Lecture contextualisée de la crise avec le royaume du Maroc

Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Algérie, ONU, Union Africaine,

Sur le dossier de la décolonisation du Sahara Occidental, le royaume du Maroc avait trois choix :
-celui de l’application des principes de l’OUA puis de la l’Union Africaine dont il est membre fondateur et signataire de toutes les conventions : respecter les frontières héritées du colonialisme pour éviter les conflits territoriaux innombrables, futiles, interminables, coûteux et fracturant à l’échelon continental. Il les a ignorés.
-celui du droit international et de l’action juridique devant les instances habilitées : aucune de ses instances n’a statué en faveur de la marocanité du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole.
– le royaume du Maroc a opté pour le coup de force (la marche verte), l’occupation et la marocanisation de ce territoire contre la légalité internationale. Il a bénéficié de trois catégories de soutien : celui des régimes africains autoritaires et impopulaires obtenu par la corruption d’Etat du Makhzen, celui de la coalition monarchique arabe dont nier l’existence est désormais faire preuve de myopie stratégique ou d’inconscience et celui des puissances mondiales dominantes, impérialistes, néo-colonialistes et suprématistes pour lesquels le droit et la morale constituent des fables pour enfants et qu’ilsmaquillent cyniquement par l’expression Real Politik.

L’Algérie n’a pas cédé à cette tentative de corruption du Droit, de l’Histoire, de la Charte de l’instance continentale suprême et des principes propres auxpeuples épris de liberté. Le Maroc a tout essayé pour lui faire renier ses principes, en vain.

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Il en est venu rapidement à la belligérance explicite et à l’action de déstabilisation directe, voire à la recherche de la confrontation militaire directe comme ce fût le cas lors des incidents d’Amgala. Pendant les années noires du terrorisme les dirigeants marocains ont encore clairement activé, diversement contre les intérêts nationaux algériens. Depuis ces dernières années, l’hostilité des dirigeant du Makhzen a augmenté d’un cran devant l’évolution de la situation interne, dont ils ont cru, à tort qu’elle représentait une aubaine de plus. Maintenant il semble que ces stratèges de l’aventurisme, du chantage et des deals corruptifs ont l’air de vouloir opter pour une autre confrontation directe, certainement limitée, une espèce de guerre des drones, un conflit relativement low coast qui installerait une situation de ni guerre ni paix, fatale pour l’équilibre de la région, pour sa stabilité, pour son économie, pour le développement social et humain de ses peuples, et pour les intérêts stratégiques régionaux et continentaux supérieurs. Mais de cela, le Makhzen n’en a cure : réussir son coup au Sahara Occidental, maintenir la famille royale au pouvoir en recourant aux alliances d’intérêt y compris celles qui nuisent aux intérêts de son peuple, c’est tout ce qui le motive et qui guide son action.

L’Ecole diplomatique algérienne, formée dans le combat libérateur, contre le colonialisme précisément, ne tombera pas dans ce piège néo féodal. Elle a observé la retenue, la patience, l’esprit de fraternité et de bon voisinage le temps qu’il a fallu. Elle saura maintenant apporter les réactions immédiates et les actions post-immédiates, légales, sages, constructives et pacifistes et fermes à cette belligérance que lui imposent les stratèges mal intentionnés du Makhzen.

Quant à la France, c’est un allié objectif, naturel et traditionnel de la famille royale marocaine mais jamais du peuple marocain.

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En effet, en plus du contentieux colonial et néocolonial, matériel et immatériel, que personne ne peux ignorer sans tomber la faute stratégique, en plus de la sordide Françafrique, il y a ses menées stratégiques néocoloniales au Sahel : elles sont considérablement gênées par les principes et par l’action de l’Algérie. Il convient également de tenir compte de la menace du projet Desertec sur son industrie électronucléaire, dispendieuse, lourdement toxique et anti-écologique. Il faut savoir que plus de 90 % de l’électricité produite en France est d’origine électronucléaire et constitue un axe d’investissement qui est loin d’avoir atteint ses ambitions d’expansion technologique et commerciale à l’international. Il y a le refus de l’Algérie de s’intégrer dans son approche conceptuelle et opérationnelle de la problématique duSahel en général, du Mali en particulier et de ses conséquences possibles sur sa mainmise sur l’Uranium du Niger. A ce titre il est instructif de savoir que le Niger, pays pourvoyeur de la quasitotalité de l’uranium de l’électronucléaire français est sous électrifié à près de 80%. La Françafrique c’est aussi cela.

