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Pour clarifier ce point, nous allons citer deux exemples pédagogiques.
1- L’affaire Jeremy Corbyn
La très large élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique avec près de 60% des voix en 2015 a été suivie par une campagne médiatique « mainstream » ayant pour but de diaboliser sa personne et de lui ôter toute légitimité politique de premier plan.
Tout d’abord, ses positions pro-palestiniennes lui ont valu des attaques du lobby sioniste pour des allégations d’antisémitisme après son succès électoral. Quelques années plus tard, à l’approche des élections législatives de 2019, les accusations sont montées d’un cran, devenant plus incisives. Il n’était pas question qu’un socialiste « antisémite » soit logé au 10, Downing Street.
En plus de ces accusations fallacieuses, une autre affaire a été planifiée pour porter le coup de grâce à la possibilité que Corbyn puisse, un jour, occuper le fauteuil de Premier ministre britannique : sa « collusion » avec la Russie. Cette accusation, mêlée avec ce « sport » occidental communément appelé « Russia Bashing », allaient être, ni plus ni moins, un coup de grâce à ce projet.
À ce sujet, les journalistes d’investigation Ben Norton et Max Blumenthal écrivaient le 8 décembre 2019:
« À quelques jours des élections nationales britanniques du 12 décembre, les agences de renseignement britanniques et les organisations soutenues par le gouvernement américain ont intensifié leurs attaques contre Corbyn, empruntant des tactiques à l’hystérie américaine du Russiagate et faisant de grands efforts pour le présenter – sans aucune preuve substantielle – comme une supposée marionnette de l’ignoble Kremlin ».
Le journaliste Matt Kennard a, quant à lui, publié une enquête détaillée au titre très explicite : « Comment l’establishment militaire et du renseignement britannique s’efforce d’empêcher Jeremy Corbyn de devenir Premier ministre ».
Il y mentionna que des responsables de l’armée et du renseignement britanniques ont été à l’origine d’au moins 34 reportages majeurs publiés dans les médias nationaux présentant Jeremy Corbyn comme un danger pour la sécurité britannique.
Le 27 novembre 2019, en pleine campagne électorale, l’équipe de Jeremy Corbyn présenta un imposant dossier traitant de négociations secrètes entre le gouvernement conservateur de Boris Johnson et l’administration américaine dans le but de privatiser le National Health Service (NHS) britannique, démentant ainsi les promesses de son rival conservateur.
Moins d’une semaine plus tard, l’artillerie lourde fut sortie pour faire face à l’accusation.
Ben Wallace, le Secrétaire d’État à la Défense britannique, déclara que « Jeremy Corbyn a joué le rôle d'”idiot utile” pour le Kremlin en minant l’OTAN pendant des décennies et cela le rend inapte à être Premier ministre ».
Comme pour confirmer ses dires, le journal pro-conservateur The Daily Telegraph titrait à la Une « Le dossier de Corbyn pointe du doigt les Russes ».
The Guardian emboîta le pas en précisant que les documents de Corbyn ont été « mis en ligne par des affiches utilisant des méthodes russes ». D’autres médias comme The Daily Beast, la BBC ou le Washington Post reprirent également la nouvelle.
Ce n’est pas le « clonage » de cette information qui attire l’attention mais le fait que tous les médias se sont basés sur une et une seule source : Graphika et son directeur des recherches, Ben Nimmo. Tiens donc!
Extrait de l’article du Guardian :
« Ben Nimmo, le chef des enquêtes chez Graphika, a déclaré : “Ce que nous disons, c’est que les efforts initiaux pour amplifier la fuite du NHS ressemblent beaucoup aux techniques utilisées par Secondary Infektion dans le passé, une opération russe connue. Mais nous n’avons pas toutes les données qui nous permettent de prendre une décision finale dans cette affaire” ».
Une accusation aussi grave, reprise par des médias lourds et influents, basée sur une seule source et…du vent.
Ce qui fit dire à Norton et Blumenthal :
« Pas un seul article couvrant l’histoire n’a pris la peine d’informer les lecteurs qui était Nimmo, ni n’a offert de détails sur les puissantes forces étatiques derrière Graphika ».
Et d’ajouter :
« En fait, Nimmo n’est pas un expert en données ou un journaliste, mais un ancien attaché de presse de l’OTAN qui a précédemment travaillé pour l’usine de propagande secrète “Integrity Initiative”, qui était financée par le ministère britannique des Affaires étrangères et dédiée à engendrer des conflits avec la Russie ».
La suite de l’histoire vous la devinez certainement : Jeremy Corbyn a évidemment perdu les élections du 12 décembre 2019.
