Wikileaks : Un ami intime du roi M-6 arrêté en possession de drogue

Grosse révélation de Wikileaks : Karim Wade arrêté au Maroc en possession de drogue

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Il y a deux ans, un fonctionnaire de Police marocain trop zélé a arrêté Karim Wade à l’aéroport de Casablanca, en possession de haschich. Le ministre d’Etat a été détenu pendant quelque temps, avant d’être libéré sur ordre de Mohammed VI. Cette outrecuidance a valu à l’officier d’être muté dans le Sahara marocain, sans affectation aucune.

par mohamed gueye

C’est du moins ce qu’assure une dépêche diplomatique de l’ambassade américaine de Rabat, reprise par le site wikileaks. Le site américain wikileaks.org n’en a pas fini avec les frasques du ministre d’Etat Karim Wade. Une dépêche de l’ambassade américaine à Rabat, signée par le chargé d’affaires de la mission diplomatique, M. Robert P. Jackson, et datant de septembre 2009, informe que le ministre d’Etat, chargé de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Infrastructures et des Transports aériens, M. Karim Wade, avait été interpellé il y a deux ans, à l’aéroport de Casablanca avec de la drogue et détenu pendant un mo­ment. Il a fallu, ajoute le document, l’intervention du Roi Mohammed VI pour sortir Karim Wade d’affaire.

La dépêche américaine visait à faire l’évaluation des efforts du ro-yaume chérifien en matière de lutte contre la drogue. Et l’on sait que ce pays, outre qu’il produit une quantité appréciable de cannabis, est également une zone de transit de la drogue vers les pays d’Europe du sud. Cette année 2009, la dépêche diplomatique explique que les médias et l’opinion marocaine se sont félicités des efforts du gouvernement du Maroc de mettre un terme au trafic de drogue et aux activités des principaux barons de cette activité. Pour signe de ces efforts, les diplomates américains ont estimé qu’entre 110 et 140 tonnes de cannabis avaient été saisies et une centaine de personnes environ écrouées. Ce qui a permis au procureur du Roi, à Casablanca, de clamer que la Justice allait s’appliquer à tous, quel que puisse être leur rang.


Néanmoins, ces efforts des autorités marocaines ont semblé être contrecarrés par la volonté politique. Et sur ce point, on peut se contenter de citer la dépêche diplomatique, telle que reproduite par wikileaks : «Si la répression est dirigée par les plus hautes autorités, ces dernières peuvent aussi contrôler la suite des efforts d’interdiction. Il a été rapporté à la mi-août qu’un officier supérieur de la Police à l’aéroport de Casablanca, a été brutalement affecté à un poste à Laayoune (dans le sud du pays. Ndlr), au Sahara occidental. Les motifs invoqués étaient divers : un journal déclarait que c’était parce qu’il avait arrêté un proche d’un dirigeant africain, qui transportait de la drogue. D’autres journaux assuraient que c’était dû à une série de fautes professionnelles non spécifiées ; et même à un scandale sexuel. Mais des informations de Police ont confirmé la première raison, et indiqué que le proche en question était Karim Wade, le fils du Président sénégalais Abdoulaye Wade.
Ce fils, qui est ministre d’Etat chargé de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Infrastructures et des Transports aériens, a apparemment été arrêté en possession de haschisch, alors qu’il tentait de passer la sécurité de l’aéroport.»

Le document ajoute que le Roi Mohammed VI, dont l’amitié avec le ministre d’Etat Karim Wade est connue, n’a pas du tout apprécié de n’avoir pas été informé de l’arrestation de ce dernier par les fonctionnaires de l’aéroport. D’où sa décision de sévir contre eux.

Il n’empêche, cette action a montré à quel point la lutte contre le trafic de drogue pouvait être politisée, malgré le discours officiel qui se veut radical envers tous les trafiquants. Néan­moins, le chargé d’affaires américain, M. Jackson indique pouvoir comprendre que, par un coup de mauvaise humeur, le souverain marocain ait voulu sévir contre ses fonctionnaires, car «l’arrestation du jeune Wade pouvait mettre en danger les relations entre le Maroc et le Sénégal».
Cette information est si grosse que Le Quotidien s’attend à ce que le ministre d’Etat ne la passe pas sous silence. Et contrairement à sa démarche habituelle d’ester en Justice, ce dont on ne s’attend pas qu’il fasse à l’encontre de l’ambassade américaine à Rabat ou de wikileaks.org, on pense qu’il serait plus profitable pour lui de montrer qu’il est hors de portée et d’atteinte de tout soupçon dans toute affaire de cette nature.

mgueye@lequotidien.sn

Le Quotidien.sn, 13/09/2011

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