Pour la France, soutenir la famille royale marocaine contre l’Algérie, jusque et y compris contre la légalité internationale, représente un fer au feu dans l’œuvre de déstabilisation tactique de l’Algérie pour tenter d’obtenir la pression qui pourrait l’amener à opter pour des postures plus favorables à ses intérêts de toutes sortes et de tous acabits. On peut toujours rêver…

Cela s’est vu à chaque fois que la pression hostile s’est accentuée contre nous. L’injonction ridicule de Mitterrand en 91, son embargo aérien, ses animateurs/ influenceurs du « qui tue qui », son hébergement, à l’époque, de têtes pensantes et agissantes du terrorisme ( la Fraternité Algérienne de France, agissait, à l’époque à partir de la France,, avant d’être neutralisée et ses activistes exilés dans un pays de la Françafrique), son hébergement actuel de groupes de conception et d’action contre l’Algérie, (que nommer serait leur accorder une importance qu’ils n’ont pas) ses attaques cycliques et en apparence (mais en apparence seulement), immotivées, bizarres et impromptues le prouve. Tout cela montre la toxicité intrinsèque des relations avec la France, ancienne puissance coloniale, qui n’arrive pas (mais le veut-elle seulement ?) à se débarrasser des atavismes coloniaux archaïques. Ces atavismes coloniaux qui empêchent ses dirigeants de concevoir les relations avec leurs anciennes colonies, devenues pourtant Etats souverains, en dehors cadre néocolonial gagnant-perdant en faveur de la France, cadre pervers et en tant que tel, fondamentalement destiné aux poubelles de l’histoire, au lieux et place d’un rapport gagnant- gagnant dont la confiance, le respect et la solidarité sont à la fois les assises juridiques et morales, les piliers du succès et une garantie de pérennité.

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Voilà ce qui lie la France et la​ famille royale marocaine. Voilà pourquoi le Maroc n’aurait jamais pu faire ce qu’elle a fait et ce qu’elle fait encore sans l’appui de cette France néocoloniale.

Au demeurant, la France s’indigne tactiquement pour « les atteintes aux droits de l’homme en Algérie » mais observe un silence clairement complice et parfaitement indéfendable, sinon par l’absurde, devant l’assassinat, au missile de trois paisibles routiers algériens (Allah yarhahoum), en territoiresous mandat de l’ONU.

La quatrième entité dont le soutien permet à la famille royale marocaine d’agir, ainsi contre la légalité internationale, n’est pas un adversaire de l’Algérie. De plus, l’Algérie ne la dérange en rien et a toujours fait tout ce qu’il faut pour que ses relations avec ses différents membres soient exemplaires : il s’agit de la Coalition de fait des monarchies arabes.

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Elle comprend, outre les pétromonarchies du Golfe, la Jordanie et le Maroc. Elle manifeste son existence à chaque fois qu’une monarchie arabe est en conflit avec une tierce partie, même arabe.

Objectivement, le silence de ses membres devant l’assassinat des trois camionneurs algériens pas l’armée marocaine est assourdissant et interpelle.

Leur alignement sur l’approche marocaine au Sahara Occidental, sur toutes les thèses marocaines à ce sujet est systématique et très discipliné.

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Leur soutien inconditionnel à la marocanisationillégale du Sahara Occidental est dénué de toute base légale. Il est systématiquement affirmé par leurs projets d’investissement sur ce territoire occupé, parleur soutien militaire actif promis au Maroc en cas d’attaque subie (par qui ?). Il l’est par ladomiciliation protocolaire et fortement symboliqued’activités consulaires sur ce même territoire, illégalement occupé et sous tutelle des Nations Unies. Il l’a été par leur soutien franc aux opérations militaires menées par le Maroc à El Guarguarat. Ce sont là, autant de faits concrets qui ne laissent aucun doute sur le soutien principiel et systématique à la famille royale régnant au Maroc

Pourquoi ?