2- Le Russiagate
Le Russiagate est l’affaire politico-judiciaire qui a été invoquée pour qualifier les allégations d’ingérence de la Russie dans les élections présidentielles américaines de 2016. Un branle-bas de combat médiatique a été orchestré afin de démontrer que la défaite de Hillary Clinton n’était due qu’à une collusion entre l’équipe de Donald Trump et le Kremlin via une armée de trolls russes écumant les médias sociaux, en particulier Facebook et Twitter.
Comme on peut s’y attendre, la démonstration a été confiée à une équipe de l’Université d’Oxford et …la société Graphika. Cette dernière était représentée par son fondateur, John Kelly, et Camille François.
Le rapport, commandité en 2018 par l’«US Senate Select Committee on Intelligence » (SSCI) dont il a été question auparavant, confirme évidemment les allégations. On peut y lire :
« L’Agence russe de recherche Internet (IRA) a lancé une attaque prolongée contre les États-Unis en utilisant une propagande informatique pour désinformer et polariser les électeurs américains ».
« Les données sur l’IRA fournies au SSCI par les plateformes américaines de médias sociaux et Internet démontrent un effort soutenu pour manipuler le public américain et saper la démocratie. Avec des années d’expérience dans la manipulation de l’opinion publique en Russie, l’IRA a utilisé les principales plateformes de médias sociaux, notamment Facebook, Instagram et Twitter, pour cibler les électeurs américains et polariser les utilisateurs des médias sociaux américains ».
Une année plus tard, le rapport du procureur Robert Mueller, procureur spécial chargé d’enquêter sur les ingérences russes dans les élections présidentielles de 2016, était publié. La principale conclusion stipulait qu’il n’y a pas eu d’entente entre les membres de l’équipe de Trump et la Russie.
Le Monde diplomatique qualifia le Russiagate de « débâcle » et commenta le rapport ainsi :
« Les premiers éléments connus du Rapport Mueller représentent une défaite pour la fraction la plus modérée du parti démocrate, pour le parti de la guerre à la Russie, pour les médias. […] Enfin, ce rapport constitue une gifle spectaculaire pour la quasi-totalité des grands médias américains qui, depuis deux ans, avaient fait du « Russiagate » leur commerce à plein temps ».
Une gifle aussi à Graphika et ses « experts ».
La chasse aux sorcières s’est poursuivie jusqu’aux élections présidentielles américaines de 2020. Graphika produisit un autre rapport en septembre 2020 signé par, entre autres, Ben Nimmo et Camille François ciblant un site nommé PeaceData supposément financé par l’Agence russe de recherche Internet (IRA).
À ce sujet, le New York Times écrivit :
« Le groupe russe qui s’est immiscé dans l’élection présidentielle de 2016 est de retour, utilisant un réseau de faux comptes et un site Web conçu pour ressembler à un site d’information de gauche, ont déclaré mardi Facebook et Twitter. La campagne de désinformation menée par le groupe soutenu par le Kremlin, connu sous le nom d’Internet Research Agency, est la première preuve publique que l’agence essaie de répéter ses efforts d’il y a quatre ans et d’éloigner les électeurs du candidat démocrate à la présidentielle, Joseph R. Biden Jr., pour aider le président Trump ».
PeaceData a vivement réagi à ces accusations les qualifiant de calomnies et de mensonges.
En effet, certains observateurs perspicaces notèrent que, contrairement à ce qui était dit par Graphika et NYT, le site web PeaceData avait publié plusieurs articles critiquant durement Trump, dont un qui l’a qualifié de “instable et déséquilibré”. D’autre part, Graphika ne donna aucune preuve du financement du site par l’IRA dans son rapport.
Les comptes Facebook et Twitter de PeaceData ont évidemment été fermés sur la base du rapport de Graphika et de ses « experts », Ben Nimmo et Camille François.
Graphika et l’Algérie
Après avoir passé en revue l’imposant réseau de connexions politico-militaires dont dispose Graphika et ses « experts » ainsi que les « missions » de haut niveau dont ils ont été chargés, plusieurs questions viennent à l’esprit : Pourquoi l’Algérie? Pourquoi maintenant? Quel est le but recherché? Qui a commandé l’étude? Qui l’a financée? Et qui a collaboré avec eux pour leur fournir les détails nécessaires?
Tout d’abord, il faut reconnaître que si Graphika s’est intéressée à l’Algérie, c’est que ce pays représente un enjeu géostratégique important pour les États-Unis. Cela confirme ce qui a été avancé dans mes nombreux articles et mes récents livres sur le sujet.
