Le président américain Donald Trump vient d’affirmer que l’élection qu’il avait perdue face au président élu Joe Biden avait été usurpée, qualifiant les États-Unis de « nation du tiers monde ».
Il a répété cette accusation à la Maison Blanche en s’adressant aux journalistes, affirmant penser que le scrutin du 3 novembre était « truqué ». « C’est une honte pour notre pays. Nous sommes comparables à un pays du tiers monde, ces bulletins de vote affluant de partout, utilisant des machines dont personne ne connaît la provenance, dont personne ne sait rien », a-t-il déclaré.
Telle est la vision que les grands de ce monde ont de notre « gouvernance » ! De notre « démocratie » et de notre « système électoral ». Est-il besoin de rappeler qu’aucun chef d’État ou de gouvernement africain n’a mérité d’être distingué pour sa gestion des affaires du pays dont il avait pris les rênes; même pas parmi ceux qui ont quitté le pouvoir normalement et au terme prévu au cours des trois dernières années, en laissant leur pays mieux qu’ils ne l’avaient trouvé en arrivant !
Sur les vingt-deux membres de « la Ligue des États arabes », combien pourraient être considérés comme étant bien gouvernés ?
Ou même comme des États dignes de ce nom ?
Tous ces dirigeants pensaient, en leur temps, que l’histoire retiendrait leurs noms en « messies » qu’ils n’étaient pas en fait !
Et ce qui est rapporté ci -dessous n’est qu’un résumé très succinct des présidents, de quelques-uns parmi eux, qui ont connu des fortunes diverses lorsqu’ils étaient à la barre de leurs pays respectifs.
1. Il y a tout d’abord ceux qui, malades, n’ont pu terminer leur mandat :
Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire, est décédé le 7 décembre 1993. Il était à la tête du pays depuis de nombreuses années déjà.
Le roi Hassan II du Maroc, décédé le 23 juillet 1999, en plein règne.
Le général Gnassingbé Eyadema du Togo, mort le 5 février 2005, alors qu’il était au pouvoir.
Lansana Conté de la Guinée Conakry ne terminera pas son mandat et décède le 22 décembre 2008.
Levy Mwanawassa, qui présidait aux destinées de la Zambie, décède le 19 août 2008, à 59 ans. Il était au pouvoir depuis 2002.
Omar Bongo Ondimba du Gabon meurt le 8 juin 2009, alors qu’il présidait encore aux destinées de son pays.
Umaru Musa Yar Adua du Nigeria meurt le 5 mai 2010 en plein mandat de président de la République. Il avait 59 ans lui aussi.
Malam Bacai Samhà de Guinée-Bissau décède d’une maladie en 2009 en plein mandat.
Houari Boumediene lui aussi mort prématurément, à la force de l’âge.
Il faut dire qu’à ce jour, la maladie est rarement prise en compte comme un facteur déterminant pour confier des responsabilités à tout homme politique, a fortiori candidat à l’élection présidentielle.
Aujourd’hui, c’est le débat de l’heure, beaucoup plus de personnes souhaitent, mais en peine perdue dans nos contrées d’ici-bas, que les mandats des chefs d’Etat soient désormais limités à deux et que les candidats à la magistrature suprême prouvent, certificat à l’appui, qu’ils sont en parfaite santé.
2. Il y a ensuite ceux dont le mandat a été entaché de scandale et terni par des poursuites et des condamnations judiciaires :
Charles Taylor, président de la Sierra-Leone a été condamné à 50 ans de prison, le TPI l’estimant responsable de la guerre civile qui a fait près de 150 000 morts.
Mohamed Hosni Moubarak, 84 ans, balayé par le printemps arabe
Zine El Abidine Ben Ali, « dégagé » par la rue tunisienne a fui son pays en emportant les bijoux de la République, sans attendre les « remerciements » des Tunisiens qui, pour le coup, ont écrit une page d’histoire mémorable pour leur pays.
3. Il y a, aussi, ceux qui n’ont pas su mettre un terme à leur carrière de dictateurs et qui y ont laissé leur vie !
Saddam Hussein, l’Irakien arrêté dans une cave est jugé un an plus tard, par un tribunal spécial irakien qui le déclare coupable de génocide, crime contre l’humanité et crime de guerre. Il est exécuté par pendaison, le 30 décembre 2006, lors de la célébration de l’Aïd-el-Kébir, jour sacré pour les musulmans.
Kadhafi, président de la Libye, ensanglanté, bouffi, dénudé, brutalisé par des mains vengeresses, achevé enfin et enterré, anonymement, dans un coin perdu, à jamais, dans le désert libyen. La chute des dictateurs est souvent pénible et la mémoire populaire ne retient d’eux, en définitive, que les images de leur agonie ou de leur exécution.
La violence qui leur est appliquée, n’est que le choc en retour de leur incroyable brutalité quand ils dominaient le pays et asservissaient le peuple.
4. Il y a, enfin, ceux qui se sont accrochés au pouvoir en « tripatouillant » la constitution plus d’une fois !
Robert Mugabe, doyen des chefs d’État africains qui depuis 1987, s’est cramponné au pouvoir jusqu’à la fin de sa vie au grand dam de son peuple.
