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Rabat, 15 juin (EFE) – Les prix de l’essence et du diesel ont de nouveau augmenté aujourd’hui au Maroc pour atteindre 1,70 euros le litre, une troisième hausse en quelques semaines, qui atteint des niveaux sans précédent et accentue la pression sur le secteur des transports, ont averti aujourd’hui plusieurs professionnels.
Selon Efe, les prix dans les différentes stations-service de Rabat variaient entre 15,63 et 15,65 dirhams le litre pour le diesel (jusqu’à 1,49 euros) et entre 17,76 et 17,80 dirhams pour l’essence (jusqu’à 1,70 euros), soit un dirham (0,09 euros) de plus qu’hier. Un pompiste a déclaré à Efe qu’une autre augmentation similaire est attendue mercredi prochain.
“Ce sont des hausses sans précédent”, a averti le secrétaire général de l’Organisation démocratique du transport multimodal et de la logistique (ODTL), Mustafa Chaoune, qui interviennent dans un contexte de hausse mondiale des prix des carburants en raison de l’invasion de l’Ukraine et rapprochent les prix dans le pays maghrébin du niveau européen, alors que sa richesse est le dixième de celle de l’Espagne.
Dans le cas du Maroc, les prix ont commencé à augmenter au début du mois de février, lorsque le diesel a dépassé 10 dirhams (0,95 euros) par litre et l’essence 12 (1,14 euros), soit une augmentation de plus de 50 % en quatre mois.
TRANSPORTEURS : AIDE INSUFFISANTE
Pour amortir l’impact de ces hausses sur le pouvoir d’achat des familles marocaines, le gouvernement a lancé en avril dernier une subvention directe allant de 1 000 à 7 000 dirhams par mois (entre 94 et 660 euros) pour 180 000 véhicules de transport professionnel. Cela représente environ 452 millions de dirhams (42 millions d’euros) par mois pour le gouvernement.
Le président de l’ODTL a déclaré à Efe que cette aide est insuffisante et a critiqué le fait que 40 % des professionnels du secteur ne l’ont pas reçue. Son organisation a envoyé aujourd’hui une lettre au président du gouvernement, Aziz Ajanuch, soulignant les obstacles rencontrés par les professionnels du transport pour accéder à ces subventions.
“Un grand nombre de sociétés de transport sont au bord de la faillite car elles ne peuvent pas faire face à la flambée des prix du carburant et de certains produits essentiels”, a-t-il déploré.
PARTICULIERS : PAS DE SUBVENTIONS
De son côté, le secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz, Houssein Yamani, a souligné à Efe que l’État dispose de mécanismes tels que la résurrection de la SAMIR (la seule raffinerie que possédait le Maroc et qui est placée depuis 2016 en liquidation judiciaire en raison des dettes élevées qu’elle accumule) ou la re-régulation provisoire des prix.
Dans le passé, les prix du carburant étaient subventionnés par l’État par le biais de la “caisse de compensation”, ce qui permettait aux Marocains de ne pas subir les hausses de prix internationales. Jusqu’en 2015, où le gouvernement dirigé par l’islamiste Abdelilah Benkirane a décidé de libéraliser le secteur.
Le gouvernement actuel a été catégorique en refusant de revenir à la subvention du prix du carburant pour les particuliers : “Le budget marocain ne permet pas de subventionner les hydrocarbures”, a déclaré la semaine dernière la ministre de l’économie Nadia Fettah devant le parlement.
Elle a souligné que les subventions aux transports avaient été approuvées parce qu’il s’agissait d’un “secteur horizontal et du principal consommateur de carburant”, ce qui, selon ses calculs, a eu un impact sur la réduction du niveau d’inflation (prévu à 4,5% cette année).
LA SUPPRESSION DES TAXES SUR L’ESSENCE, UNE SOLUTION ?
Le secrétaire général de l’Union nationale du pétrole et du gaz estime également que pour faire baisser la pression sur les prix, le gouvernement devrait supprimer les taxes sur ces carburants.
L’État prélève une taxe de consommation interne (environ 2,5 dirhams par litre) et une TVA (10 %) sur le prix de l’essence et du diesel.
Zakaria Garti, analyste financier et président du Mouvement Maan (ensemble), n’est pas d’accord, soulignant que la suspension des taxes sur les carburants aggravera le déficit budgétaire et privera l’État d’une source de revenus pouvant être utilisée pour subventionner d’autres produits de première nécessité.
Selon M. Garti, l’État tire environ 30 milliards de dirhams du carburant (environ 2,8 milliards d’euros), un montant similaire à celui que le gouvernement a dépensé cette année pour subventionner les prix du gaz butane, de la farine et du sucre, les produits les plus consommés dans le pays.
La solution, selon M. Garti, pourrait être de fixer un prix limite pour les carburants, une mesure prévue par la loi qui pourrait se faire en coordination avec le Conseil de la concurrence. EFE
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