Joseph Breham : « La réaction de la France dans l’affaire Pegasus est en phase avec son agenouillement face au Maroc »

Avocat français d’un chef du Polisario, Joseph Breham a été espionné par le Maroc entre septembre et décembre 2019. C’est ce que révèle Forbidden Stories, consortium international de journalistes

Par Nadia Henni-Moulaï 
PARIS, France
Alerté par la cellule investigations de Radio France, l’avocat parisien Joseph Breham a été victime d’espionnage entre septembre et décembre 2019. Spécialiste des droits de l’homme, il est ciblé par le Maroc pour sa défense de militants de la cause saharaouie.
Le puissant logiciel espion Pegasus, créé par la société israélienne NSO Group, se serait activé sur le téléphone portable de l’avocat grâce à trois iMessages envoyés, selon lui, à trois mois d’intervalle.
C’est ce que révèle l’examen de son portable par le Security Lab d’Amnesty International, membre du projet Pegasus. Cette vaste enquête menée par le consortium international de journalistes Forbidden Stories, dont Radio France fait partie, a provoqué une déflagration internationale.
En France, le Maroc, pays allié, est sous le feu des critiques. Le royaume multiplie les procédures en diffamation contre les médias du consortium.
Middle East Eye : Vous êtes l’avocat de Claude Mangin, épouse de Nâama Asfari, militant sahraoui condamné à 30 ans de prison en 2013 par un tribunal militaire de Rabat, et c’est à ce titre que vous avez été espionné. Pourriez-vous nous expliquer qui est Claude Mangin ?
Joseph Breham : Claude Mangin est une professeure d’histoire retraitée qui a épousé monsieur Nâama Asfari en 2003. Ils se sont rencontrés en France pendant qu’il faisait un doctorat à la Sorbonne. Nâama Asfari a la particularité d’être Sahraoui, c’est-à-dire membre du dernier peuple colonisé d’Afrique. En effet, il est né au Sahara occidental, qui est, selon la définition de l’ONU, « un territoire non autonome » colonisé par le Maroc depuis 1963.
MEE : La fameuse question du Sahara occidental au cœur des écoutes marocaines vis-à-vis de l’Algérie et même de la France…
JB : En ce qui me concerne, mais aussi Claude Mangin, Philippe Bouyssou, maire [communiste] d’Ivry-sur-Seine [dont le conseil municipal a délibéré le 30 juin d’une subvention en faveur des enfants sahraouis], et Bachir Oubi Bouchraya, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique [RASD], la réponse est oui. Je ne suis pas convaincu en revanche que ce soit le cas pour l’écoute d’Emmanuel Macron ou de journalistes marocains.
MEE : Au-delà de l’ampleur, en quoi cette affaire est-elle différente, voire plus grave, que la surveillance à grande échelle mise en place par la CIA et la NSA américaines et révélée par l’un de ses anciens informaticiens, Edward Snowden ?
JB : Pegasus, par rapport à Snowden et la NSA, c’est un étage de plus de la pyramide. L’affaire Snowden nous a montré que toutes les communications étaient interceptées ou interceptables. Pour se protéger de cela, on a vu dans les mois et les années suivantes le développement du cryptage. Il est toujours possible de capter des données mais celles-ci ne peuvent pas être lues directement. Il faut donc consacrer du temps et de l’argent pour les utiliser.
Le logiciel Pegasus – et d’autres d’ailleurs – infiltre directement les téléphones, non plus de la masse mais de personnes ciblées. Le logiciel va prendre le contrôle du téléphone. Qu’il y ait cryptage ou non de vos données, on s’en fiche puisque Pegasus va directement à la source pour obtenir vos informations. Plus inquiétant, on peut contrôler les infos que vous allez envoyer et en transmettre sans que vous n’ayez donné votre accord.
MEE : Cela signifie bien que des messageries telles que Telegram ou Signal, largement utilisées par des personnalités politiques, sont inutiles…
JB : Effectivement. Elles ne servent à rien contre des logiciels de type Pegasus.
