Les frères Azaitar incommodent le pouvoir au Maroc

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L’affichage de leur vie luxueuse sur les réseaux sociaux et sa proximité avec le monarque ont provoqué une campagne médiatique non officielle visant à ternir l’image des frères qui depuis quelques années partagent un palais et des vacances avec le roi alaouite.

L’amitié entre Mohamed VI et les frères Azaitar, qui est en train de révolutionner l’appareil du pouvoir au Maroc, remonte à des années. Du moins en a-t-on des preuves officielles depuis le 20 avril 2018, un mois après le début des rumeurs de divorce entre la monarque et Lalla Salma. C’est ainsi qu’Ignacio Cembrero le rapporte dans El Confidencial, qui rappelle que le roi du Maroc les a reçus en audience pour féliciter deux d’entre eux pour leurs succès dans les arts martiaux mixtes. Dès lors, ils prennent de l’importance au point de vivre dans un palais et de partager des vacances avec le monarque alaouite. Leur activité frénétique sur les réseaux sociaux et le malaise qu’elle génère auprès des autorités et responsables marocains les a placés sous les projecteurs.

Les trois frères Azaitar sont nés à Cologne (Allemagne), bien que leurs parents soient originaires d’Alhucemas. Ils s’appellent Abubakr, Omar et Ottman et deux d’entre eux ont un casier judiciaire. Depuis cette année, selon El Confidencial, douze autres membres de la famille Azaitar d’Allemagne vivent également dans le palais, dont les parents, avec un père qui remplace parfois même l’imam du palais pour l’appeler à la prière.

Telle est l’influence qu’exerceraient les frères dans la vie du palais que le tout-puissant appareil marocain tirerait ses ficelles pour faire connaître l’existence de cette amitié, pas entièrement acceptée . Le numérique marocain Hespress, l’un des plus lus du pays, a publié en mai 2021 les casiers judiciaires des frères.

« Arnaque, conduite sans permis, atteinte à l’intégrité physique, trafic de drogue, braquage, contrefaçon et résistance aux forces de l’ordre », a déclaré l’influent numérique Abou Bakr, l’un des frères les plus proches de Mohamed VI. Hespress est allé jusqu’à souligner que la conduite des Azaitars portait atteinte à la « crédibilité du pays ».

Son ostentation sur les réseaux sociaux a été principalement critiquée par les responsables marocains et la presse. À la fin de l’année dernière, un autre média numérique, Barlamane, a critiqué l’attitude des frères lorsqu’il s’agissait d’enfreindre les règles, rassemblant certains épisodes prétendument exécutés par l’Azaitar, des infractions au plan d’urbanisme au prétendu traitement de faveur avec la société de tacos qu’ils ont en passant par l’inhumation d’un proche des frères dans un cimetière de Tanger où ils sont soi-disant interdits depuis 2012.

Les critiques envers l’attitude des frères et leur proximité avec le roi du Maroc se sont accrues après le moment où ils sont venus représenter le monarque dans des actes officiels, comme l’événement à El Aaiún en 2019 , et sont partis en vacances des Seychelles pour l’estuaire de la Pointe Denis (Gabon), où le roi a une résidence.

Augmente la campagne de pression sur les Azaitar

Comme le révèle Ignacio Cembrero dans El Confidencial, ces critiques sont devenues une campagne coordonnée de discrédit des frères : leurs promoteurs seraient Fouad Ali el Himma, le principal conseiller royal, et Abdellatif Hammouchi, de la police conventionnelle et secrète (Direction générale du territoire Surveillance).

La stratégie viserait à ternir l’image des frères dans le monde des affaires, en s’attaquant à leurs entreprises. Ainsi, le numérique Barlamane assure que « les frères ont battu un record d’infractions urbaines » dans la zone du port de plaisance de Salé, où ils possèdent plusieurs restaurants.

Más allá de la presión mediática, Lhabi Mohamed Haji, un abogado de Tetuán que lidera una modesta asociación de derechos humanos, se desplazó la semana pasada a Rabat para poner una denuncia contra el gobernador de Castillejos ante el Tribunal Administrativo por permitir los desmanes urbanísticos en la côte.

Selon El Confidencial, Haji, qui exige l’annulation des permis accordés aux Azaitars, l’a fait dans une interview à Chouf TV, signe que son initiative a le soutien des services secrets.

Le journal Hespress est allé plus loin et a révélé que dans le lieu d’entraînement de l’Azaitar ils ont placé à côté du portrait de Mohamed VI, à sa droite, celui d’Abubakr Azaitar, à la place de feu le roi Hassan II « et, à gauche , « celle d’Ottman Azaitar, au lieu de celle du prince héritier Moulay Hassan. « Les frères Azaitar sont-ils devenus membres de la famille royale ? », s’interroge le journal.

« Il faudrait que leurs privilèges et leurs abus puissent être captés par les autres médias et qu’ils provoquent des enquêtes judiciaires et des mesures administratives », conclut Hespress, dans une allusion voilée ou un appel aux services secrets pour qu’ils agissent contre les frères proches de le roi Mohammed VI.

República de las ideas, 07/06/2022

Lire aussi : Maroc : Lalla Salma, espionnée via Pegasus puis assassinée?

#Maroc #MohammedVI #Azaitar


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