Conflit Alger-Madrid: Paris et Berlin partagent le butin

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La France et l’Allemagne pressent la crise de l’Espagne avec l’Algérie au détriment de l’Europe
La crise du Sahara occidental sert à repositionner les deux grandes puissances européennes au Maghreb, qui profitent du boycott algérien de Madrid pour se partager le butin.

Eugenio García Gascón

Ce n’est un secret pour personne que la politique étrangère européenne est un désastre lorsqu’il s’agit de l’occupation israélienne, de l’Iran et de l’Afrique du Nord, et que cela est dû au fait que Berlin et Paris font passer leurs intérêts nationaux de clocher avant ceux de l’Europe dans son ensemble, dictant des politiques clairement anti-européennes que les autres membres d’un Club de plus en plus en crise doivent taire pour ne pas déplaire aux dirigeants allemands et français.

C’est le cas depuis des temps immémoriaux et ce sera le cas tant que Paris et Berlin maintiendront leurs positions cyniques et forceront leurs partenaires à sauter à travers des cerceaux, encore et encore, sans explication publique, bien que dans un langage non verbal clair et compréhensible. Un bon exemple en est les mouvements lugubres que l’on observe au Maghreb depuis un certain temps et qui deviennent particulièrement transparents aujourd’hui.

La grave erreur commise par le président Pedro Sánchez avec le Sahara occidental a donné le signal de départ pour que d’autres pays se précipitent pour prendre la place de l’Espagne. Ces dernières semaines, de nombreuses capitales européennes ont commencé à prendre position pour partager le gâteau algérien, et parmi elles, outre la voisine Rome, se trouvent Berlin et Paris, ce qui n’est pas une simple coïncidence.

Au lieu d’aider le partenaire espagnol à surmonter la crise avec l’Algérie, l’Allemagne et la France se sont lancées dans une chasse aux contrats que les entreprises espagnoles détenaient jusqu’à présent, signe que les deux grandes puissances mènent une politique de vautours. Les mêmes dirigeants qui font tout un foin lorsqu’ils parlent publiquement de l’unité de l’Europe profitent en fait effrontément d’une crise comme celle qui sévit en Espagne et en Algérie.

Cette crise est la preuve que l’Europe est sur la mauvaise voie, et peut servir d’avertissement non seulement aux partenaires les plus faibles, mais aussi à l’axe Paris-Berlin, pour leur dire que leurs ambitions sèment des mines dans la construction d’une Europe qui peut encore être nécessaire, mais que si l’on regarde la façon dont les choses évoluent, y compris les élections législatives françaises du week-end, il est raisonnable de penser que de profonds changements attendent le continent, parmi lesquels un effondrement ne peut être exclu.

Il ne faut pas ignorer que la chute de l’Europe est dans l’intérêt de grandes puissances telles que la Russie, les États-Unis et Israël, mais la partie la plus grave de l’équation est le comportement cynique de Paris et de Berlin, qui non seulement ne favorise pas une unité européenne progressiste et unie, mais aussi détricote un rêve qui a duré quelques décennies mais qui devient chaque jour plus flou et précaire.

La crise du Sahara occidental a provoqué un rapprochement entre l’Allemagne et la France et l’Algérie, mais aussi un certain rapprochement, encore trop vague, entre l’Espagne et le Maroc, un pays qui a solidement démontré, et continue de démontrer, qu’il n’est pas un partenaire fiable. C’est comme si Madrid avait vu que Paris et Berlin lui prenaient ses affaires en Algérie sans sourciller et qu’elle cherchait à les remplacer par des affaires marocaines.

Vendredi, le président Emmanuel Macron a téléphoné à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune précisément pour “développer les relations” entre les deux pays, étant entendu que ce sera principalement dans le domaine économique, étant donné la décision d’Alger de geler les relations avec l’Espagne. C’est un coup de poignard à Madrid, mais c’est aussi une réponse au jeu “suprémaciste” joué par Paris et Berlin, auquel les autres États européens doivent se plier sans protester.

L’Algérie conditionne son rapprochement avec Madrid au départ de Pedro Sánchez de la Moncloa, ce qui prendra encore du temps. L’Allemagne, la France et l’Italie ont donc un temps précieux devant elles pour supplanter les entreprises espagnoles, et c’est ce qu’elles font. Cela révèle que l’Europe est sur la mauvaise voie, surtout maintenant que les partis les plus extrêmes de droite et de gauche viennent de montrer les dents lors des élections françaises.

Paris tente de combler le vide de l’Espagne en Algérie au moment même où ses relations avec Rabat sont glaciales et où les visites de hauts responsables français et marocains dans l’autre pays sont depuis longtemps gelées. Macron n’a pas parlé à Mohammed VI au téléphone depuis près d’un an, et le roi du Maroc vient de se rendre à Paris pour une visite privée sans rencontrer le président français.

L’intérêt du Maroc

Selon le quotidien Al Quds al Arabi, cette situation explique pourquoi le Maroc souhaite relancer ses relations avec l’Espagne. Elle estime que la France ne s’est pas occupée de ses affaires pendant sa présidence de l’UE au premier semestre 2022. Mais il convient de souligner que Rabat n’a jamais été un partenaire fiable et que ses politiques ont fortement évolué d’un côté comme de l’autre lorsqu’il l’a jugé bon.

Une politique européenne unie aurait probablement permis d’éviter les problèmes avec le Maroc et l’Algérie, mais ni Paris ni Berlin n’ont montré le moindre intérêt à cet égard, orientant plutôt leurs actions en fonction des performances économiques nationales.

Pedro Sánchez semble en avoir pris note et renforce la coopération avec le Maroc, comme en témoigne l’achat de gaz naturel sur le marché international qui arrive à Huelva avant d’être acheminé vers le Maroc, qui a perdu le gaz algérien également à cause de l’imbroglio du Sahara occidental. Le contexte n’invite pas à l’optimisme à court, moyen et long terme.

Sans aucun signe de volonté de Paris et de Berlin de changer de direction, et avec des nuages noirs s’accumulant après chaque élection européenne, il est probable que tous les Européens finiront bientôt par payer un prix élevé pour les décisions de la France et de l’Allemagne.

Público, 21 juin 2022

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