MEE : « Si ces faits sont avérés, ils sont très graves », a déclaré l’Élysée. Jeudi dernier, le président Emmanuel Macron a réuni un conseil de défense exceptionnel à la suite de cette affaire. Malgré les investigations étayées de Forbidden Stories, le gouvernement joue la carte de la prudence. Que raconte la position de la France après ces révélations ?
JB : La position de la France est déplorable mais pas étonnante. Elle est parfaitement en phase avec l’agenouillement français dans le cadre des relations avec le Maroc. Sous Hassan II et à partir de François Mitterrand, il y a eu globalement une politique pensée et organisée par le Maroc pour créer de bonnes relations avec la France.
Cette stratégie s’est mise en place à plusieurs niveaux. La politique, ce que l’on a appelé la « mamouniasation » de la classe politique française [en référence à La Mamounia, mythique hôtel de luxe de Marrakech qui voit défiler des personnalités politiques françaises], de ses décideurs ou de chefs d’entreprise, consiste à les inviter, leur offrir des cadeaux voire assurer un financement de la vie politique française à un niveau assez conséquent.
Avec un but, s’assurer qu’en cas de nouvelle enquête type Notre ami le roi, les leaders français ne relaient pas le scandale énorme qu’avait provoqué ce livre de Gilles Perrault. Tout d’un coup, la population française s’était rendu compte qu’il n’y avait pas que Marrakech et les charmeurs de serpents. Le Maroc, c’était aussi les bagnes, les détentions secrètes et la torture.
D’ailleurs, à la suite de ce scandale, un certain nombre de prisonniers avaient été libérés. Pour avoir discuté avec certains d’entre eux, je peux vous dire que les conditions de détention étaient horribles.
MEE : Comment s’est opérée cette stratégie de séduction ?
JB : Il s’agissait de créer un mélange de liens institutionnels très forts et de liens personnels, voire de compromission, avec un certain nombre de membres de la classe dirigeante française. La politique de la « mamouniasation » s’est élargie à différentes personnalités du monde des arts, des lettres, du cinéma… Sous Jacques Chirac, cela a commencé à porter ses fruits et s’est perpétué avec tous les présidents suivants.
Je peux parler d’un exemple tiré de mon expérience d’avocat. En 2014, au nom d’un certain nombre de clients dont Claude Mangin et Nâama Asfari, nous déposons des plaintes pour torture contre différentes personnes dont Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGSN [Direction générale de la sûreté nationale, la police marocaine].
Dans le cadre de ces plaintes, j’indique à la juge d’instruction que M. Hammouchi, qui se trouve alors en France, va être interviewé dans les heures qui suivent à Neuilly-sur-Seine, par des journalistes. En temps normal, nous ne sommes jamais informés de la venue de M. Hammouchi sur le sol français. Il se déplace sous de faux noms. Je demande à la juge de saisir l’occasion pour l’interroger. Elle envoie alors une convocation à l’intéressé pour l’entendre dans le cadre des plaintes en question.
Non seulement Abdellatif Hammouchi ne viendra pas, mais le Maroc fera un énorme scandale à ce sujet. Les amis français du Maroc entrent dans la danse. Le Maroc suspend la convention judiciaire bilatérale avec la France.
MEE : En quoi cet épisode qui concerne Abdellatif Hammouchi, super flic du royaume accusé d’être à l’origine de l’espionnage marocain, éclaire-t-il cette affaire Pegasus et plus globalement les relations franco-marocaines ?
JB : Justement, la suspension de cet accord, qui comprend un volet pénal, montre que le Maroc ne veut plus collaborer. Le pays refuse alors de jouer le jeu. Surtout, la France conteste mollement et finit pas se coucher devant les autorités marocaines. Elle accepte un protocole d’accord modifiant la convention, dans un sens contraire au droit international pénal et à tous ses autres engagements internationaux dans ce domaine.
