Visite d’une délégation politique italienne au Maroc

Tags : Italie, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Qatargate, Moroccogate, gauche italienne,

29 mai au 3 juin

Eléments d’information et « Talking points »

La question de notre cause nationale a revêtu, pour la gauche italienne, depuis le déclenchement du conflit du Sahara, une valeur symbolique, dans la mesure où elle a été traitée par cette force politique comme étant l’emblème de sa lutte anticoloniale. Cette symbolique est renforcée par les rapports historiques instaurés entre le FLN algérien et les partis de cette mouvance politique, notamment le parti communiste, par l’entremise d’enrico Mattei, Fondateur de l’ENI, qui a été connu comme étant un fervent défenseur de l’indépendance algérienne. L’alignement de ces partis de gauche sur les thèses algériennes n’a pas changé depuis et est demeuré sans faille.

Il faut rappeler, à titre d’illustration, que le gouvernement PRODI (gauche) s’est prononcé en faveur du projet de résolution algérien, présenté à la IVème Commission et à l’Assemblée Générale de l’ONU, en 2006. Il a justifié cette position par « la nécessité de rappeler à la Communauté Internationale la persistance de ce conflit régional ».

Le bipolarisme politique italien, avec le rôle éminent de la démocratie chrétienne, qui a constamment prôné la neutralité dans l’affaire du Sahara, a permis au Gouvernement italien de préserver sur la durée une position d’équilibre, et de camper sur une posture de neutralité plutôt favorable à notre pays. Les gouvernements de droite ont à maintes reprises adopté des positions en faveur du Maroc à l’ONU.

La concession que le Gouvernement a faite à la gauche italienne a toujours été de laisser libre cours aux forces de gauche dans leur soutien au Polisario. C’est ce qui explique les opérations de jumelages entre les camps et les régions dominées par cette mouvance politique, le soutien aux programmes humanitaires destinés à Tindouf, l’accueil des enfants des camps pendant la période estivale et le soutien à la Conférence européenne des comités de coordination de solidarité avec le peuple sahraoui « EUCOCO », présidée par Pierre Galand.

L’autre concession consiste à donner libre cours aux parlementaires et aux sénateurs pour exprimer des positions et adopter des motions hostiles à la position du Maroc pour le règlement de cette question. Le summum de cette hostilité ayant été atteint en 2007 lorsque la Chambre des députés avait adopté une motion extrêmement hostile à l’endroit de notre pays.

La motion adoptée par le Senat le 3 Avril dernier, reste fidele à cette ligne politique traditionnelle de la gauche italienne sur le Sahara. Mais elle n’a et n’aura aucun impact sur la position de neutralité prônée par le Gouvernement italien.

Actuellement, avec le recul de la mouvance communiste, l’impact de la crise économique internationale et l’émergence de nouvelles données géopolitiques sur les plans régional et international, cet appui commence à s’affaiblir. Ceci dit, l’Italie demeure toujours une plateforme stratégique à partir de laquelle le Polisario mobilise ses soutiens européens. C’est ce qui explique le fait que Mohamed Sidati, s’est installé à Rome, d’où il déploie ses actions avec les soutiens italiens, qu’ils soient membres du Parlement Européen ou issus des nombreuses associations de soutien du polisario créées depuis les années 1980. Ceci explique également pourquoi l’Algérie fait transiter la plupart de son action de soutien par ses structures diplomatiques à Rome.

Ce background me semble utile pour comprendre la démarche de l’Ambassade du Royaume du Maroc à Rome par rapport au soutien que les adversaires de notre intégrité territoriale obtiennent de la part de certaines forces politiques italiennes.

Notre stratégie pour contrecarrer l’action de nos adversaires consiste à :

  1. Saisir la faiblesse de la gauche pour entamer une démarche visant à réduire le soutien apporté aux thèses des séparatistes.
  2. Continuer à dévoiler et à dénoncer les manœuvres et la propagande algérienne, notamment la manipulation des questions des droits de l’Homme et les questions humanitaires.
  3. Renforcer le courant de soutien à la proposition d’autonomie présentée par notre pays comme solution juste, équitable et crédible à ce conflit qui n’a que trop duré.

La visite de cette délégation parlementaire s’inscrit dans la réalisation de cette stratégie. Il nous semble d’y tenir un discours qui s’articulerait autour des points suivants :

  1. Les reformes entamées par le Maroc dans tous les domaines sont appliquées sur l’ensemble du territoire. Les populations des provinces du sud ont bénéficié de tous les acquis des droits de l’Homme et de démocratisation dont bénéficie le Maroc dans son plénitude.
  2. Le Maroc a été la seule partie à faire des propositions crédibles pour une solution à ce conflit qui n’a que trop duré. L’autre partie ne s’est jamais départie de ce qui est désormais un dogme : le referendum d’autodétermination. La Communauté Internationale a à maintes reprises mis en avant l’inapplicabilité de cette opération.
  3. Toutes les initiatives de l’autre partie, pilotées, inspirées et contrôlées par l’Algérie, n’ont d’autre but que de reculer l’échéance inéluctable d’une solution politique.
  4. Le Maroc était l’un des pionniers de la lutte anticoloniale en Afrique. Il a soutenu de nombreux mouvements de libération, y compris le FLN algérien. Le Maroc tient plus que quiconque à la liberté des peuples et à leur droit à l’autodétermination. La genèse du conflit du Sahara est totalement différente (la notion du peuple sahraoui a été créée de toute pièce par l’Algérie).

Le Maroc ne peut qu’être étonné de voir l’Italie se démarquer des autres pays européens et des grandes puissances mondiales dans sa perception de ce conflit et la solution politique qu’il requiert. Il ne peut que s’étonner de voir avec quelle facilité des données erronées, des analyses manipulées, arrivent à influencer une certaine opinion politique italienne, qui refuse tout dialogue avec le Maroc autour de la réalité des faits.A travers la visite que fait cette délégation, nous espérons convaincre, par des faits inattaquables, par des perceptions directs de l’état du territoire, que l’objectivité puisse enfin trouver sa place dans le débat.

  1. Les reformes menées par le Maroc sont des réformes de conviction d’un souverain et d’un peuple. Elles ont été adoptées et mises en œuvre selon des standards démocratiques reconnus par tous, y compris par l’Italie. Nous ne cherchons pas à donner des leçons à qui que ce soit, mais une chose demeure pour nous inacceptable : « les deux poids deux mesures » avec lequel nous sommes traités.
  2. L’application stricte des résolutions du Conseil de Sécurité, notamment sur le recensement des refugiés sahraouis, l’adhésion égale de tous les acteurs concernés par cette affaire, le principe de démocratie et des droits de l’Homme, mettra sans nul doute un terme à un conflit qui a hypothéqué le projet du Grand Maghreb
  3. En ne prônant pas une posture d’équidistance, l’Italie se prive et nous prive du rôle qui pourrait être le sien en favorisant l’émergence de la solution politique inéluctable. L’apport humanitaire tout a fait louable s’agissant de nos frères sahraouis, tel qu’apporté par les associations italiennes, fait paradoxalement durer le conflit et partant le calvaire que subissent les séquestrés de Tindouf.

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