Le timing est lui aussi important. En effet, comme le Hirak « frelaté » bat de l’aile, cette évidente ingérence dans la politique intérieure de l’Algérie cherche à créer une nouvelle agitation malsaine dans la vie politique du pays. En plus, il est quand même étrange que sa publication intervienne juste après le scandale Pegasus qui a ciblé l’Algérie. De victime, l’Algérie est présentée comme coupable par Graphika.
Pour tenter de répondre plus amplement aux questions, revenons au rapport de Graphika sur l’Algérie.
Le résumé du rapport donne le ton :
« Facebook a partagé un ensemble de comptes, de pages et de groupes avec Graphika pour une analyse plus approfondie avant de les supprimer de ses plateformes. Notre enquête a révélé un effort multiplateforme sur plusieurs années pour faire avancer les intérêts du président algérien Abdelmadjid Tebboune, depuis sa candidature à la présidentielle de 2019, jusqu’à un référendum constitutionnel l’année dernière et des élections législatives largement boycottées en juin. Cette activité s’est entrelacée avec une campagne soutenue de harcèlement et d’intimidation visant le mouvement de protestation du Hirak en Algérie, qui, au cours des deux dernières années, a rassemblé des milliers de personnes dans les rues du pays pour demander que l’élite dirigeante soit chassée et la fin de la corruption. Ces tentatives combinées pour manipuler, déformer et polariser la conversation politique en ligne en Algérie doivent être considérées dans le contexte de la répression signalée par le gouvernement contre les voix de l’opposition et de l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a contraint de nombreux Algériens à déplacer leurs manifestations en ligne ».
On en tire les conclusions suivantes :
Comme expliqué précédemment, Facebook travaille avec Graphika;
Les sites jugés « indésirables » sont supprimés sur recommandation de Graphika;
Graphika fait de la politique et non de l’analyse de réseaux;
La démarche constitutionnelle adoptée par l’État algérien pour sortir de l’impasse ne plait pas à Graphika;
Graphika supporte la politique du « Yetnahaw Gaa » prônée en particulier par les ongistes (formés et financés par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie), les islamawistes « offshore » et les makistes séparatistes;
Graphika se positionne contre les institutions de l’État algérien et soutient les groupes cités précédemment, dont deux sont considérés comme des organisations terroristes;
L’État algérien manipule l’information, mais aucun mot sur l’incommensurable manipulation des trois groupes cités;
Facebook (et les autres médias sociaux) autorise (encourage?) les manifestations en ligne pour ceux qui militent pour la phase de transition, mais ferme les comptes de ceux qui soutiennent la démarche constitutionnelle.
Passons maintenant à ce que Graphika appelle des preuves à ses allégations. Le rapport commence avec un article concernant Noureddine Boukrouh qui est commenté comme suit :
« Dans l’ensemble, les comptes et les pages identifiés par Facebook ont montré des signes clairs de coordination, ainsi que l’utilisation de fausses identités et d’autres pratiques trompeuses pour induire les utilisateurs en erreur. Dans une illustration particulièrement frappante en juin de cette année, 42 des pages identifiées ont publié la même photo avec des légendes identiques attaquant des opposants au gouvernement algérien. Beaucoup de ces pages se sont présentées comme des groupes pro-démocratie ou des médias indépendants »
Quel niveau d’analyse! Hercule Poirot en aurait perdu sa moustache!
Mensonge et inversion des rôles:
1- Graphika prétend que Noureddine Boukrouh a été qualifié de “fou” alors que c’est lui qui a traité le Président de la république algérienne de la sorte.
2- En plus, Graphika affirme qu’il s’agit d’une “attaque coordonnée contre un opposant” alors qu’il s’agit d’un de mes articles, publié sur mon site, en réponse au sien.
Il s’avère qu’il s’agit de MON article intitulé « Un goujat nommé Boukrouh » qui a été publié sur mon site avec la même photo, mais qui a aussi été repris par d’autres sites (site 1, site 2, site 3, etc.). Il est donc normal que des pages Facebook le reprennent comme c’est le cas de tous mes articles. Mon récent poème en hommage à Djamel Bensmaïl, par exemple, a été repris intégralement par des dizaines de pages. Où est le problème? Les réseaux sociaux ne servent-ils pas à cela? Ou alors c’est halal pour certains et haram pour d’autres?
Au-delà de cet aspect, ce qui attire l’attention, c’est la légende :
« Captures d’écran montrant la publication coordonnée d’une attaque décrivant la figure de l’opposition Noureddine Boukrouh comme « folle » peu de temps après avoir critiqué Tebboune ».