Ce protocole dit, en substance, que quand une infraction qui relève du droit français est commise à l’étranger (au Maroc en l’occurrence), la France doit vérifier si elle est recevable et ensuite renvoyer [le dossier] au Maroc. Quand on a des cas de torture – qui relèvent de la compétence universelle, selon laquelle il suffit que l’auteur ait mis un pied sur le sol français pour pouvoir déposer la plainte –, on doit renvoyer au Maroc pour faire jouer cette compétence. Je vous laisse imaginer à quel point les services secrets marocains ont envie de démontrer que leurs services torturent…
Pour vous donner un exemple très pratique, concernant le cas de Nâama Asafari, on a une décision du comité contre la torture des Nations unies qui incluait à l’époque un membre marocain. Ce comité a déclaré que le Maroc avait violé la convention onusienne contre la torture. Malgré les allégations de torture contre M. Asfari, le Maroc n’a mené aucune enquête sérieuse. Dans le cadre de ces obligations, le Maroc a considéré qu’il n’y avait rien et que tout cela était le produit de machinations.
MEE : Au-delà de la « mamouniasation » de la vie politique française, sur quoi repose ce rapport de force que le Maroc parvient à instaurer en France. Un rapport de force qui s’apparente aussi à du soft power, vecteur utilisé par bien d’autres États et dont on pourrait considérer que le Maroc aurait tort de se priver…
JB : Ce qui est certain est que la France est en perte de vitesse en Afrique subsaharienne. En même temps, le Maroc devient un des pays africains les plus importants. L’Algérie s’enfonce dans une situation complexe. La Tunisie n’est pas encore sortie des soubresauts de la « révolution du jasmin ». La Libye est ce qu’elle est avec la menace terroriste.
Par voie de conséquence, le Maroc est devenu le phare, actuellement, de cette région. Aux yeux de l’administration française, construire une relation à long terme n’est possible qu’avec le Maroc.
MEE : Dans l’ère post-Me Too, l’affaire Pegasus montre aussi l’enjeu de la vie privée. Omar Radi, journaliste marocain accusé de viol, en est un exemple. L’État marocain est-il coutumier de ces méthodes ? Je pense aussi à l’affaire Fouad Abdelmoumni, militant marocain des droits humains, dont des scènes intimes auraient été divulguées, par le pouvoir marocain selon lui…
JB : Il s’agit selon moi d’un point fondamental. L’État marocain exercerait une pression sur un certain nombre de décideurs français et françaises.
MEE : Est-ce que vous pensez à des affaires de mœurs ?
JB : C’est la méthode du kompromat [faire chanter ses ennemis avec des informations compromettantes]. Quand on détient le téléphone portable de quelqu’un, on sait tout de cette personne. Quand une personnalité loue une villa à Marrakech, vous savez si elle vient avec des amis jeunes ou non, si elle a perçu de l’argent ou non, etc.
Je pense que la France non seulement ne fera rien mais qu’elle fera tout pour que le Maroc s’en sorte. Un exemple ? Après le scandale de 2014, Hammouchi a été fait chevalier de la Légion d’honneur…
Par ailleurs, une note du ministère de la Justice a été envoyée pour dire que c’était inadmissible [que la justice] convoque des officiels d’un pays étranger. La première personne qui a reçu cette note est la doyenne des juges d’instruction de Paris… qui avait convoqué Abdellatif Hammouchi.
MEE : Outre les 41 pays clients dans l’affaire Pegasus, un État se trouve au cœur du scandale, Israël, du fait de l’entreprise NSO. La France est-elle un terrain de jeux pour Israël ?
JB : Ce que je peux dire et de ce que j’ai lu, c’est que les services [de renseignement] israéliens valident les pays [ayant droit d’être] utilisateurs du logiciel Pegasus. Israël est, a priori, une démocratie. Or, ce type de logiciels est le produit de démocraties.
C’est une course permanente entre ceux qui piratent et ceux qui protègent (globalement, Apple et Google, même s’ils ont de nombreux autres défauts). Il suffirait de limiter les milliers de petites mains qui sont derrière ces entreprises pour qu’elles perdent la course.
Ce qui revient à dire que ce sont des démocraties qui donnent à des dictatures la possibilité d’espionner leurs propres citoyens.
