actualisé en direct, où sont postées, plusieurs fois par jour, des informations tirées des courriels de Wikileaks. Quelques chroniqueurs se sont aussi penchés sur ses e-mails. Le constat qui domine est qu’il n’y a pas eu, à ce jour, de révélation fracassante. « Le portrait d’Hillary Clinton qui émerge de ces innombrables pages est la même Hillary Clinton que nous connaissions déjà, estime le chroniqueur Doyle McManus, du Los Angeles Times. (…) Si vous étiez attentif avant la semaine dernière, WikiLeaks ne changera pas votre opinion. »
Hillary dans les pas d’Obama et de Clinton
Même constat du côté de The Atlantic, qui ajoute : « La façon dont vous réagirez à ces emails dépendra presque certainement de votre opinion préalable sur Hillary Clinton. Un fan de Bernie Sanders, qui voit en elle une démocrate proche des grandes entreprises et une opportuniste, en trouvera confirmation dans ses hésitations sur le genre de réforme à soutenir pour Wall Street (…) et dans un discours rémunéré où elle avançait qu’il faut ‘avoir une position publique et une position privée’. » Ceux qui jugent Clinton corrompue « flaireront le complot en trouvant des signes qu’un porteparole de [sa] campagne qui a travaillé pour le ministère de la Justice avait été averti d’une audience judicaire » au sujet de ses e-mails du département d’État. Toutefois, poursuit le magazine : Le fil rouge de ces e-mails est qu’ils montrent une candidate faisant de la politique. Ni plus, ni moins. Clinton est une démocrate mainstream qui admire les ‘modérés’ et le pragmatisme. » Le chroniqueur de The Independent a un point de vue légèrement différent. « Il n’y a pas eu jusqu’ici (…) de révélation stupéfiante (…). Cependant, il y a déjà beaucoup de choses qui seraient assez embarrassantes, dans une campagne normale avec un adversaire normal », affirme-t-il. Par exemple, l’équipe de Clinton aurait tenté de faire repousser la date de la primaire républicaine dans l’Illinois pour réduire le risque qu’elle ne favorise un républicain modéré, qui aurait été un adversaire plus redoutable pour la candidate. « Les Clinton n’oublieront pas ce que leurs amis ont fait pour eux », notait le courriel en question.
Les médias complices ?
L’événement le plus commenté à ce jour est sans doute la publication de transcriptions de trois conférences payantes données par Hillary Clinton lors d’événements organisés par la banque Goldman Sachs. La candidate s’y montre très peu critique au sujet des banquiers de Wall Street, à qui elle déclare qu’ils ne sont pas les seuls responsables de la crise financière et que la loi Dodd-Frank votée en 2010 pour renforcer la réglementation du secteur financier a été passée « pour des raisons politiques ». Des propos cités mais relativisés par le chroniqueur plutôt progressiste du Los Angeles Times, qui préfère les remettre dans leur contexte, en soulignant par exemple qu’elle avait aussi déclaré aux banquiers que d’autres réformes étaient nécessaires. La presse conservatrice se montre beaucoup moins compréhensive, à l’image d’une chroniqueuse du Wall Street Journal. « Le pays a désormais la preuve d’à peu près tout ce dont elle a été accusée », écrit Kimberley Strassel, en citant non seulement les e-mails révélés par WikiLeaks, mais aussi d’autres documents. La chroniqueuse en profite pour tancer la presse et les médias qui passent sous silence ces informations, « préférant consacrer leurs gros titres à Donald Trump ».
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