Tags : Moroccogate, Qatargate, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Qatar, Marocleaks, Mohamed Belahrach, Fight Impunity, No peace without justice,
par Giuseppe Guastella
Trou dans la somme saisie auprès du MPE. Et la Grèce gèle les avoirs de la famille Kaili. La question de la maison à Cervinia
Antonio Panzeri et le mystère des 100 000 euros : vérification des comptes de ses contacts
Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc, avec Andrea Cozzolino et Antonio Panzeri
Les 007 belges entrent dans l’appartement de la luxueuse résidence bruxelloise en sachant qu’ils ont tout le temps de faire un travail minutieux. On est en juillet, Antonio Panzeri n’est pas prêt de rentrer de vacances. Ils bourrent les pièces de mouchards et commencent à compter jusqu’à 700 000, autant que le nombre d’euros en liquide qu’ils ont trouvé. Lorsque, moins de cinq mois plus tard, la police revient pour arrêter le fondateur de l’ONG Fight Impunity, 100 000 euros manquent à l’appel. Ce qui leur est arrivé est une question à laquelle le parquet de Milan pourrait bientôt s’intéresser.
Nous sommes le 7 décembre, à deux jours du blitz qui va fissurer l’image déjà précaire du Parlement européen avec l’arrestation d’Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, son assistant lorsqu’il était député européen du PD et de l’article 1 jusqu’en 2019 et qui travaille désormais pour Andrea Cozzolino (non mis en examen et suspendu du PD), et d’autres personnes auxquelles s’ajoute la dernière en date, la députée grecque Eva Kaili (jeudi l’audience sur son arrestation), l’une des 14 vice-présidents du Parlement, prise chez elle en flagrant délit après que son père ait été arrêté dans la rue avec un chariot contenant 600 000 euros en billets de banque. Il s’agissait d’un réseau de pots-de-vin, d’argent et de cadeaux du Qatar et du Maroc pour organiser des “interventions politiques auprès de membres du Parlement européen” dans le but d’améliorer la réputation des deux pays dans le débat sur les droits de l’homme. La première, pour le traitement des travailleurs sur les chantiers de la Coupe du monde, qui, selon certaines estimations, ont enregistré 6 500 morts blancs ; la seconde, pour la condition des immigrants qui traversent le Maroc depuis le Sahel pour rejoindre l’Europe et pour des visées expansionnistes au Sahara occidental.
Les enquêteurs ont établi des liens entre Panzeri, Giorgi, Cozzolino et l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoud, une personne active dans un centre d’études de Rabat à Bruxelles dans l’ombre duquel les services marocains opéreraient. Du Maroc, l’ONG aurait reçu des fonds bancaires et en espèces qui ont abouti à Panzeri (700 000 euros) et à Giorgi, qui a disculpé sa compagne Kaili, affirmant qu’elle ne savait rien et que les 750 000 euros trouvés dans la maison et dans le chariot étaient uniquement les siens. Hier, l’autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent a gelé les actifs de la famille Kaili, braquant également les projecteurs sur une société immobilière créée par la députée et son compagnon récemment dans un quartier branché et sur une ONG fondée en 2017 par sa sœur Matalen. Il s’agit d’Elontech qui, selon la presse grecque, a servi de véhicule pour attirer des programmes européens à hauteur de 15 millions d’euros, ce que l’avocat de la famille a démenti.
Revenons à la date du 7 décembre où la justice grecque a demandé au procureur adjoint Fabio De Pasquale, qui dirige le pool des affaires internationales du parquet de Milan, d’effectuer deux jours plus tard des perquisitions contre une longue liste de personnes liées à Panzeri et Giorgi et possédant des comptes courants et des avoirs en Italie. La demande fait précisément référence aux 700 000 euros en billets de banque comptés par le 007 dans la maison de Panzeri, dont, cependant, “seulement” 600 000 seront retrouvés. Sur la piste des 100 euros manquants pourrait se trouver le travail de De Pasquale, qui, au nom de ses collègues belges, a déjà perquisitionné la maison de Panzeri à Calusco D’Adda, où 17 mille euros ont été trouvés, et la maison de Giorgi à Abbiategrasso, où il y en avait 20 mille, ainsi que l’acquisition des comptes d’une personne liée à eux. Il s’agit notamment des assistants des députés européens dont les bureaux à Bruxelles ont été saisis après que M. Panzeri, dans le cadre de ses “activités d’ingérence” pour le compte du Qatar et du Maroc, aurait également donné de l’argent à ces personnes, argent dont il pourrait y avoir des traces sur leurs comptes.
Le juge d’instruction Michel Claise écrit aussi clairement qu’Antonio Panzeri “semble avoir développé et animé une organisation frauduleuse” avec des “actes criminels” de “nature complexe, organisée et répétitive”. L’enquête belge, précise Claise, avance avec des interrogatoires, des rapprochements, une recherche de documents et de fonds “objet de ce détournement” et pour démanteler “d’éventuels circuits de blanchiment”. Un réseau de personnes et d’argent sur lequel les procureurs milanais ne font peut-être pas seulement le travail pour le compte de la Belgique.
Parmi les enquêtes que la Guardia di Finanza a déjà effectuées, il y a l’achat d’une maison à Cervinia par Niccolò Figà Talamanca, le secrétaire de l’ONG No peace without justice qui a été arrêté le 9 décembre et assigné à résidence dimanche dernier avec l’obligation de porter un bracelet électronique. Il s’agit, comme l’écrit La Verità, de l’achat pour 210 mille euros d’un appartement de 90 mètres carrés en avril dernier chez un notaire de Chatillon (Aoste). Elle a été vendue par un couple de Lecco, et achetée par la société Nakaz development, créée en 2007, qui fait référence à Figà Talamanca.
Ce sont les magistrats bruxellois qui, soupçonnant qu’il s’agissait d’une opération de blanchiment des fonds arrivés chez Figà Talamanca en provenance du Qatar, ont demandé au procureur De Pasquale d’enquêter sur cette vente, dont la presse s’était fait l’écho dans les premiers jours de l’enquête belge. Les vérifications effectuées en Italie, indique une source qualifiée, ont déjà permis d’établir que l’argent utilisé pour l’achat aurait été effectué dans une période antérieure à celle sur laquelle travaillent les enquêteurs belges.
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Corriere Milano,18 décembre 2022
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