MEE : L’espionnage n’est pas une pratique inédite depuis les prémices de l’humanité. Mais aujourd’hui, on est dans une cyberguerre bien installée…
JB : On a mis un terme à l’utilisation des pires armes de guerre. Depuis, on vide les stocks. Avec la convention d’Oslo entrée en vigueur le 1er août 2010, les armes à sous-munitions sont interdites. On en utilise encore, par exemple au Yémen, mais ce sont de vieux stocks vendus dans les années 70. Le nombre de morts par sous-munitions, c’est-à-dire principalement des civils, a été divisé par dix.
Ce que l’on a réussi à faire pour la guerre classique, pourquoi ne le fait-on pas pour la cyberguerre ? Je pense que l’on est au tout début de ce processus. Les sociétés civiles ne s’en aperçoivent que maintenant. Les crimes de guerre par bombardements de masse, le monde a découvert cela pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la convention d’Olso ne date que de 2010…
MEE : Les sociétés civiles voient-elles la cyberguerre comme quelque chose de très abstrait alors même qu’elle aboutit à des assassinats ciblés comme pour le journaliste saoudien Jamal Khashoggi ?
JB : L’enseignement de cette affaire est que cet espionnage ciblé conduit à des accusations de viols complètement bidon, comme pour le journaliste marocain Omar Raddi, ou à des assassinats, tel, vous le rappelez, celui du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
La contestation vient souvent d’une poignée de leaders. Ces dictatures ont tout intérêt à les éliminer. C’est ce qui s’est passé en Arabie saoudite, au Maroc ou en Inde [où plus de 300 personnes ont potentiellement été espionnées au moyen de Pegasus].
Cet espionnage, ces accusations ou ces assassinats servent à museler toute contestation. Paradoxalement, le Maroc ne doit pas être mécontent de cette publicité. Ce scandale Pegasus permet de montrer que cet État a les moyens de cibler sa population.
MEE : L’affaire Pegasus soulève le rôle des réseaux sociaux qui sont, en fait, des outils de surveillance de masse, ce qu’ignore la majorité…
JB : Pour ce qui est de la majorité, je suis d’accord. Mais pour les militants, les opposants ou les journalistes, cela fait un bon moment que c’est intégré.
Quand je tweete, je le fais sous mon nom parce que je suis en France. En revanche, mes clients basés dans des pays dangereux le font sous des pseudonymes avec des VPN [réseau virtuel privé qui protège notamment contre l’espionnage et la censure] très compliqués. Je ne dis pas que c’est parfait, mais il y a eu une prise de conscience.
MEE : Parmi les pays très surveillés par le Maroc, l’Algérie. La question du Sahara occidental est-elle la raison principale de cette surveillance ?
JB : Il y a, d’abord, cette rivalité quasi historique entre les deux pays pour savoir qui va avoir le pouvoir sur le nord de l’Afrique, pour résumer. Ensuite, cette question du Sahara occidental qui est le cœur de la machine diplomatique du Maroc. On ne peut pas comprendre la diplomatie marocaine si l’on ne comprend pas que ce pays veut asseoir sa légitimité sur cette région.
MEE : Le Maroc semble prêt à tout pour consolider la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental par Donald Trump en décembre 2020 en échange de la normalisation des relations avec Israël. Nous l’avons vu avec l’épisode des migrants marocains, dont des mineurs, à Ceuta en mai dernier, le Maroc ayant souhaité faire payer à l’Espagne l’hospitalisation de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, pour des raisons humanitaires.
JB : Absolument. Ils ont quitté l’Union africaine à cause du Sahara occidental puis y sont revenus pour les mêmes raisons. Ils se sont rapprochés d’Israël, avec la normalisation, pour ce même motif et certainement pour NSO…
Si l’on observe tous leurs mouvements diplomatiques, on s’aperçoit que le Sahara occidental est le cœur de leur politique étrangère.
Qui sont leurs adversaires sur ce sujet ? On a la Mauritanie qui tente de ménager la chèvre et le chou, mais surtout l’Algérie, base arrière du Front Polisario et de la RASD. Sans l’Algérie, le territoire non colonisé du Sahara occidental serait inexistant. Ces composantes expliquent la surveillance massive de l’Algérie par le Maroc.
