En décidant, le 13 novembre dernier, d’une agression militaire caractérisée contre des manifestants civils sahraouis qui protestaient pacifiquement contre l’ouverture de la brèche d’El Guergarat, à l’extrême-sud du territoire du Sahara occidental occupé, le Makhzen ne s’attendait pas, à l’évidence, à un rapide retour de manivelle. Que l’annonce, le 10 du mois en cours, par le président américain sortant, Donald Trump, de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental, n’a pu occulté. Surtout que cette annonce a coïncidé avec celle de la normalisation du royaume du Maroc avec l’entité sioniste et que cette coïncidence ne doit rien au hasard.
Sahara Occidental – Maroc : Tel est pris qui croyait prendre
Deux faits qui révèlent, de la manière la plus éclatante qui soit, la totale soumission du Palais royal et de son Makhzen aux intérêts et aux agendas étasuniens et sionistes. De là à dire que ladite reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental – qui, pour la petite histoire, a été annoncée par un simple tweet -, n’est, dans les faits, qu’une vile et gratuite contrepartie à la normalisation, par notre “voisin de l’Ouest”, de ses relations avec l’entité sioniste, il y a un tout petit pas que, à l’instar de beaucoup à travers le monde, nous franchissons allègrement. Une évidence que refuse d’admettre le Makhzen.
Avec l’aide de tous ceux qui l’encouragent, depuis de longues années, dans son intransigeance à ne pas vouloir se conformer à la légalité internationale dans la résolution du problème, pendant depuis plus de quatre décades maintenant, du Sahara occidental, ce dernier s’échine plutôt à édulcorer la situation. En clair, à nier que l’évolution de la situation ne va aucunement dans le sens qu’il avait prévu. Agissant de concert, le Makhzen et ses soutiens occidentalo-sionistes appuyés par leurs sous-fifres de la région arabe – tout ce que celle-ci compte de monarchies et certaines républiques aux ordres, en fait – imposent, en effet, un black-out total et sur la reprise, à l’initiative du Front Polisario, des hostilités au Sahara Occidental, et sur les réactions en chaîne, qui vont grandissant à travers le monde, de rejet, tout à la fois, de la reconnaissance, par le président américain sortant, de la marocanité de ce territoire, et de la normalisation, par le royaume de M6, de ses relations avec l’entité sioniste.
Concernant le premier point, le Makhzen fait comme si rien ne se passe le long “du mur de la honte et de l’humiliation” et que la situation à El-Guergarat est des plus normales. Un silence démenti toutefois aussi bien par l’ONU qui, à maintes reprises depuis le 13 novembre dernier, a fait état d’accrochages le long de ce mur entre les unités de l’APLS (Armée populaire de libération sahraouie) et la soldatesque marocaine qui y est terrée, que par les communiqués quotidiens du ministère de la Défense nationale sahraoui en faisant état. La teneur de ces derniers, parce que des plus précis sur le déroulement des opérations menées par l’ALPS, ne laisse aucun doute sur la réalité que le Makhzen s’évertue à nier. Mais qu’il a de plus en plus de mal à occulter surtout que ces derniers jours la situation sur le terrain a connu une évolution notable marquée par l’aggravation des pertes, notamment humaines, subies par l’armée royale et l’intervention de son aviation. Jusqu’où ira l’entêtement du Makhzen à nier la réalité des faits, lui, qui s’échine, contre le bon sens, à présenter comme une “victoire diplomatique historique” une reconnaissance twettée, par Donald Trump, de l’illusoire marocanité du Sahara occidental?
Selon tous les observateurs impartiaux de la scène maghrébine, pas très loin. Et pour cause. Claironnée à longueur de journée par tous les médias, locaux et internationaux, qui lui sont acquis, cette “victoire” a toutes les chances d’être des plus éphémères. Et c’est là, le second fait qui atteste de l’évolution précitée de la situation dans un sens non prévu par le Makhzen. Outre son rejet de l’intérieur même des Etats-Unis et des rangs même du parti républicain, son propre parti, l’initiative de Donald Trump à reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental l’est également à l’échelle internationale.
Depuis son annonce, concomitamment avec celle de la normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste, celle-ci fait, en effet, l’objet d’un fort rejet de la part, à la fois, de l’ONU, de nombre pays, de personnalités, politiques et autres, de renom et d’organisations internationales activant dans le domaine des droits de l’Homme. Dans les deux cas, les réactions de rejet ont été motivées par l’attachement de ceux qui les ont exprimées à la légalité internationale que l’initiative en question a, selon eux, clairement et honteusement violée. Des motifs auxquels les nombreuses personnalités américaines – parmi lesquelles, les anciens émissaires onusiens pour le Sahara Occidental, James Baker et Christopher Ross, et l’éminent linguiste, Noam Chomsky – qui n’ont pas apprécié – et c’est peu dire – la décision de leur président sortant, ont ajouté, rejoignant en cela la position exprimée par Stephen Zunes, un universitaire de San Francisco, “l’atteinte à la réputation des Etats-Unis”. Une atteinte que les “opposants de l’intérieur” et ceux de “l’extérieur” – et ils sont chaque jour plus nombreux – souhaitent voir effacée par le 46ème président américain, Joe Biden, et ce, dès sa prise de fonctions officielle, le 20 janvier 2021…
Mourad Bendris
Dzair-tube, 19 déc 2020
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