Abdelaziz Bouteflika, candidat à un 5ème mandat « à l’insu de son plein gré »
Ce dernier, s’est inscrit, bien évidemment, aux antipodes de José Mujica de l’Uruguay et de la foule qui avait scandé son nom à coup de « gracias pépé » au moment même où il s’apprêtait, le 28 février 2015, à quitter le pouvoir ; fidèle à son style, il est arrivé dans sa vieille coccinelle bleu ciel, au siège de la présidence à Montevideo, en costume sans cravate, pour signer les passations avec son successeur Vasquez Tabaré, sous les vivats du peuple reconnaissant, car faut-il le dire, autant l’entrant que le sortant ont constitué des bons gouvernements, en regardant vers les plus pauvres et notamment ceux qui avait le plus besoin.
Sur la déclaration de patrimoine, ses seules possessions, outre sa vieille voiture, sont la ferme dans laquelle il vit et qui appartient à sa femme ainsi que deux tracteurs et du matériel agricole. Il n’a ni dettes ni comptes bancaires, et il vient de quitter le pouvoir à l’issue de son mandat, au grand regret de son peuple qui a scandé à son intention : « Gracias Pépé, merci monsieur le président ! ».
Tout comme lui, mais sur un autre continent, Madiba restera pour l’éternité celui qui débarrassa l’Afrique du Sud de l’infâme politique de l’apartheid.
A la fin de son « unique » mandat, il estima qu’il était temps pour lui de se retirer et de passer le témoin à Thabo M’béké. à sa mort, les Sud-Africains, désormais réunis, lui ont dit, en chantant « Merci Madiba ! ».
C’est ce désintéressement et ce détachement du pouvoir qui interpellent et laissent admiratifs les citoyens d’ici et d’ailleurs !
Et le « gracias pépé » prend ici tout son sens ; ça n’a pas été le cas de Blaise Campaoré, qui a été « démissionné » après 27 ans de dictature et sur pression de la rue, après avoir tenté, en vain, de « tripatouiller » la Constitution du pays, pour s’offrir un « énième mandat ».
Le mandat de trop ! Le peuple, l’a « remercié » en piétinant son portrait.
Confronté à mobilisation populaire d’une ampleur sans précédent, Abdelaziz Bouteflika avait lui aussi annoncé sa démission le 2 avril 2019 !
Le défunt Mohamed Boudiaf aurait pu être l’alter ego de « Pépé Mujica », lui qui souhaitait vivre simplement son mandat de président ; il avait refusé, par exemple, de porter des costumes de marque Smalto leur préférant ceux de Sonitex.
Il avait juré de débarrasser le pays de toutes les maffias : il avait été assassiné quelques mois à peine de son investiture.
Il a été pleuré !
Encore aujourd’hui, le peuple se souvient de lui et le « remercie » des brefs moments d’espoir qu’il lui a donnés.
On dit aussi que Houari Boumediene mourut sans rien, son héritage consistant en un compte en banque où il y avait, à peine, 600 dinars. Les gens se souviennent encore de ses discours, notamment celui du 24 février 1971 !
Beaucoup en viennent à regretter son époque et n’hésitent pas, à titre posthume, à le « remercier » pour les moments de fierté qui leur a procurés.
Pour l’heure, le président Abdelmadjid Tebboune rassure le peuple algérien sur son état de santé ; il affirme qu’il est en voie de guérison et qu’il va revenir au pays dans les prochains jours, selon le dernier communiqué de la présidence de la République.
Rappelons que c’est ce type de communication parcellaire et le manque de professionnalisme de ses communiquants qui ont réveillé le spectre de la carence du pouvoir lors des hospitalisations à l’étranger d’Abdelaziz Bouteflika après son grave accident vasculaire cérébral en 2013.
On n’en est pas là, au grand désappointement des tenants des thèses allant de la période de « transition » des uns, à une « présidence collégiale » des autres.
On retient que le retour au pays de Tebboune est acté, même si aucune date n’est précisée ; il est censé promulguer prochainement la nouvelle Constitution après le référendum du 1er novembre et ratifier la loi de Finances 2021.
Une année après son élection le 19 décembre 2019, il devra, par ailleurs, mettre de l’ordre dans la « maison Algérie » dont l’image a pris un sacré coup avec les affaires de corruption et leurs auteurs, délinquants en cols blancs, qui ont mené le pays à la ruine, ou presque !
Il devra consacrer la liberté d’expression et d’opinion comme cela se fait dans toutes les démocraties du monde.
Il est aussi et surtout attendu pour les dossiers chauds concernant l’insécurité et les troubles agitant les frontières de l’Algérie.
Ceci pour dire que sa convalescence risque d’être écourtée et qu’il aura fort à faire pour briser les résistances à la mise en œuvre de ses 54 engagements électoraux pour « l’Algérie nouvelle » qu’il a promis aux Algériens.
Et c’est à ce prix là, et pour tous les sacrifices qu’il aura à consentir pour le pays et les Chouhadas auxquels il a prêté serment de fidélité, que, à l’instar de « Pépé Mujica » et « Madiba », les Algériens lui diront : merci monsieur le président !
Le Quotidien d’Oran, 10 déc 2020
Tags : Etats-Unis, EEUU, Donald Trump, USA,
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