MEE : Vous avez annoncé déposer plainte. À la lumière de notre discussion, j’imagine que vous n’en attendez rien ?
JB : Au contraire. J’ai déposé ce que l’on appelle une communication devant le comité contre la torture des Nations unies. Il me semble que Claude Mangin et moi-même avons été espionnés en qualité de défenseurs de Nâama Asfari. J’espère que le comité va se saisir de cette affaire. Il a déjà condamné le Maroc par rapport à Asfari, et Claude Mangin subit des représailles du fait de la saisine de ce comité.
Le Maroc ne répond plus au comité depuis un certain temps, ce qui met à mal ses relations avec les Nations unies. Il est assimilé à un État de quatrième zone dont on a bien compris que c’était une dictature.
Ensuite, une plainte au pénal est prévue. Sur ces questions-là, le parquet est semi indépendant mais les juges le sont, eux, complètement.
MEE : Vous craignez pour votre sécurité ?
JB : Non.
MEE : Que répondez-vous à ceux qui dénoncent un Maroc « bashing » depuis l’éclatement de l’affaire ?
JB : Je suis d’accord, les journalistes stigmatisent le comportement du Maroc. La question est de savoir s’ils sont dans l’excès ou non. Selon le côté où l’on est, la perception change forcément. Pour savoir si c’est un acharnement gratuit ou non, il faut vérifier si Pegasus repose sur des mensonges ou des faits réels. Je n’ai pas de preuve qu’Abdellatif Hammouchi ait donné l’ordre de m’écouter.
Mais parmi les pays utilisateurs, cela pourrait être le Maroc, l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis. Parmi les articles sortis, les journalistes pointent la DGST [Direction générale de la surveillance du territoire, les renseignements marocains] plutôt que la DGED [Direction générale des études et de la documentation, créée en 1973. En charge du renseignement et du contre-espionnage, elle opère à l’extérieur du Maroc, contrairement à la DGST, tournée vers la surveillance du royaume. Rebaptisée en 2013, la DGST a succédé à la DST, Direction de la surveillance du territoire].
Si, en ce qui me concerne, on peut envisager qu’il y ait un doute, qu’en est-il de Claude Mangin ? Qui pourrait imaginer que l’Arabie saoudite s’intéresse aux activités de madame Mangin tout comme à celles d’Oubi Bouchraya, diplomate sahraoui ?
Concernant Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine, les tentatives d’écoute de cet élu suivent les incidents qui ont eu lieu lors d’un conseil municipal [le 30 juin] perturbé par des représentants marocains. Qui a intérêt à écouter [ces élus] ?
Peut-on dire que les journalistes s’acharnent ? Si l’on considère qu’un État ami de la France peut, sans que cela ne nécessite de discussions, espionner le président français et ses citoyens, alors oui, ils abusent. Si non, alors ils ne s’acharnent pas. Ils informent.
MEE : Pour finir, on sent certains Franco-Marocains pris dans un conflit de loyauté vis-à-vis de leur pays d’origine. Quel rôle peuvent-ils jouer pour apaiser la situation ?
JB : Je pense qu’il n’y a pas une diaspora mais plusieurs. Certains sont embrigadés, pris dans un affect, et se refusent à accepter le sens de ces révélations. Mais je suis un optimiste et j’espère que la majorité regardera les faits en face sans hurler avec les loups.
Cependant, tous les harcèlements que j’ai reçus proviennent de citoyens franco-marocains ou marocains. Pour moi, tout cela montre une certaine faillite de l’éducation française fondée sur le rationalisme. On voit bien que l’on est sorti de ce cadre. Voyez les débats sur la vaccination. Plus personne n’arrive à être audible en posant le débat de manière rationnelle.
Middle East Eye, 29/07/2021
Etiquettees : Pegasus, Espionnage, Maroc, Israël, NSO group, Algérie, #Pegasus #Maroc #Algérie #Israel
Visited 1 times, 1 visit(s) today

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*