Il s’agit d’un pur mensonge! C’est M. Boukrouh qui a traité le président Abdelmadjid Tebboune de fou dans un post sur Facebook! En toute lettre dans le titre!
Question pour Graphika et Facebook : accuser fallacieusement un président en exercice de folie ne mérite pas la fermeture du compte de M. le « sain d’esprit »?
En plus de l’institution présidentielle, c’est l’institution militaire algérienne qui a été dénigrée, comme si ces mêmes institutions, aux États-Unis ou en Occident n’avaient pas le droit de s’exprimer sur l’état de la Nation. Comme tous les pays du monde, l’Algérie a ses institutions étatiques et s’exprime dans les médias qu’elles jugent adéquat à son message.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, le rapport de Graphika critique le droit à l’institution militaire de faire des reportages sur les « fake news » et de dénoncer les agissements de certains groupes qui menacent la sécurité et la souveraineté de l’Algérie.
Le rapport cite nommément « Karim Tabbou » (cité 3 fois), « Amir DZ » (cité 4 fois), « Rachad » (cité 4 fois), « Mohamed Larbi Zitout » (cité 5 fois) et Mourad Dhina.
« Les cibles clés depuis 2019 comprenaient : Karim Tabou – une figure de l’opposition qui a été arrêtée par la police algérienne en 2020 et 2021 ; Amir Boukhors (« Amir DZ »), un dissident anti-régime en France ; et deux co-fondateurs du groupe politique « Rachad » – Mohamed Larbi Zitout, qui vit en exil à Londres, et Mourad Dhina, qui vit en Suisse. En mars 2021, un tribunal algérien aurait émis des mandats d’arrêt contre Boukhors et Zitout pour “terrorisme” ».
Les « ténors autoproclamés du Hirak », en l’occurrence Mostefa Bouchachi, Zoubida Assoul et Karim Tabbou, sont aussi présentés comme des « critiques du régime algérien ».
Comme par hasard, toutes les personnes citées, sans aucune exception, collaborent ensemble tel qu’expliqué dans mon livre sur le Hirak et sont, bien évidemment, toutes pour la phase de transition.
Décidément, la vision de Graphika (et de ses commanditaires) est dichotomique : il y a des bons et des mauvais. Les bons sont ceux qu’elle nomme « les figures de l’opposition » et les mauvais sont les institutions étatiques, présidentielle et militaire.
Par contre, aucun mot n’est prononcé sur le nombre incalculable de comptes Facebook qui sont, directement ou indirectement, liés à ces « figures » et qui, nuit et jour, dénigrent ces mêmes institutions.
Pour plus de détails et pour comprendre le rôle de ces groupes qui ont surfé sur le Hirak algérien, le lecteur est invité à consulter mon interview sur le sujet.
Il faut dire que certains passages du rapport Graphika frôlent la dérision. Jugez-en.
« Les pages et les comptes du réseau ont constamment fait l’éloge de l’Armée nationale populaire algérienne (الجيش الوطني الشعبي الجزائري). Le réseau a amplifié des images d’exercices d’entraînement et d’autres événements, ainsi que des mèmes et des dessins animés pro-militaires, présentant tous l’armée algérienne comme des protecteurs forts et bien équipés du peuple algérien ».
Est-il donc interdit de faire l’éloge de l’armée de son pays? N’en déplaise à Graphika, l’institution militaire protège non seulement le peuple algérien, mais aussi l’intégrité et la souveraineté de son pays.
Encore une ineptie racontée dans le rapport : Graphika reproche à certaines pages d’avoir fait la promotion des élections législatives du 12 juin 2021. Mais qu’y a-t-il de mal à vouloir encourager les citoyens à accomplir leur devoir électoral? Pourquoi alors n’avoir rien dit sur ces « grands démocrates », vulgaires factotums de ces « figures de l’opposition » qui, à l’étranger, empêchaient violemment les personnes de voter? Il est clair que les informateurs « autochtones » ne leur ont pas raconté toute l’histoire aux « experts » de Graphika. Ou alors est-ce cette dernière qui a filtré les informations pour diaboliser les institutions étatiques algériennes et sanctifier cette « opposition » qui travaille à la destruction du pays avec la bénédiction de l’Oncle Sam et de l’OTAN?
Il faut le dire clairement : un travail scientifique crédible doit nécessairement analyser les activités des deux protagonistes et non faire preuve de cécité sélective en faveur de celui qu’on veut soutenir. Le rapport de Graphika montre une faiblesse méthodologique si flagrante que son soi-disant travail « scientifique » n’est en réalité que de la propagande pour un camp choisi, le même qui a été sélectionné par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie dans le but de réaliser un « regime change » en Algérie par le biais du soft power.
