Crainte d’un Qatargate dans le football européen aussi

Tags : Europe, Qatargate, football, sport, sportwashing, Manchester United,

Le phénomène de “sportwashing” de la part d’Etats autoritaires et l’attitude des institutions européennes – inaction au mieux (UE), soumission et conformité au pire (UEFA), à l’occasion de l’intérêt (de 6 milliards d’euros) de la acquisition de Manchester United déclarée par la famille dirigeante du Qatar

Malgré la vague et le chaos du scandale europarlementaire du Qatargate, tant dans la périphérie (Italie et Grèce) qu’au centre (Bruxelles), les pays occidentaux n’hésitent pas à conclure des accords avec le Qatar, notamment dans le secteur de l’énergie. Alors comment a-t-on le droit de se plaindre de l’entrée des Qataris dans le football européen ? N’est-il pas hypocrite de demander au sport professionnel de faire ce que la politique ne fait pas ? Après tout, le souvenir de la… coupe du monde d’hiver est très vivant.

Le bruit dans les médias internationaux où se déroule la discussion pertinente concerne la dernière cible des Qataris, Manchester United. Qui la lorgne? Cheikh Jassim bin Hamad Al Thani, troisième fils de l’ancien émir du Qatar Hamad bin Khalifa Al Thani et frère de l’émir actuel. Selon les rumeurs, cet illustre fils présentera une seconde offre pour reprendre le club populaire du nord de l’Angleterre. La première offre, en février dernier, était astronomique (6 milliards de dollars) et a provoqué un choc sur l’île.

Ces fonds proviennent de la fondation Nine Two, dont le patrimoine est lié à la Qatar Islamic Bank (QIB), qui était détenue à 50% par le fonds souverain du Qatar appelé Qatari Investment Authority. Le président de la Banque islamique du Qatar est un autre fils de l’ancien émir, le même qui était aussi à la tête du fonds souverain. Et que le frère de Jassim, qui se trouve être l’actuel émir du Qatar, s’appelle Tamim bin Hamad Al Thani et possède déjà le Paris Saint-Germain. C’est juste les choses.

Paris étant considéré comme un “grand club”, cela a créé un problème pour l’UEFA car ses statuts interdisent aux clubs ayant le même propriétaire – en l’occurrence le Qatari – de participer à cette compétition interclubs. Des problèmes existent cependant dans la vie à résoudre : le Times de Londres a écrit que la confédération européenne de football est susceptible de contourner sa disposition particulière gênante. Aleksandar Ceferin, le président de l’UEFA, a cependant déclaré que le changement de règlement ne concernerait pas seulement United et les Sheikhs : “Nous avons cinq ou six propriétaires de clubs qui souhaitent également acheter un deuxième club. On verra ce qu’on fait…”

Des médias tels que Politico Europe et The Athletic se sont demandé si le nouvel investissement qatari dans le football anglais était souhaitable. Ils ont analysé les paramètres “fans”, “Glazers” (le propriétaire actuel) et “Sheikhs”, et ont décidé qu’il y avait une certaine inquiétude concernant la suite. Les défenseurs des droits LGBTI se sont mêlés au débat et il n’a pas fallu longtemps pour que les humeurs se déchaînent. Par exemple, les responsables d’Amnesty International UK ont déclaré qu’il était nécessaire de revoir les règles de propriété des clubs de la Premier League, car les critères des droits de l’homme doivent être respectés.

Et d’autres ont répondu, soulignant le rôle des politiciens européens dans la question. Ils ont dit qu’ils devraient s’inquiéter du phénomène de “sportwashing” par des représentants d’États autoritaires, car cela leur permet d’exercer une influence politique dangereuse en Europe. Corriere della Sera, qui a publié un certain nombre d’articles sur le sujet, a déclaré que se concentrer uniquement sur les cheikhs était une erreur. Ainsi, il a cité les opinions des autres, selon lesquelles les autoritaires européens profitent également du football, nommant le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et le président turc Recep Tayyip Erdogan. Bien sûr, et les Russes de Gazprom.

La question que le Corriere a fait sienne et qu’il a cosignée clôt son texte : “L’Europe peut-elle être crédible quand elle parle de l’importance de ses valeurs et de son autonomie stratégique, tout en étant indifférente à la conquête du sport le plus populaire sur son territoire par des cliques d’États autoritaires, dont l’un est même accusé de vouloir corrompre ses institutions démocratiques ?”

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