On peut dire que les monarchies arabes en général, y compris le Maroc, se situent encore largement dans la forme de la monarchie absolue, au pouvoir sans limites réelles, celles de la Constitution étant globalement plus symbolique qu’autre chose. Dans ces monarchies arabes, le roi s’implique très largement dans la conduite des affaires de l’Etat. Cela a le désavantage de l’exposer directement à l’impact de l’exercice du pouvoir d’une part et aux mouvements sociaux revendicatifs d’autre part.

Ces monarques arabes ont donc deux soucis majeurs :le premier, majeur et vital est de conserver leur pouvoir absolu, maquillé en pouvoir constitutionnel. Le deuxième qui expose leur Autorité y compris royale, à l’usure du pouvoir et aux aléas de son exercice, par leur intervention forte dans la gouvernance nationale.

La conduite de cette gouvernance, s’exercera en priorité, au profit du roi et de la famille régnante, fût-ce au détriment du Peuple. Les grandes lignes de la stratégie monarchique panarabe se construiront aussi dans cet objectif absolu. Fût-ce contre les intérêts supérieurs Maghrébins, Arabes et/ou Islamiques. Les exemples foisonnent dans ce domaine. Les Conventions et autres Traités de défense commune obéiront également aux mêmes schémas prioritaires.

Il est significatif que les monarchies arabes se soient organisées entre elles et que le Makhzen reçoive l’appui des monarchies du Golfe, l’une auprès l’autre : elles défendent et défendront toujours, avec la dernière énergie, leur pouvoir royal et leur modèle d’organisation sociopolitique de monarchies absolues maquillées en monarchies Constitutionnelles. On a pu observer cette discipline de la Coalition monarchique arabe dans l’incident somme toutes mineurs avec le Liban et la réponse cinglante qui lui a été réservée.

A supposer que la Conseil de coopération du Golfe ait été érigé pour contenir la menace Iranienne et que la Syrie et le Yémen sont des alliés de l’Iran, que reproche-t-on à l’Algérie, connue et reconnue pour sa liberté totale de décision et pour son principe diplomatique cardinal de neutralité bienveillante et constructive dans les conflits entre pays frères, sinon la réalité de la solidarité structurelle et principielle de la Coalition monarchique arabe ?

Il est objectif et réaliste de relever que face à cette Coalition monarchique arabe de fait et à ses stratégies spécifiques, il n’existe aucune forme d’organisation contradictoire. Cela lui a laissé le champ libre, disposant de moyens colossaux mis au service des différentes familles régnantes.

Cela a généré sa domination quasi-totale sur la Ligue Arabe, auparavant force de résistance significative aux menées agressives contre le monde arabe et potentiel d’affirmation et de défense de ses intérêts stratégiques.

Progressivement conquise par la Coalition des monarchique, cette Ligue a été méthodiquement muselée, réduite au fonctionnement purement protocolaire et même utilisée contre certains de ses pays membres fondateurs, avant de probablement disparaître prochainement pour faire de la place à l’Etat d-Israël et aux institutions prévues par le projet américano sioniste du Nouveau Moyen Orient, qui commence à se dessiner avec la vague des normalisations et de la démarche dite des Accords d’Abraham.

Auparavant, l’onde de choc du « Printemps arabe », (plus proches d’un hiver arabe, en fait) a violemment impacté nombre de pays, exception faite de ceux de la Coalition monarchique. El Djazira, entre autres forces de frappes médiatiques liées à cette Coalition s’est transformée en plate forme médiatique opérationnelle d’encadrement des agitateurs, élevés, abusivement au rang de révolutionnaires ! Quel a été le résultat de cet « hiver arabe » en Tunisie, en Syrie, en Libye, en Egypte, au Soudan ?

L’Algérie a heureusement su éviter ce piège du plus sinistre des printemps, le mal nommé « printemps arabe ».

A suivre…

(*) Allaoua Bendif

Fils de Chahid

Docteur en psychologie Clinique

Enseignant universitaire à la retraite.

Auteur de : « Violences Algériennes», Koukou Editions. Octobre 2019

La patrie news, 06/11/2021

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