Graphika ne s’arrête pas là. Elle va jusqu’à consacrer une section sur le Maroc et la France intitulée « Maroc malveillant, France traîtresse ».
Elle y prétend que les médias de ces deux pays sont des bisounours et que l’Algérie les calomnie. Alors qu’elle attaque les chaines de télévision étatiques algériennes, Graphika présente France 24 comme une chaine inoffensive, ne précisant pas qu’il s’agit d’une des chaines étatiques françaises qui travaille directement avec le Quai d’Orsay et dont le rôle dans le Hirak a été très partial (pour ne pas dire hostile à l’Algérie) comme expliqué dans un de mes articles publié en 2019. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que son accréditation en Algérie lui a été retirée en juin 2021.
Quant au Maroc, son action belliqueuse et agressive sur les réseaux sociaux contre l’Algérie est passée, elle aussi, sous silence. Il faudrait peut-être rappeler à Graphika l’affaire Pegasus dont elle n’a, bien sûr, pas soufflé mot. Le Maroc n’a-t-il pas espionné 6000 personnes en Algérie, ou est-ce encore une « fake News » des institutions présidentielle ou militaire?
Il fallait s’y attendre. Mohamed Larbi Zitout, un des membres du mouvent Rachad cité dans le rapport Graphika, en a fait ses choux gras dans une de ses interminables logorrhées cyberspatiales.
Ce qui répond tout naturellement à l’importante question : Cui Bono?
Conclusion
Cette étude nous permet de tirer les conclusions suivantes :
La société Graphika est financée par des entités directement ou indirectement reliées à l’administration américaine, à l’administration britannique, à l’OTAN et à des organismes américains d’« exportation » de la démocratie;
La société Graphika ne fait pas d’études pour informer les citoyens. Elle ne s’intéresse qu’aux médias sociaux de pays ciblés par les États-Unis ou par certains pays membres de l’OTAN comme la Grande-Bretagne;
Ces dernières années, les principaux pays ciblés par les études de la société Graphika sont la Russie, la Chine et l’Iran.
Les études sur la Russie sont très nombreuses et très agressives, ce qui confirme l’influence de l’Atlantic Council, le think tank non officiel de l’OTAN;
La société Graphika possède des relations avec certains géants du Web, soit directement, soit à travers ses « experts »;
La société Graphika collabore directement avec Facebook et lui fournit la liste des pages à supprimer;
Ce faisant, Facebook n’est pas indépendante, mais se comporte comme une entreprise impliquée dans la mise en œuvre de la politique étrangère étasunienne et de l’OTAN (Ceci n’est pas nouveau : la collusion entre certains géants du Web et l’administration américaine a été longuement discutée dans mon livre « Arabesque$ » et certains de mes articles);
La société Graphika n’a pas étudié les médias sociaux algériens fortuitement. Le timing, le parti pris et les attaques frontales contre les institutions fondamentales de l’État algérien indiquent que cette étude a été commanditée par des groupes ou des états qui favorisent un « regime change » en Algérie et qui y travaillent;
Ce dernier point est évident à la lecture du rapport qui présente négativement les institutions étatiques algériennes et positivement ce qu’il appelle « les figures de l’opposition »;
Aucune étude n’a par contre été réalisée sur l’utilisation des médias sociaux par « les figures de l’opposition », ce qui enlève toute scientificité au rapport et en fait, par voie de conséquence, un pur outil de propagande contre l’Algérie;
Les relations entre certaines « figures de l’opposition » et l’administration américaine (explicitées dans mon livre sur la question) ayant été complètement occultées dans le rapport, on en déduit que Graphika joue un rôle analogue et complémentaire aux organismes américains d’« exportation » de la démocratie;
Ces trois derniers points indiquent que Graphika, ainsi que les diverses institutions (étatiques ou non) avec lesquelles elle collabore, supportent et soutiennent activement « les figures de l’opposition » contre l’État algérien;
Tout cela nous amène à conclure que Graphika est un outil de plus dans l’arsenal du soft power américain, spécialisé dans un nouveau « champ de bataille » qui n’est autre que le monde virtuel des médias sociaux.
Les actions menées de manière agressive par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie, combinées à celles des ONG droitdelhommistes ainsi que les attaques de la société Graphika montrent, de manière non équivoque, que l’Algérie est actuellement sous le feu nourri d’une guerre de quatrième génération.
Source : Afrique-Asie, 23/08/2021
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